Toute entreprise comporte dans ses fondements les facteurs de sa réussite et les indicateurs de sa déchéance. Existe-t-il une étude de faisabilité et une approche supputative traitant des probabilités de conjonction ou d'existence d'éléments probants favorisant une issue heureuse de crise ? Quelles solutions préconisées pour quels symptômes de crise ? Ce sont là autant de questions que ne cesse de se poser le citoyen algérien en butte à des situations conflictuelles et dégénératives à travers l'accomplissement de ses missions citoyennes, notamment dans les relations de travail qu'il entretient avec sa hiérarchie… Un modus vivendi comme préalable Comme toute intervention dans quelque domaine que ce soit et a fortiori dans la mise en œuvre de mécanismes de changement ou de redressement d'une situation donnée, il est impérieusement conseillé de baliser dans sa feuille de route les contours de sa démarche sur la base d'une échelle de planification se rapportant aux spécificités dans l'exécution du programme arrêté, en consacrant le principe des rapports d'étape qui permettent une halte de réflexion et de révision à chaque station de réalisation. La rigueur et les enjeux présidant la conduite de tout projet de pareille envergure, exigent, au-delà des dispositions à prendre dans le contexte de gestion des réformes, un appui certain sur le socle de la méthodologie, alliant la rationalité dans la stratégie à adopter et dans les mesures à introduire dans les propositions, en conformité avec les préalables fondamentaux régissant toute société. Cette forme de participation dans le cadre d'un tel projet à caractère hautement national doit refléter une volonté politique affirmée, brassant un large spectre et par conséquent, dégager une synergie à la mesure des ambitions et enjeux qui se profilent à l'horizon, à l'ère des technologies de l'information et de la communication, résolument tournée vers l'automatisation tous azimuts. Considérant l'état actuel de la situation qui prévaut aussi bien dans les pays arabes que dans les pays européens, cités en tant que pays émergents et qui de surcroît relevent du même espace vital qui constitue une préoccupation géostratégique(Maghreb – Sahel -bassin méditerranéen +influence des zones de turbulence moyenorientales) et dénominateur commun, quoique conçu et perçu différemment selon le régime en place, l'Algérie se doit plus que jamais de se réconcilier avec sa jeunesse et de préparer l'alternance salvatrice à la survie des principes révolutionnaires arrêtés au terme des deux stations chronologiques salutaires, celles de l'Algérie combattante puis conquérante. S'inviter par le biais d'un des organes consacrant la liberté d'expression et l'expression de la liberté retrouvée à coups de sacrifices, est en soi une forme d'identification synonyme de récusation du fait accompli et d'un fédéralisme aux relents hégémoniques, voire totalitariste du moins autoritariste. Se prévalant de l'objectivité dans ses assertions en tant qu'élément actif dans la vie sociale de mon pays, je pense qu'aborder un sujet qui concerne tous les Algériens ne peut être disséqué dans toute sa dimension et ses composantes sans passer par un diagnostic. Sans se départir de la réalité, le constat doit être neutre et froid et gagnerait à s'imprégner de l'importance des défis et des enjeux auxquels tout pays est confronté. Conscient des potentialités de ses éléments et des facteurs intronisant les relations transversales à caractère sociétal et institutionnel, les réformes doivent charrier les particularités propres à chaque contexte de réalisation. Du constat aux origines du conflit Le sujet qui préoccupe présentement tous les Algériens à des degrés différents est sans conteste celui des résolutions à prendre quant au devenir de l'Algérie à l'échelle nationale, continentale et internationale. La problématique réside à notre sens dans le fait que la question dans ses fondements n'a pas pris en considération l'étendue des contours liés à la situation actuelle, aux multiples et innombrables questions aux ramifications tentaculaires, notamment par rapport aux exigences inhérentes aux facteurs (par rapport à l'état actuel de la situation politique dans le monde) tant endogènes qu'exogènes et aux rivages à la sécurité incertaine. Il existe en fait un état de carence qu'on est appelé tous à signaler ou du moins à relever pour une avancée sereine et rédemptrice qui s'articule sur une assise prospective. Il s'agit de décontextualiser(1) les réformes pour en déduire la portée des prévisions et les probables taux de réussite. Cette vision consiste à rechercher, au-delà de la source initiatrice de la relance, qui