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Mustapha Nedjaï. entre velasquez, goya et picasso
A la confluence des expressions
Publié dans El Watan le 10 - 02 - 2005

L'œuvre picturale de Mustapha Nedjaï, que nous avions appelée dans une présentation antérieure (2001) La bleue évanescence onirique, ou la Guernica nedjaïenne, s'est déployée entre avril 1996 et les débuts du printemps 2000.
La belle exposition qui fut organisée à cette occasion à la citadelle d'Alger, en décembre 2002, a laissé une trace en un CD Rom, sous le titre fort suggestif : Mots et Maux. Cette œuvre picturale se caractérise par une originalité consciencieusement travaillée sur un double axe de déploiement. Une bonne partie des peintures investissent le plan de l'horizontalité comme pour se répandre et encercler un espace jusque-là enserré, cependant que l'autre partie prend d'assaut la verticalité comme revendication d'une érection pour éclater une chape d'enfermement, un couvercle d'étouffement, une chape de confinement. A regarder attentivement cette œuvre sur une trentaine de tableaux, on ne peut ne pas se rendre à l'évidence de déceler deux manières comportementaires qui structurent l'univers de Mustapha Nedjaï : la reptation et l'érection, la supplique et la revendication, la quête et la requête, la progression et la lévitation. La diversité des formes et des structures proposées confère à chaque œuvre une pertinence singulière, et peu importe la dimension de cette œuvre. Ce qui est proposé, ici, c'est un écheveau de codes iconiques et de codification esthétique qui imposent une impression précisée et affinée par le souci du détail. Ainsi, par exemple, en est-il du cas du tableau numéroté 32, lors de l'exposition à la citadelle qui propose une représentation d'un bovidé sur fond marron foncé avec un œil rouge sang mais qui dans le détail révèle un collage, avec des inscriptions qui assurent la jonction entre le haut du tableau plus clair en beige pâle et le bas du tableau occupé par la silhouette du bovidé, et dont le sombre s'accentue du marron foncé vers le noir jais. L'évocation de l'assassinat du journaliste (collage de papier journal en partie carbonisé) sacrifié en holocauste au monde des ténèbre évoqué par la traditionnelle immolation de la bête sur l'autel d'un homme saint ou d'un ermite sanctifié et devenu sanguinaire malgré lui, relie l'œuvre au réel et l'accroche à la conjoncture comme dans un musée des horreurs. Pour ce qui est du tableau numéroté 21, il semble représenter un vaisseau fantôme sortant furtivement et par touches imperceptibles d'une mer océane sur fond bleu nuit et traversant des ténèbres où voltigent des myriades de signes tels des chauves-souris. Ce bateau fantôme se révèle, à proximité d'un monde en émergence, un logo en gestation où le bleu nuit de l'univers ténébreux laisse entrevoir une kyrielle de constellations discursives en formation, un chaos de lettres en recherche d'agrégation pour donner naissance au langage et au sens.
Illusionnisme
Le cauchemar suggéré par le sacrifice du bovidé et le jeu illusionniste proposé par cette fantasmagorie marine, témoigne ,si besoin est de le souligner, d'une technique picturale maîtrisée avec une extrême finesse. Mais ce que révèle ce tableau c'est avant tout un univers où pointe le langage en gestation, une parole en ébullition, une écriture en reptation et en érection, dans un mouvement général en apparence chaotique fait de cunéiformes, de hiéroglyphes, d'ombres calligraphiques voire d'idéogrammes, une espèce d'océanographie symbolique appuyée lors de l'exposition ci-dessus mentionnée par des tableaux en graffitis (T1) ou encore en palimpsestes (T.14 et T.16), voire en inscriptions incertaines et anarchiques (T2, 5,11,13,18, 19, 20,21,22,23,24,25,27,29,33,34). Cette exposition de Mustapha Nedjaï va à la source du sens, à la première émergence chaotique de la phonie transcrite en graphèmes-symboles et tout cela dans une espèce de trou noir souligné par les couleurs sombres utilisées et par les indices référents du langage humain, du plus éclaté, signe isolé idéographique, au texte palimpseste collé à partir de morceaux de journaux et de coulées d'encre ou de sang, coulées aussi de blanc et de bleu telles des larmes d'eau et d'écumes, dans un choc frontal d'images très fortes, de couleurs autant vives que ternes, de contrastes fort violents. Du point de vue de l'ancrage spatial, nous sommes donc en présence d'un champ sémiologique et pictural qui est multidimensionnel. A la multitude des formes convoquées pour structurer un monde de sens et de cohérence avec des œuvres proprement picturales enserrées dans des tableaux ou en des toiles de diverses dimensions accompagnées de structures sculpturales sous forme de cônes, voire d'amulettes, rappelant toujours cette naissance du langage particulier comme les tablettes de rosace ou le bloc granitique du code du talion d'Hamourabi, suggérant la concomitante érection de la contrainte du tabou, du désordre de l'interdit, du flux du désir, du reflux de cette volonté d'être, ce souci d'exister, cette quête voire cette exigence de pérennité. Les textes de cette exposition, globalement mis sous le signe de l'enfantement douloureux du sens et sous celui de l'émergence disent le cri intense du langage en ses premiers balbutiements, ce cri fœtal.
Nedjaï Mustapha : Mots et maux, exposition picturale et sculpturale, décembre 2002, CD Rom, Alger.Par Mohamed Lakhdar Maougal


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