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Le panaf, 2009, la fête et la politique : L'Algérie marque des points
Publié dans El Watan le 23 - 07 - 2009

Le 2e Festival panafricain a donc pris fin ce lundi sur un concert de Faudel et un magnifique tour de chant lyrique dont nous a gratifiés la cantatrice chaouie Houria Aïchi. Que dire en guise de bilan si l'on devait noter ce méga-festival ? Avant de l'aborder techniquement, l'événement, nous semble-t-il, gagnerait à être replacé d'emblée dans sa dimension politique.
Et dans ce chapitre, force est de constater que les gains engrangés par l'Algérie en termes d'image et d'audience à l'échelle pas seulement du continent mais du monde sont substantiels. Le pari d'exhumer de la mémoire collective le Panaf' quarante ans après le mythique festival de 1969 était, à première vue, difficile à tenir pour Bouteflika. En 1969, l'Algérie sortait à peine de son épique guerre d'indépendance et Alger était auréolée du prestige de la Révolution de Novembre qui était, pour le coup, son atout majeur et son plus grand capital symbolique. En 2009, l'Algérie sort exsangue d'une autre guerre, celle du terrorisme, et Alger n'a pas fini de panser ses blessures de la « décennie rouge », à telle enseigne qu'elle a encore du mal à se décliner sur les prospectus de tourisme comme une ville fréquentable et une destination qui vaut le détour. Au reste, l'Algérie de 2009 doit compter avec un environnement continental et régional où le rôle de leader lui est sérieusement contesté par d'autres capitales : Tripoli, Le Caire, Rabat, Pretoria… On connaît les prétentions libyennes pour ne citer qu'elles sur le continent et la guerre de leadership qui oppose Bouteflika à Kadhafi ; un Kadhafi qui n'hésite pas à afficher une politique africaine pour le moins agressive en s'affublant au passage du titre de « roi des rois d'Afrique » et en injectant sur le marché des sigles une nouvelle entité : « Les Etats-Unis d'Afrique », un projet jugé chimérique par Alger. Kadhafi le lui rend bien et boude le Panaf' alors qu'il est le président en exercice de l'Union africaine. Autre absence symptomatique : celle du Maroc. Motif invoqué pour justifier ce « boycott » qui ne dit pas son nom : le royaume chérifien ne fait pas partie de l'UA. On vous le disait : au-delà du panache, le Panaf' trahit bien moult calculs politico-diplomatiques.
Au sommet de la hiérarchie toujours : ce deuxième festival panafricain aura été traversé par quelques péripéties collatérales. A peine l'événement étrenné le 5 juillet, le président de la République perd sa mère. Son absence sera d'ailleurs remarquée à la cérémonie d'ouverture qui s'est tenue à la Coupole, ainsi qu'au sommet du G8 auquel il délègue son Premier ministre, Ahmed Ouyahia. C'est aussi au beau milieu du Panaf' que rebondit la polémique (par presse interposée côté algérien, avant la sortie de Zerhouni qui qualifie l'affaire de « théâtre kabuki ») sur les moines de Tibéhirine suite aux révélations d'un général français à la retraite. S'il n'y a à première vue aucun lien entre le festival et la guerre des mots entre Paris et Alger, il n'est pas anodin de relever que l'organisation d'un événement de cette taille permet à l'Algérie de marquer des points à l'international, en termes encore une fois d'image et de prestige.
