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La haine médiatisée
Publié dans El Watan le 06 - 11 - 2010

La relation de l'Algérie et de la France est complexe, contradictoire, émotionnelle, vu l'Histoire qui lie les deux pays. Les Français d'origine algérienne sont nombreux et présents à tous les niveaux de la société française. Ils s'expriment de plus en plus, ce qui est un point positif pour la démocratie. Parmi ces derniers, Chems-eddine Hafiz, réagit à un phénomène récent, en l'occurrence la banalisation du racisme au niveau des média par des chroniqueurs tels Eric Zemmour qui semble vouloir se faire un nom à partir de la haine des autres, à partir de lectures simplistes et binaires de l'histoire et, en particulier, de celle entre l'Algérie et la France. Certains dérapages médiatiques stigmatisent des segments de la société française, encourageant les stéréotypes, au point où cela devient problématique, voire inquiétant, car, sous couvert de neutralité et de liberté de parole, journalistes et politiques ne réagissent pas.
Les propos choquants d'Eric Zemmour sur les jeunes des banlieues qui, à ses yeux, sont tous délinquants, dealers et qu'ils sont tous, soit Noirs, soit Arabes, ont provoqué toutefois un tollé auprès des associations antiracistes, ce qui n'empêche pas ce dernier de récidiver sans cesse sur les ondes. Chems-eddine Hafiz, avocat (qui a débuté au Barreau d'Alger) et vice-président du Conseil français du culte musulman, représentant de la Grande Mosquée de Paris dans le cadre de cette institution, réagit en publiant un essai, De quoi Zemmour est devenu le nom, qui va au-delà de la colère et de l'indignation.
L'auteur exprime le refus des discours haineux en apportant la preuve du contraire de ce qu'exprime sans vergogne un Zemmour. En effet, Français d'origine algérienne, Chems-eddine Hafiz se donne le droit de remettre les pendules à l'heure par rapport aux inepties et aux inexactitudes proférées par ce chroniqueur. Cet ouvrage bien écrit et qui se lit aisément dépasse toutefois la polémique Zemmour. Il fournit, en effet, des informations vérifiées et apporte des clarifications et des rectifications aux certitudes «erronées» prononcées par un chroniqueur médiatisé qui parle de Barbares qui menaceraient la France, comme Rome le fût.
Ce genre d'affirmation mène au rejet de l'Autre. Le danger est que bon nombre de gens prennent pour argent comptant de tels discours discriminatoires. Hafiz rappelle qu'en temps de crise, le premier à blâmer est celui qui vient d'ailleurs, comme cela a d'ailleurs été le cas en France pour les Italiens, les Portugais et les Espagnols. Aujourd'hui, c'est au tour des Africains du Nord et du sud du Sahara et de communautés comme celle des Roms. Lorsque Zemmour déclare que «la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes», cet «idéologue au petit pied», comme le qualifie Chems-eddine Hafiz, stigmatise la jeunesse des banlieues qui a déjà du mal à trouver sa place dans un système social sélectif et injuste, malgré le discours positif de l'école républicaine.
Habitué des prétoires et des procès, l'auteur démontre que le crime est essentiellement sociologique et non ethnique, et que les statistiques montrent tout à fait le contraire de la déclaration de Zemmour qui relève de son fantasme idéologique. En effet, au lieu de crier à la non-assimilation de ces immigrés devenus Français, au lieu de jeter l'anathème sur ces laissés-pour-compte qui ne veulent pas s'intégrer selon ses dires, Zemmour serait bien inspiré de porter plutôt un regard critique du côté d'une certaine politique de l'habitat, d'un ségrégationnisme urbain et de la non-acceptation de l'Autre.
Hafiz démontre que ce problème humain n'est qu'une «banale histoire d'insertion» et non le fait de ces immigrés, ramenés en France dans les années 1960, 1970 et19 80 pour construire la France. L'ouvrage démontre que certains commentateurs haineux ne veulent pas voir ceux qui réussissent, comme l'auteur lui-même, qui est d'origine algérienne, musulman, avocat et respectueux des règles républicaines. Cette immigration qui réussit est désespérément hors champ médiatique, mis à part Zineddine Zidane et une poignée d'individus.
Chems-eddine Hafiz affirme qu'il est temps de cesser de tenir les jeunes délinquants des banlieues comme les représentants de leur communauté. Il est impératif de déplacer le projecteur vers le très grand nombre de médecins, d'avocats, de professeurs, d'élus qui sont les enfants d'immigrés algériens et d'autres pays comme le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, etc. L'autre aspect délétère du discours de Zemmour réside dans son interprétation de l'histoire de l'Algérie et de la France. Lors de la sortie du film Hors-la-Loi, n'a-t-il pas qualifié les massacres de Sétif de 1945 de simples émeutes ? Ceci relève d'une réécriture fallacieuse de l'histoire par un «non-historien».
Hafiz rappelle les chiffres officiels donnés par les véritables historiens, de part et d'autre de la Méditerranée, en particulier ceux de Benjamain Stora, et en citant deux ambassadeurs de France en Algérie qui ont parlé de «tragédie inexcusable» et de «très lourde responsabilité des autorités françaises de l'époque». L'Algérien n'est pas rancunier, il est responsable et hospitalier et il est celui qui connaît le mieux la France en raison de l'histoire entre les deux pays. Aujourd'hui, au lieu d'attiser la haine, de confondre Islam et intégrisme dans un but de division, d'encourager une guerre de civilisation qui n'a pas lieu d'être comme le démontre l'auteur, d'opposer Juifs et Arabes, de stigmatiser les jeunes des banlieues, comme Zemmour s'entête à le faire, il est temps plutôt d'apaiser la société française qui est multiculturelle et républicaine, ne lui en déplaise.
De tels propos haineux devraient cesser car si ghetto il y a, ils sont d'ordre socio-économiques et non ethniques ou religieux, comme l'affirme et le montre Chems-eddine Hafiz dans cet ouvrage qui tend la main pour de meilleures relations Nord/Sud, Occident/Orient et surtout pour plus d'échanges positifs entre l'Algérie et la France. En «faisant taire les nostalgiques», en multipliant les paroles de tolérance, les deux pays, qui se connaissent si bien, y gagneront.
Chems-Eddine Hafiz, «De quoi Zemmour est devenu le nom», Ed. du Moment, Paris, octobre 2010,
127 p.


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