présidera l'amorce de ces réformes, voire leur application, qui va prévoir les formes de répliques et de stratégie de révision en cas de résistance à leur contenu et en définitive, qui aura l'intelligence alliée à la vitalité naturelle pour mener à bien les futurs commandements ? C'est là une des questions fondamentales que nous voulons soulever à ceux qui sont censés écouter tous les Algériens, à ceux qui sont investis de la mission de régenter les facteurs générant les dividendes du pouvoir de l'information dirigée par la communication de proximité, à ceux qui ont la charge de décrypter les tentations belliqueuses mais velléitaires de ceux qui n'ont jamais pris part à la réalité de la gestion, mais qui ne sont pas pour autant aussi piètres que veulent le faire admettre les éternels détenteurs du pouvoir discrétionnaire au nom de la référence à la révolution . C'est pour ces considérants, qui grèvent aujourd'hui cruellement l'évolution vers le Knowledge management, vers le partage des connaissances entre l'administration et le citoyen, que j'adresse ces propos désidératifs à ceux qui ont la mission de faire la révolution par la rénovation et pour l'innovation. Une des prévisions à prendre sérieusement en charge avant toute conclusion hâtive est de faire un travail méthodologiquement viable et de s'accorder le temps d'apporter la contradiction à toutes les hypothèses. Il s'agit par ailleurs de rendre visible et possible la mise en place d'une dialectique qui favoriserait le rapprochement des visions patrimoniales à celles modernistes, et par conséquent, de faire sienne le bannissement de l'empirisme aléatoire et l'empressement outrancier dans l'exécution des tâches relevant parfois des préoccupations sociétales vitales, accomplies le plus souvent, sous le sceau de l'urgence. Etendre les consultations est un facteur stratégique dans toute planification, c'est un élément constructif et positif. Partant du principe opposant à chaque thèse son antithèse, le corollaire émergeant de ses oppositions favoriserait une bien meilleure connaissance des dysfonctionnements de la société et de ses institutions. Une telle approche permettrait l'implémentation couronnant tout travail de synthèse, en reproduisant fidèlement l'état et les attentes d'une société et en définitive d'une nation. Etre à l'écoute des différents acteurs de la société aurait pour tendance, à consacrer le sacro-saint principe dont doit faire preuve tout dirigeant, à savoir la prévoyance. A ce stade, cette vision permet d'affiner l'analyse des répercussions et /ou les impacts collatéraux que peuvent générer les données inhérentes à toute mesure de réforme ou de redressement visant le nivellement vers le firmament du développement et la consécration des principes de l'équité et de l'égalité des chances. Parmi les facteurs inhibiteurs, voire réfractaires, à toute forme de renaissance et donc source de conflits récurrents préjudiciables au bon fonctionnement des institutions, il s'agit de ce mal qui ronge l'administration algérienne que j'ai préféré nommer par pudeur intellectuelle «conflit de génération». Cette expression qui charrie chez nous une connotation de rivalité péjorative voire de luttes hégémoniques pour l'accession à l'autorité et la monopolisation de la gestion a, depuis bien longtemps, été introduite par les Canadiens comme module à enseigner dans les chairs universitaires… En Algérie, le conflit de génération n'est pas perçu comme une forme de valorisation du potentiel humain dans le cadre de la gestion des ressources humaines, mais plutôt sur la base de divergences d'intérêt dans la gestion des ressources. La concurrence devrait donc s'installer au niveau de la capitalisation des expériences acquises par le fonctionnaire. Cette même rivalité devrait transcender les capacités de s'accommoder à l'évolution des systèmes de gestions et aux autres formes de modernisation intronisées dans l'organisation du travail au terme des différentes étapes de la vie active. Cette question a souvent été au centre de discussions et/ou d'analyses non sans une certaine ambivalence dans le jargon politique. Elle traite de la lutte entre ancien et nouveau militant. Cependant, le côté qui reste à élucider, concerne sans équivoque les préjudices que cause la longévité record et amorphe aux destinées des institutions de l'Etat. Le phénomène de conflit de génération, vu sous cet angle, constitue en Algérie un des facteurs de régression de la culture des institutions et a déjà faits des victimes parmi la gente féminine et les jeunes cadres (entendre par jeune la tranche d'âge allant de 55 ans et -) (2 ) Ce phénomène a pris considérablement de