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Lettre d'un Africain perplexe à Barack Obama
Publié dans El Watan le 26 - 07 - 2010


Monsieur le Président,
Il se dit, depuis le sommet du G 8, que vous caressez le projet de recevoir en août, à Washington, 18 chefs d'Etat africains pour fêter les 50 ans d'indépendance de leurs pays. A entendre vos conseillers, vous verriez là l'occasion de «débattre de l'avenir avec ces jeunes dirigeants d'Afrique».
Croyez-nous, Monsieur le Président, aucun des peuples du continent, du Nil au mont Nyangani, des montagnes du Djurdjura au massif du Chaillu, du Rif au fleuve Ogooué, oui, aucun des peuples d'Afrique n'aurait manqué d'applaudir à cette généreuse initiative si, par bonheur, le pouvoir en Afrique était l'affaire de «jeunes dirigeants» soucieux de se projeter vers le futur. Mais l'Afrique n'est qu'un territoire de la tyrannie, fermé à l'alternance, interdit aux nouvelles générations, otage de vieux potentats grabataires et de quelques potentats en devenir, des messieurs qu'on ne présente plus. Une célèbre revue de New-York nous apprend même que sur les vingt-trois plus grands dictateurs de la planète, treize sont africains : Teodoro Obiang Nguema, Hosni Moubarak, Robert Mugabe, Omar el-Béchir, Issayas Afewerki, Mélès Zenawi, Mouammar Kaddafi, Idriss Déby…. Je ne vous apprends rien.
Ce sont ceux-là mêmes dont vous avez dit à Accra : «Le continent n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions». Ces hommes règnent par la terreur et la corruption. Ici, non plus, je ne vous apprends rien. Votre crédo d'Accra résonne encore dans nos oreilles : «Aucun pays ne peut créer de richesses si ses dirigeants s'enrichissent personnellement».
Mais alors, qu'attendre d'eux ?
Si vous recevez ces autocrates, Monsieur le Président, vous les laverez de leurs péchés et ils vivront cinquante autres années de votre absolution.
«Il faut leur parler», disent certains de vos conseillers. Voilà 50 ans que nos dirigeants font mine d'écouter. Voilà 50 ans qu'ils sèment le mensonge.
Vous diront-ils que, par leur faute, dans cette Afrique pillée, trahie, bâillonnée, les enfants, vieillis, se demandent toujours à quoi peut ressembler l'indépendance ? Voilà cinquante ans, Monsieur le Président, que les gamins naissent et grandissent dans l'intolérable différence entre les humains, dans un monde maudit, le monde du malheur de naître et de mourir prosterné, condamné à quémander un répit, un vrai souffle d'amour, un instant de dignité… Le monde que leurs pères croyaient avoir aboli. Vous savez ce qu'est ce monde, Monsieur le Président ? C'est le monde dont a triomphé Rosa Parks, la couturière de Montgomery qui refusa de céder sa place à un homme blanc dans un bus. Assez des lois raciales, assez de l'humiliation ! «That it was the very last time that i would ever ride in humiliation of this kind». Ce serait la dernière fois que je subirais une telle humiliation dans l'autobus. Le monde dont rêvait le révérend Martin Luther King devant le Lincoln Memorial à Washington, «I have a dream», la fin de la ségrégation raciale dans les écoles publiques et au travail, un monde sans distinction de race ni de couleur. Le monde qu'avaient promis les pères d'Afrique qui s'étaient soulevés à la même époque que Rosa Park, le front haut. «That it was the very last time that i would ever ride in humiliation». Ce monde qu'on attend toujours…
En un demi-siècle, l'Amérique a changé de couleur. Rosa Park a triomphé. Vous êtes là : Premier Noir élu président des Etats-Unis.
Après un demi-siècle, l'Afrique n'a toujours pas changé de pouvoir. Eux, ils sont toujours là.
La ségrégation raciale a abdiqué, mais pas les oligarchies d'Afrique.
C'est comme une malédiction. Songez, Monsieur le Président, qu'à votre naissance, en 1961, l'actuel président algérien, Abdelaziz Bouteflika, était déjà capitaine de l'Armée, chargé de fomenter le premier coup d'Etat de la future Algérie indépendante ; songez que deux ans plus tard, l'année du discours du révérend Martin Luther King, «I have a dream», M. Bouteflika était déjà ministre des Affaires étrangères,
Vous aviez 2 ans.
M. Bouteflika en avait 26.
Songez qu'au rétablissement des droits des Noirs, lors du «Civil Rights Act» et du «Voting Rights Act» sous la présidence de Lyndon B. Johnson, l'actuel président Bouteflika avait déjà provoqué son deuxième coup d'état contre Ahmed Ben Bella.
Vous aviez 4 ans.
M. Bouteflika en avait 28
Et songez qu'à votre investiture pour le Sénat, en 2004, il venait de réussir son troisième putsch contre son adversaire à la présidentielle, et qu'à votre victoire contre Mac Cain, le 4 novembre 2008, l'actuel président Bouteflika viola la Constitution pour rester au pouvoir.
Vous aviez 47 ans.
Premier Noir élu président des Etats-Unis.
Abdelaziz Bouteflika en avait 72.
Troisième dictateur le mieux élu dans le monde, juste derrière Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, (Guinée Equatoriale) et Noursoultan Nazarbaïev (Kazakhstan), mais devant Robert Mugabe (Zimbabwe) et Omar Hassan el-Béchir du Soudan.
Depuis, j'entends parfois mon compatriote se confier à la mer : « I have a dream…»
Si vous recevez M. Bouteflika, vous briserez ce rêve.
Si vous recevez M. Bouteflika, vous ferez pleurer nos Rosa Park.
Ecoutez plutôt l'Africain qui rêve et qui se bat.
Vous le savez, aujourd'hui, Monsieur le Président : on ne peut rien contre un homme qui rêve et qui se bat.
Lui seul saura vous raconter l'avenir.
Cet homme est dans les geôles des potentats, parfois en exil, souvent traqué, ignoré, mais vivant. Il représente les sociétés civiles de l'Afrique muette.
Ecoutez-le, Monsieur le Président.
Lui seul saura célébrer l'anniversaire des indépendances africaines.
Je vous prie de croire, monsieur le Président, à ma plus haute considération.


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