De son vrai nom Aoued Mohamed, et à 62 ans, le chanteur Boutaïba el Saïdi, de nature affable, se porte comme un charme. Vos débuts dans le raï traditionnel ? Je chantais dès mon jeune âge, mais c'est en 1965 que j'ai enregistré mon premier disque intitulé « Noura hbila, Zaza mrida ». L'éditeur m'avait donné 400 DA, et 100 DA chacun au flûtiste et au « derboukiste », après avoir vendu plus de 9 000 cassettes. Depuis, ce fut le déclic. J'ai enregistré plus de 250 cassettes et disques avec un contrat de 4 ans avec la maison de disques « Cléopâtre » (France) et un contrat d'une année, de 69 à 70, avec « Ahlam Youm » à Oran. Que pensez-vous du raï ? Le raï est pour moi une vocation, une passion enracinée. C'est une musique du terroir qui s'est développée particulièrement dans l'Oranie. Le raï puise ses racines dans notre culture, nos traditions et notre vécu. Le raï traditionnel et la flûte ne peuvent mourir car il s'agit d'un pan de nos valeurs culturelles et artistiques. Toutefois, force est de constater qu'une même chanson raï est reprise par plusieurs chanteurs, cela devient insipide. De plus, les droits d'auteur ne sont pas respectés. Personnellement, on m'a volé plusieurs chansons. Cheb Khaled m'a pris deux chansons, « Anti Lighalatini » et « Loukan jiti ben niya » et « Fadila » avec la chanson « Seknate Marseille ». Dans quels pays avez-vous chanté à l'étranger ? Ma première tournée à l'étranger a eu lieu au Maroc où d'ailleurs j'ai été très bien accueilli, puis en 1973, c'est la France, là, j'ai rencontré à la maison « Cléopâtre » le grand chanteur Abdelhadi Belkhayat. J'ai, durant, toute ma vie, apprécié Chikha Rimiti qui m'aimait beaucoup ; nous avons chanté ensemble « Etranejou oi etsahbou » ; puis l'Italie dans le cadre de l'Amicale des Algériens en Europe, ensuite la Hollande. De 1973 à 1990, je faisais de nombreux déplacements en France. Votre avis sur les chanteurs actuels du raï ? Je pense que les jeunes chanteurs doivent rendre hommage à ceux qui les ont précédés et les citer quand ils passent à la télévision ou à la radio. Je suis le premier chanteur de raï à Saïda et j'ai plus de 44 ans de carrière artistique. Quand je chantais, cheb Anouar, cheb Khaled et cheb Mami venaient m'écouter. Un dernier mot… Je tiens à remercier vivement le journal El Watan et je lance un appel à la ministre de la Culture pour ne pas oublier ceux qui ont représenté et qui représentent encore le pays dignement en diffusant la culture algérienne à l'intérieur du pays et à l'étranger.