l'ampleur par la propagation de ses corollaires liés à la mauvaise gestion, au harcèlement et à la fuite des cerveaux. Citer ces facteurs de désagrégation de l'esprit et du dynamisme est indispensable pour une évolution positive de la trame de travail et de réalisation des objectifs propres à toute entreprise. Ces faits et méfaits confortés par le non-respect des mesures d'évaluation des cadres dirigeants suivant la tranche d'âge requise pour chaque niveau de responsabilité ont été largement encouragés par un acte solennel qui a institutionnalisé en quelque sorte la prolifération et la longévité d'une ancienne nouvelle race de responsables gestionnaires, appelés, en raison de leur âge avancé et du temps passé à la tête de certaines administrations hautement importantes sur le plan patrimonial mais surtout pécuniaire, «dinosaures». En effet, la ré intronisation de gens âgés après consommation de la durée légale de leur carrière professionnelle et après avoir joui des bienfaits de la retraite, dans la gestion des administrations (plus particulièrement EPA) et de surcroit sans expérience avérée dans le domaine ne peut qu'accentuer les fractures. Toute société est appelée à connaître à une étape de son existence et de son développement une déclinaison de la courbe de son évolution sans parabole vers le vieillissement de ses individus. C'est de la même manière que s'opère le basculement des générations ou plutôt que s'instaure une forme d'alternance naturelle à une phase donnée où s'effectue la succession d'une génération à une autre. Tracer ces frontières, normaliser ce passage délicat d'une situation de pleine activité et d'ambition vers une autre où s'accumulent d'autres caractéristiques et par conséquent une forme d'approche en matière de hiérarchie tant dans la société que dans la division du travail, est une mesure hautement préventive de tout clivage et/ou dérapage.(3) Investir dans la politique de gestion des ressources humaines est un créneau, où tout Etat soucieux de la maitrise des impondérables relatifs au suivi des innovations technologiques et désireux de se hisser au diapason des exigences du développement que connaît la scène internationale devrait s'engager pour un passage plus serein d'un niveau à un autre.Ces changements qui interviennent dans la vie de toutes les composantes sociales par la force d'une dialectique voulue par la nature sont gérées et régulées dans les pays qui ont atteint les degrés d'excellence dans le Knowledge management et maîtrisent les paramètres relatifs à l'investissement dans le capital humain . – Qu'en est-il de ce rapport dans un cadre aux influences sociétales et institutionnelles favorables à l'attentisme et au défaitisme ? – Qu'en est-il de cette dialectique où la substitualité normale peine à s'imposer dans un paysage «Wild»(4) où le senior supplante le junior en dépit des indicateurs favorables au bénéfice de ce dernier ? Dans un cadre où les relations sont gangrenées à l'échelle dégradée de la gestion administrative, n'est-il pas logique de se demander si le mal qui ronge nos institutions ne vient- pas de la transposition du fait politique sur celui de la gestion administrative. La promulgation d'un texte réglementaire a permis aux retraités de revenir aux commandes dans les administrations, et notamment dans la gestion des deniers publics. Il a créé le lien de causalité nouveaux parvenus/conflit de génération. En faisant allusion aux dispositions réglementaires invitant les anciens retraités à réintégrer l'activité au sein des administrations et plus particulièrement à prendre en charge le cadre de la gestion, il apparaît clairement que ce texte à produit des impacts a contrario avec sa philosophie et a engendré autant de dégâts qui ont porté atteinte, non seulement à l'évolution des compétences, mais qui ont considérablement grevé et tronqué tout essor et déclinaison en faveur du développement de nos institutions. L'intronisation du troisième âge en tant qu'apprenti… ordonnateur si elle s'est faite sur la base de la confiance placée en direction de vieux briscards, il n'en demeure pas moins qu'elle a porté préjudice au processus d'intégration et de maîtrise des nouvelles techniques de gestion et d'administration. Elle a offusqué par ailleurs une grande partie de la jeunesse algérienne en général et les jeunes cadres en particulier qui, tout en enregistrant le déni de leur pays à l'égard de leur compétence et de leur dévouement n'ont pas cessé de porter haut l'étendard du développement et de la modernisation. De l'existant au prospectif Au moment où les cadres algériens fièrement issus des instituts et écoles spécialisés dans la gestion, le