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Histoire. Colonialisme français : Les cendres du général Bigeard
Publié dans El Watan le 24 - 07 - 2010

Durant la guerre de Libération nationale, il a été un acteur-clé de la torture. Toute la haine accumulée en Indochine tout au long de ses campagnes militaires ponctuées par une humiliation s'est traduite par un comportement infamant dans un pays luttant pour une cause juste. Son seul fait d'armes connu en Algérie est la bataille d'Alger. Le «vainqueur de la bataille d'Alger», comme les historiens français se plaisent à l'appeler, a usé de techniques militaires dignes des méthodes nazies pour arriver à ses fins. Peut-on dans ce cas parler de bataille, lorsqu'on encercle La Casbah d'Alger par des unités parachutistes, qu'on maltraite des familles entières et qu'on assassine en toute impunité des civils.
La torture, appliquée à grande échelle dans ce pays, a trouvé en lui un élément central du système tortionnaire mis en place pour juguler le formidable soulèvement populaire pour la libération du pays.
Ces 10 dernières années, les langues se sont peu à peu déliées, les anciens tortionnaires atteints moralement se sont mis à dénoncer les crimes dont ils ont été témoins ou acteurs. Beaucoup d'historiens et de chercheurs neutres ont été unanimes à reconnaître que le général Bigeard, avec l'accord tacite de ses supérieurs, a fortement favorisé l'application systématique et à grande échelle de la torture durant la guerre de libération du pays. Durant cette guerre de libération, Henri Alleg, détenu en même temps que Maurice Audin, a réussi à publier clandestinement La Question, livre destiné à dénoncer la torture en Algérie. Ce livre lui a sauvé la vie, son co-détenu, Maurice Audin, sera assassiné le 21 juin 1957 par le lieutenant parachutiste Charbonnier.
Le devoir de mémoire envers tous ces martyrs tombés au champ d'honneur impose une dénonciation de ce genre de demande aussi symbolique soit-elle. Ce général n'a jamais exprimé le moindre remords ou regret, pire, lorsque le général tortionnaire Aussaresses a avoué être l'assassin de Larbi Ben Mhidi, il l'a appelé au téléphone pour lui dire «pourquoi as-tu ouvert ta gueule ?». Il a aussi déclaré en toute conscience que la torture en Algérie était un mal nécessaire. Le 7 janvier 1957, sur ordre de Robert Lacoste, Gouverneur de l'Algérie, le général Massu, commandant de la 10e Division parachutiste reçoit une ordonnance lui déléguant les pouvoirs de police dans le département d'Alger. Depuis cette date, avec l'assentiment de son chef Massu, Bigeard se lance dans ses méthodes d'interrogatoires brutales et inhumaines allant jusqu'à la disparition de corps dans un grand nombre de cas.
En mai 1958, le colonel Bigeard créera à Skikda (ex-Philippeville) un «centre d'entraînement à la guerre subversive» où la torture sera enseignée aux participants et futurs exécutants de son système tortionnaire.
Le général De La Bolardière fait part à ses supérieurs de son profond désaccord avec ces méthodes de torture, il est relevé de son commandement et sera condamné à la forteresse.
Dans son livre sur la torture en Algérie, Pierre Vidal Naquet cite la réponse de Bigeard à un ministre (probablement Max Lejeune) visitant son PC, qui l'a félicité des résultats remarquables obtenus dans son secteur, Bigeard répond : «Monsieur le ministre, vous pensez bien qu'on n'arrive pas à de tels résultats avec des procédés d'enfants de chœur». Ce à quoi il lui fut répondu de «veiller seulement à ce qu'il n'y ait pas trop de bavures !»
Un journaliste, cité par Pierre Vidal-Naquet, ayant travaillé en Algérie, raconte que De Gaulle, lors de sa visite du PC de Saïda, accompagné de son délégué général en Algérie, Paul Delouvrier, a pris à part Bigeard et lui aurait demandé de mettre fin à la pratique des tortures. De Gaulle aurait aussi déclaré à un groupe d'officiers : «Et maintenant, messieurs, faites en sorte que le téléphone serve à parler et non à faire
parler !»
Suite à une dénonciation, Larbi Ben Mhidi est arrêté par le capitaine Jacques Allaire, adjoint de Bigeard au 3e RPC. Le sort du regretté Larbi Mhidi s'est décidé lors de la concertation entre Massu, Bigeard et Allaire, avec l'accord de la hiérarchie militaire et des hommes politiques à la tête du pays. Ils voulaient sa disparition puisqu'il n'y avait aucune possibilité de le retourner ni de tirer la moindre information sur ses activités révolutionnaires. Son attitude digne les a impressionnés. Mais, ils ne voulaient pas que leurs noms soient directement associés à cette disparition. Durant la nuit du 3 au 4 mars, il est remis au sinistre commandant Aussaresses qui s'est chargé de cette basse besogne. Massu lui aurait déclaré à ce sujet : «Eh bien, occupez-vous-en. Faites pour le mieux. Je vous couvrirai.»
Toute la classe dirigeante était au courant de cette mort programmée, y compris le gouverneur Robert Lacoste. Max Lejeune, secrétaire d'état à la guerre, était tout à fait favorable à cette disparition.
Le mensonge gardé durant plusieurs décennies par ces hauts gradés est révoltant. L'histoire retiendra l'assassinat prémédité de cet illustre chef de la révolution algérienne par ces militaires français et la participation entière du général Bigeard. Il y a plusieurs années, il aurait déclaré à un journaliste algérien (Lotfi Maherzi) de Algérie Actualité qu'il l'aurait remis vivant à Aussaresses. C'était la seule vérité de cette histoire macabre. La révélation tardive de cet assassinat par ce dernier ne les honore nullement.
A propos du général Bigeard, le témoignage accablant du capitaine Pierre Alban Thomas, ancien résistant, en poste en Algérie depuis août 1954, mérite d'être cité(2). Une de ses grandes tâches est la pacification des populations isolées. Il a été témoin d'une opération montée par le colonel Bigeard dans le douar de Aïn Madjar, non loin d' El Milia. Cette opération qui a duré 2 mois a terrorisé la population, il prétendait avoir abattu 24 fellaghas. Vérification faite par le capitaine Thomas après le départ du colonel Bigeard, il s'agissait en fait de 24 malheureux fellahs innocents. Le témoignage du capitaine Thomas, qu'on ne peut mettre en doute, est révélateur de la cruauté et du peu de respect des populations affiché par Bigeard.
– [1] – Marcel Bigeard – De la brousse à la jungle, édition Hachette-Carrère, 1994.
– [2] – Patrick Rotman – L'ennemi intime, édition du seuil.


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