Lutte contre le crime organisé: l'Algérie accorde une importance au renforcement des dispositifs chargés de l'application de la loi    Dahleb préside la cérémonie de clôture du 3ème Salon international de l'environnement et des énergies renouvelables    Libye/inondations : 344 corps sans vie retirés par les équipes de la Protection civile algérienne à Derna    Les grandes recommandations «touristiques» de Benabderrahmane    M. Zitouni a entamé, hier vendredi une visite de travail en Ouganda    «Orienter la recherche pour trouver des solutions aux problèmes de l'économie nationale»    L'ambassadeur de France a quitté Niamey    Le couvre-feu réduit    Karabakh : L'ONU appelle les parties au conflit à respecter le droit humanitaire    Ligue 1 : L'Italien Gennaro Gattuso, nouvel entraîneur de l'Olympique de Marseille    CAN-2025 : retrait de la candidature algérienne A tout seigneur, tout honneur...    Mondial 2026 (Eliminatoires) : Algérie-Somalie au stade Nelson Mandela    Installation d'un nouveau directeur de wilaya de la Protection civile    Saisie de plus de 13.000 unités de feux d'artifice et de pétards    Mme Krikou préside une cérémonie au profit des pensionnaires des foyers des personnes âgées    Le montant de l'indemnisation des dommages fixé sur la base d'un rapport d'expertise    Le Comité africain se réunit à Alger    Le chanteur Ahmed Nezar n'est plus    Eterna Cadencia à Buenos Aires ou le refuge des lecteurs    Ligue des champions d'Afrique (2e tour préliminaire - retour) : CRB- Bo Rangers décalé à lundi    Energies renouvelables: les entreprises algériennes, déterminées à relever le défi du recyclage et de l'innovation aux niveaux local et international    Démantèlement d'un réseau criminel international versé dans le trafic de médicaments et de produits pharmaceutiques    Tiaret : décès du Moudjahid Mustapha Kaddour Cherif    Algérie-Italie: signature et échange de messages concernant l'accord d'extradition de criminels entre les deux pays    L'Algérie condamne dans "les termes les plus forts" l'attaque kamikaze perpétrée à Balouchistan au Pakistan    Armée sahraouie : nouvelles attaques contre les forces d'occupation marocaines à Amgala et Mahbes    Afreximbank : 40 milliards de dollars de financements pour développer le commerce et l'investissement en Afrique    Karaté-do: début des épreuves du Championnat d'Algérie à Oran    Batna: le chanteur Ahmed Nezar n'est plus    Mawlid Ennabaou: des célébrations dans une ambiance de piété et de spiritualité dans l'Ouest du pays    Le président de la FIFA félicite Walid Sadi pour son élection à la tête de la FAF    Le Comité africain des sociétés d'auteurs et compositeurs se réunit à Alger    Armée sahraouie : nouvelles attaques contre les positions des forces de l'occupant marocain dans les secteurs Mahbès et Aousserd    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit en audience le ministre italien de la Défense    Aïn Temouchent: 11 passeurs, dont 7 Marocains, arrêtés    Avis opposés    En attendant l'importation: Le poulet flambe    Organisation des CAN 2025 et 2027: L'Algérie retire sa candidature    Stade Rennais: Qui est derrière la mise à l'écart de Gouiri ?    Le rapporteur onusien spécial sur les droits à la liberté de réunion: «Une volonté du gouvernement algérien à solliciter l'expertise internationale»    Sidi Bel Abbès: Plus de 100 kg de viande blanche saisis    Tatouage et piercing    Rêver à un monde «meilleur»    Le Conseil de la nation participe à une réunion de l'Union parlementaire des Etats membres de l'OCI    Après deux mois d'intransigeance, la France contrainte de se retirer du Niger    Pour condamner l'atteinte aux symboles religieux et sacrés: L'Algérie appelle à «une clause d'urgence»    Le SG du MDN supervise la cérémonie d'ouverture de l'exercice «Chemex Afrique»    Communication: Laagab se réunit avec les responsables de la presse écrite    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« Contre l'amnésie, pour la justice »
Interdiction d'un colloque sur la mémoire et la réparation
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2009

Il était 9h lorsque les initiateurs de cette manifestation, accompagnés de leurs invités, des experts nationaux et internationaux, ont été accueillis au seuil de la maison des syndicats par les services de sécurité. Des policiers ayant reçu des instructions du wali d'Alger pour interdire la tenue du colloque à l'intérieur de cette enceinte.