Mami, le grand ratage
Mme Khalida Toumi, faisant une première appréciation du Panaf' sur les ondes de la Chaîne III, a estimé que « c'est un très grand succès pour l'Algérie et pour l'Afrique ». La ministre de la Culture avait souligné à plusieurs occasions auparavant que « la plus belle carte de visite d'un pays, c'est sa culture ». Pour la paraphraser, nous dirions que pour Bouteflika, ce second Panaf' aura été une excellente carte de visite et il l'a sans doute aussi pensé comme tel, en fin limier des rouages diplomatiques qu'il est. L'on aurait ainsi tort de confiner le festival exclusivement dans sa dimension culturelle, au sens étroit du terme. Si l'on y ajoutait la concordance de l'événement avec le troisième mandat de Bouteflika qu'il vient à peine d'entamer, l'on mesure la caution qu'il apporte à la politique présidentielle. Pour en arriver maintenant à l'aspect purement festif de la chose, il est indéniable que le Panaf' nous a fait du bien. Mobiliser autant d'artistes de toutes les disciplines, offrir aux Algériens la possibilité de se mettre à la page, question production africaine, que ce soit dans le cinéma, le théâtre, les arts plastiques ou la littérature ; apporter une offre aussi dense et intense sur le plan de l'animation
musicale avec, à la clé, des stars de renom (Salif Keïta, Youssou N'dour, Cesaria Evora, Manu Dibango, Mory Kanté, Ray Lema, Ismaël Lo…), faire venir des chanteurs et des musiciens algériens de la diaspora qui font le bonheur des plus grandes scènes internationales (Khaled, Amazigh Kateb, Karim Ziyad, Houria Aïchi, Safy Boutella, Djamel Laroussi, Samira Brahmia, cheb Bilal…) n'était pas gagné d'avance, surtout devant le scepticisme qui entourait ce festival, au tout début, quant à ses intentions et son management. Dans la foulée, notons cette grosse défection (déception) : celle de cheb Mami. Son procès tonitruant à Paris, suivi d'une condamnation sans appel à cinq ans de prison ferme, aura sonné la fin tragique de la carrière du « prince du raï » qui, sous ses dehors de « gendre idéal », s'est révélé être un fieffé manipulateur. Mais cela n'a pas gâché la fête, n'est-ce pas ? En témoignent les concerts qui ont enflammé toutes les places fortes de la capitale et autres villes de l'intérieur, conférant au Panaf' une dimension « panationale ». Alger s'est admirablement réconciliée, à l'occasion, avec la nuit, la paix et la gaieté, et les Algériens avec le verbe « sortir ».
Seins nus et yeux pleins
Au niveau populaire, le Panaf' a été diversement apprécié (lire le reportage de Ghania Lassal). La parade inaugurale a été émaillée, se souvient-on, par des incidents regrettables en fin de parcours. Certains se sont émus que parmi les animatrices du défilé du 4 juillet, des bouts de leur anatomie aient été exhibés. Mais le plus choquant surtout, ce sont les propos entendus çà et là dans la bouche de nombre de nos concitoyens qui se fendaient de commentaires malveillants, voire franchement racistes, où ils épiloguaient avec effroi sur cette « invasion de nigrous », comme ils disaient. Ce qui en dit long sur le travail qui reste à faire avant que les Algériens n'intègrent entièrement leur africanité refoulée, dans leur génotype et leur mental. Cette dimension « pédagogique » du Panaf' est à saluer en ce qu'elle a bousculé peu ou prou nos codes identitaires sclérosés et révélé des pans insoupçonnés de notre propre culture. Outre ces attitudes « afrophobes », une partie de l'opinion s'est longuement appesantie sur un autre aspect du Panaf', à savoir son coût.
D'aucuns se sont, en effet, indignés d'apprendre que l'opération a coûté à l'Etat la bagatelle de 8 milliards de dinars (78 millions d'euros). Mme Khalida Toumi leur a rétorqué sèchement en faisant remarquer que ce chiffre représentait à peine le budget d'un blockbuster hollywoodien. Nous ajouterions que cette somme est nettement inférieure au coût du transfert de Cristiano Ronaldo de Manchester United au Real Madrid (94 millions d'euros). Autre point à soulever : les couacs de l'organisation. S'il est vrai qu'ils sont quasi-inéluctables pour un événement de ce calibre, une foultitude d'anicroches auraient pu être évitées si la sous-traitance de certains segments avait été confiée aux bonnes personnes. Une carence que vient toutefois compenser une parfaite maîtrise sécuritaire de l'opération. Aucun attentat n'est venu casser l'ambiance, Dieu soit loué (touchons du bois) et pour toute menace terroriste, le seul fait qu'il convient de retenir est ce communiqué fumeux d'Al Qaïda au Maghreb qui fustige la présence chinoise en Algérie pour venger les musulmans ouïgours réprimés dans le sang à Xinjiang. L'on regrette, cela dit, le zèle affiché par certains agents de l'ordre en voulant par trop encadrer les jeunes aux abords des scènes destinées à accueillir les concerts en plein air. Alors, ce Panaf' 2009 : franc succès ou coup de pub mitigé ? Une chose est certaine : quinze jours durant, l'Algérie a fait corps avec l'Afrique. Il est temps maintenant qu'elle en épouse l'âme…


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