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La botanique du bonheur
Publié dans El Watan le 29 - 01 - 2011

L'oasis de Kenadsa, proche de Béchar, continue de nous surprendre par sa richesse intellectuelle. Après Malika Mokadem et Yasmina Khadra qui en sont originaires, voilà aussi Pierre Rabhi que l'on peut définir comme penseur et expert en agroécologie. Il est l'auteur de six ouvrages dont le dernier est intitulé Vers la sobriété heureuse.
Il ne cesse de sillonner la France et le monde pour inciter les gens à consommer autrement et à devenir autonomes par rapport à l'agressivité de la société de consommation. La publicité sous la plume de Pierre Rabhi est présentée comme le mal absolu, déployant des trésors de filouteries pour nous faire consommer plus et créer chez l'être humain des besoins nouveaux dont il peut bien se passer. Un discours qui rencontre de plus en plus d'adeptes qui veulent agir sur leur quotidien par des actions concrètes et sortir du confort du constat. Son expérience pionnière, qu'il partage avec son lectorat, a commencé en Ardèche, le pays de feu le chanteur Jean Ferrat, où il a acquis un terrain à construire et à cultiver. Refusant d'emblée certaines commodités polluantes et portant préjudice à la nature, il réussit son pari de faire de ce lieu désert une oasis.
Pétri d'humanisme, Pierre Fréha veut partager cette réussite avec les autres. C'est ainsi que son savoir-faire devient d'utilité publique sur tous les continents, notamment en Afrique. Il va instruire les populations locales qui luttent avec des moyens rudimentaires pour survivre aux aléas du climat et de la gabegie politique sur la manière d'accéder à l'autosuffisance alimentaire et de sauvegarder leur patrimoine nourricier.
Son savoir est reconnu mondialement et les institutions internationales en charge de l'agriculture, de l'alimentation ou de l'écologie le considèrent comme un spécialiste. Il met aussi ses connaissances théoriques, mais surtout pratiques, à la disposition des enfants des écoles car ils sont les héritiers futurs de notre belle planète. Le concept de l'école de la ferme des enfants consiste à aider les nouvelles générations à vivre ensemble dans le respect, tout en découvrant les problèmes écologiques qui se posent avec beaucoup d'acuité. Ensuite, pour passer de la théorie à la pratique, les enfants sont invités à se connecter à la terre et réaliser ce qu'il appelle «une activité vivrière biologique».
Lors des rencontres qu'il organise avec les citoyens, Pierre Rabhi, féru de philosophie grecque et passionné par la cosmogonie de la tribu indienne des Sioux, s'insurge contre certaines habitudes langagières qui accentuent la déprime humaine. Il cite l'exemple de la langue française qui recèle de meilleures ressources lexicales mais qui est poussée à s'enfermer dans une rhétorique carcérale. Ainsi, quand les locuteurs parlent de travailler, ils disent : «Je travaille dans une grande boîte ou dans une petite boîte.» Ici, pour lui, l'être humain ne se réalise pas et le travail ressemble à une aliénation. Et cela continue quand on affirme par exemple «j'ai une caisse», pour parler de la possession d'une voiture ou encore, pour s'amuser, dire «je vais en boîte», avant de finir dans une boîte à sa mort. Cette insurrection linguistique faite permettrait d'introduire la joie chez les êtres humains. Pierre Rabhi, avec des mots simples et des idées pertinentes, redonne espoir dans un monde broyé par la pensée unique.
Né en 1938, fils d'un forgeron de Kenadsa, Pierre Rabhi, orphelin à l'âge de cinq ans, a été adopté par un couple d'Européens. En 1960, il devient ouvrier dans une usine de banlieue à Paris. La même année, avec sa femme, il s'installe en Ardèche et devient alors ouvrier agricole. Déjà, il remet en cause les modes d'exploitation de la terre. Il découvre alors l'agriculture biologique et écologique qu'il applique et développe dans la petite ferme qu'il a acquise en 1972 sur une terre aride et rocailleuse. Parfait modèle de l'autodidacte talentueux, il devient chargé de formation en agroécologie auprès du CEFRA (Centre d'études et de formation rurale appliquées). Dès 1981, il a commencé à transmettre son expérience en France, en Europe et en Afrique. Sa réputation prend une dimension internationale, et, en 1988, il est reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification, y compris par les Nations-unies, à telle enseigne qu'il participe à l'élaboration de la Convention pour la lutte contre la désertification !
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe (Albin Michel, 1983) ; Parole de Terre (Albin Michel, 1996) ; Graines de possibles. Regards croisés sur l'écologie, écrit avec Nicolas Hulot (Calmann Lévy, 2005) ; La Part du Colibri : l'espèce humaine face à son devenir (L'Aube, 2006) et Manifeste pour la terre et l'humanisme (Actes Sud, 2008). Il a créé, ou participé, à la création de plusieurs associations et organismes agissant dans ses domaines de prédilection. Il a conçu et encadré de nombreuses actions de développement de l'agriculture dans le monde : Maroc, Palestine, Algérie, Sénégal, Togo, Bénin, Mauritanie, Pologne, Ukraine… En 2006, il a lancé le Mouvement pour la terre et l'humanisme.
On ne peut citer là toutes les contributions, incroyablement nombreuses et denses, de cet enfant du Sahara algérien qui a connu, très jeune, la souffrance ainsi que la valeur de la terre, de l'eau et de la vie. Il a ainsi écrit cette phrase qui résume bien son esprit : «Il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, recevoir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation.»


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