marketing et surtout dans les finances agissent en commis de l'Etat au sens de la responsabilité et à la compétence avérées, les administrations algériennes souffrent d'un flegmatisme, d'une rétention négative et d'un passéisme rédhibitoire et donc accusant en plus de la rigidité, des retards dans la conduite des affaires. Il est clair qu'on ne devient pas ordonnateur (stagiaire) après une retraite passée dans des domaines qui ne relèvent souvent pas de la gestion des ressources financière ! Il est impérieusement nécessaire, si on1 veut assurer une vision conquérante pour nos institutions, de commencer par insuffler un dynamisme et une réviviscence par un intrant de qualité (la jeunesse), d'en conforter et d'encourager l'intégration dans tous les rouages de l'administration. La vitalité de nos institutions retrouverait toute sa verve et sa régularité ascendante par la mise en œuvre de mécanismes favorisant l'émergence de l'approche d'interdépendance qui accentuerait les relations transversales, synonymes de contexte d'évolution idéale, et par conséquent, de bonne santé des institutions. En outre, le principe de l'investissement dans le capital humain, exige une stratégie à long terme et une planification qui mettrait en condition et en état d'action des cadres valorisés, (mesures incitatives) réhabilités et surtout confortés par un nouveau état d'esprit dans la conduite des affaires de l'Etat et d'une confiance tant recherchée. Tout persistance dans le schéma actuel rendrait les réformes vaines et donc sans l'impact de redynamisation escompté et attendu. La longévité des seniors (5) atteints par les stigmates et les facteurs naturels de la vieillesse s'est faite au détriment de toute velléité de redressement et de changement. C'est en fait une réalité qui gangrène et paupérise certaines hautes administrations de l'Etat. Cependant, le plus dramatique dans cette situation demeure, sans conteste, le comportement de cette catégorie de cadres d'anciens/ nouveaux parvenus (souvent dépourvus du diplôme attestant la compétence et la capacité de gérer) à la limite de l'ostracisme tendant à assouvir des fantasmes refoulés des années durant. Cet agrégat d'éléments en défaveur de la pérennisation de la situation actuelle presque suicidaire qui nous édifie sur un des indicateurs à l'origine du déclin des compétences, de la fuite des cerveaux et d'une crise patente atteste de l'existence d'un conflit récurrent entre générations, aux retombées néfastes sur le bon fonctionnement des administrations. Il est à notre avis urgent de promouvoir le changement sur la base de la maxime «nul n'est indispensable»(6). Cette démarche aurait pour résultat d'éviter l'installation d'une nouvelle race de prédateurs avides de revanche contre les acquis de l'Algérie jeune et vigoureuse, pleine de fougue, qualités qui font la force de tout Etat qui se construit, qui se forme et qui va de l'avant. Une Algérie forte par sa jeunesse et soucieuse de mener des réformes malgré les résistances rétrogrades, une Algérie qui veut faire du neuf en faisant confiance à ses jeunes. Cette situation nous laisse songeur quant à l'Algérie de demain, tout en ayant foi dans la réussite des réformes déjà enclenchées en faveur d'un changement des mentalités et des éternels indispensables qui écument les administrations de préférence prestigieuses et munies d'un budget conséquent. Cet état d'esprit nous fait penser à un best seller dans son genre au contenu prémonitoire «Quand…l'Algérie s'éveillera…» Notes de renvoi : 1) Il s'agit d'analyser un phénomène quelconque par rapport aux liens originels qui ont conduit à sa création. 2) Si dans le paysage politique et dans quelques institutions de l'Etat, on assiste à une forme de politique de rajeunissement, par contre, l'administration, et plus particulièrement celles dites à caractère patrimoniale, à fort budget, continuent d'être régies dans des conditions pour le moins en contradiction avec le discours politique. 3) Dans la perspective d'une meilleure conduite des réformes, il serait judicieux de limiter la durée (mandat) des années de gestion à la tête des administrations et de prévoir une forme d'alternance pour une meilleure visibilité. 4) Par «Wild» on fait allusion à un environnement sauvage. Le dictionnaire wikipedia version anglaise, donne la définition suivante «All non-domesticated organisms» . 5) Entendre par là les gens replacés dans les rouages de l'administration sans expérience de la gestion après une traversée du désert 6)Proverbe ancien, en réalité arabe «Les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.» Il a été utilisé sous la tournure supra par Alexandre de Franceshi.