Les Ours sont de retour. Le Festival international du film de Berlin s'est ouvert, jeudi 10 février, et 22 films sont en compétition officielle pour remporter les statuettes prisées des Ours d'or et d'argent. Jusqu'au 20 février, plus de 350 films seront projetés dans la capitale allemande dans les six sections du festival. Le début de la manifestation a été marqué par trois films qui ont l'Afrique au cœur et abordent des problématiques sensibles du continent noir. Man to man, du Français Régis Wargnier, a lancé la compétition. Le film raconte l'histoire de deux pygmées emmenés en Europe en 1870 par un anthropologue écossais et qui seront exhibés comme des bêtes de foire dans l'Angleterre victorienne... Régis Wargnier, oscar du meilleur film étranger en 1993 avec Indochine, a tourné son film en Afrique du Sud et a choisi, en plus des acteurs africains Lomama Boseki et Cécile Bayiha, Kristin Scott-Thomas et Joseph Fiennes. Il a expliqué à propos de son film : « Nous sommes hélas encore dans une époque de racisme et d'incompréhension. » Hors compétition, le public a pu voir vendredi, en avant-première, Hôtel Rwanda de l'Américain Terry Georges, qui plonge dans l'horreur du génocide rwandais de 1994. Cette vague de massacres, planifiée par le pouvoir Hutu et déclenchée dans l'indifférence internationale la plus totale, a fait 1 million de morts en trois mois, ciblant la minorité tutsie et les Hutus modérés. Le héros du film est Paul Rusesabagina, incarné par Don Cheadle (nommé aux oscars pour ce rôle), qui a sauvé plus de 1 000 personnes en les cachant dans son hôtel de Kigali. L'Afrique, encore, avec le film français Va, vis et reviens de Radu Mihaileanu (hors compétition), qui évoque « l'opération Moïse », organisée en 1984 par Israël pour « rapatrier » des milliers de Falashas, les juifs éthiopiens. Dans le long-métrage, une mère chrétienne pousse son fils de 9 ans à se déclarer juif pour le sauver de la famine. L'enfant, déclaré orphelin, est adopté à Tel-Aviv par un couple, interprété par Roschdy Zem et Yaël Abecassis. Il découvre dans le même temps la culture occidentale, la judaïté, le racisme et la guerre dans les territoires occupés. A noter également : la France se taille la part du lion, en présentant 5 films sur les 22 en compétition, viennent ensuite l'Allemagne et les Etats-Unis. L'Afrique participe dans ce festival avec un film sud-africain, Carmen in Khayelitsha de Mark Dornford-May. C'est le cinéaste d'origine allemande Rolan Emmerich, spécialiste des films d'action à gros budgets et à gros muscles (Independance Day, Godzilla), qui préside le jury de cette 55e édition.