Une bâtisse construite, tout récemment, pour abriter justement des conférences et des débats en tout genre. Pourquoi cette interdiction ? », se sont interrogés les représentants du collectif des associations. Le but de cette rencontre, expliquent-ils, n'est ni plus ni moins que d'exprimer notre rejet du déni de vérité. « Nous nous battons contre les autorités et contre l'islamisme, nous demandons à ce que justice soit faite, et laisser surtout les familles des victimes du terrorisme faire leur deuil », a lancé hier une participante à ce colloque. Cherifa Khedar, de l'association des victimes du terrorisme Djazaïrouna, a affirmé que cette manifestation est dédiée à la mémoire de toutes les victimes algériennes et regrette l'amnésie instaurée au niveau officiel. Preuve en est l'interdiction du colloque. Les autorités avaient avancé comme argument l'absence d'autorisation. Les services de la police ne voulaient rien entendre d'ailleurs. « Vous n'avez pas d'autorisation, donc vous ne pouvez pas tenir votre forum, c'est clair », ont-ils ressassé. Pourtant, toutes les activités qui se sont déroulées de par le passé, à l'intérieur de la maison des syndicats, n'avaient pas été autorisées par le wali. Pourquoi alors une autorisation pour un tel colloque ? « En quoi une telle manifestation dérange-t-elle les pouvoirs publics ? », se sont interrogés à l'unanimité les responsables et animateurs de cette rencontre, notamment les représentants des associations Djazaïrouna et Somoud, ceux du CFDA, de SOS disparus et de la Fédération euroméditérranéenne (FEMED). Néanmoins, cette situation n'a nullement découragé ni démobilisé ces ONG, qui ont décidé de contourner cet interdit en organisant le colloque au siège de SOS disparus. Plusieurs thèmes avaient été arrêtés, dont certains ont été traités et d'autres non en raison du manque de temps. Il s'agit, entre autres, de sujets portant sur « L'enjeu de la préservation de la mémoire dans la promotion et la protection des droits des victimes de la dernière décennie, la charte pour la réconciliation nationale », « Tentative de masquer crimes et criminels dans l'espace médiatique », « Perspective historique et sociologique de la mémoire en Algérie, « Avatars de la mémoire, entre amnésie et hypermnésie », « Mémoire et alerte sur les violations des droits de l'homme ».
L'historien et directeur de la revue Naqd, Daho Djerbal, a expliqué, dans sa conférence consacrée aux « Avatars de la mémoire en situation postcoloniale, entre amnésie et hypermnésie », que même si les actes héroïques sont glorifiés dans l'histoire officielle, dans le vécu de l'acteur (le porteur d'armes), la trace de la mort reste toujours dans la mémoire et même dans la conscience. M. Djerbal pense que quelles que soient les circonstances, il est impérativement important de s'inscrire dans une logique transcendante qui permettrait de surmonter l'acte et ses effets sur la conscience ; et seule la reconnaissance est censée jouer ce rôle. « Que se passe-t-il lorsque cette reconnaissance de la nation est oblitérée par l'oubli ? Que se passe-t-il quand la mémoire des luttes intestines et des purges en situation de guerre de libération s'efface ou quand un événement fortuit la ramène à la surface ? Juste mémoire ou juste oubli ? », s'est interrogé l'intervenant. Se voulant plus explicite par rapport à la question de la mémoire et de l'oubli, le conférencier a fait remarquer que pour gérer le mal, il ne faut pas seulement recourir à la thérapeutique. La question n'est pas une question d'amnésie ou de remise de parole, le problème, selon l'orateur, est éminemment politique. « Les gens qui sont touchés par le phénomène de disparition veulent connaître la vérité, ils réclament et veulent venir à la barre pour qu'ils puissent témoigner. Ils ont besoin de savoir ce qui est arrivé à leur proche afin de faire le deuil », a soutenu M. Djerbal, qui déclare, en s'appuyant sur l'interdiction du colloque lui-même, qu'« en séquestrant ces gens assoiffés d'expression, l'Etat applique la politique de l'expropriation de la société de sa propre histoire et ce, afin que l'on gardera en mémoire la version officielle de cette histoire ». Il a rappelé que ces personnes mènent en réalité une lutte pour s'approprier leur droit de s'exprimer et de rendre compte de ce qui s'est passé. A la question de savoir s'il y a possibilité d'une amnésie, d'un oubli sans justice, l'historien répond par la négative.
Il faut, selon lui, une justice au vu et au su de tout le monde. « L'auteur de l'acte doit avouer, la mise en parole concerne tout le monde, y compris la victime et le témoin de l'acte, car il est impossible à l'individu de pardonner à quelqu'un qui n'a pas été jugé », clarifie M. Djerbal. Parlant de la charte pour la réconciliation, El Kadi Ihcène est convaincu que cette charte qui balise ce qui s'est passé en Algérie a échoué après quatre ans de mise en œuvre. « A-t-on traité de la situation qui a engendré la violence ? Non, et aujourd'hui chaque catégorie sociale demande réparation. Il existe des familles qui refusent de vendre leur silence. Elles veulent dire en public ce qu'elles ont vu et vécu », fulmine El Kadi. Sur ce point, M. Djerbal croit qu'« en verrouillant la charte, l'Etat a édifié une muraille ». Lors des débats, les victimes de disparition ont, à l'unanimité, regretté que l'Etat en tant que système tente à chaque fois d'empêcher la société de réfléchir et de s'exprimer librement sur ce qu'elle a vécu et ce qui s'est réellement passé, que ce soit durant la révolution ou aujourd'hui.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.