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Islam, langue arabe et science
Publié dans El Watan le 24 - 08 - 2011

La langue arabe, vécue comme un patrimoine commun, libérait alors la parole. Sous forme de poésie essentiellement. Le poète avait un rôle important, en temps de guerre comme en temps de paix. Il lui arrivait de subvertir l'ordre public. Beaucoup plus qu'un porte-parole, il a été l'historien de la tribu. D'aucuns pensent que c'est en grande partie à leur langue et son génie intérieur que les Arabes attribuent les triomphes de l'Islam.Certes la langue arabe véhicula une culture orale mais vigoureuse ; elle fit l'objet d'études, notamment après la décision de retranscription du Coran. Ainsi, connaître les règles de la langue et les codifier après analyse devint nécessaire à telle enseigne que cette démarche a porté sur des recherches en linguistique, en grammaire et en lexicographie de l'ère omeyyade à celle abbasside.
De langue liturgique, elle devint la langue de l'administration, mais surtout celle de la science particulièrement avec le mouvement des traductions d'œuvres philosophiques et scientifiques et par l'emprunt de vocables d'autres langues (notamment du grec et du persan, voire du syriaque et du sanskrit). Plus tard, au XIIe siècle, l'hébreu et le latin empruntèrent à l'arabe pour s'enrichir aux plans philosophique et scientifique (mathématiques et médecine notamment).
Sans contrainte, la langue arabe s'imposa dans toutes les activités scientifiques ; nombreux qui, sans être Arabes, l'utilisèrent pour rédiger leurs ouvrages : Maïmonide (Juif), El Khayyâm (Persan), Ibn El Yasmin (Berbère), Ibn Bachkoual (Espagnol).
Cette tendance persista même lorsque les Turcs prirent le pouvoir en 1055 (les Seldjoukides) pour fonder en 1299 l'empire ottoman ; la langue arabe continua à être la langue dominante dans la production scientifique et philosophique.
El Foutouhat El Islamya furent l'œuvre de quelques milliers de cavaliers arabes ; y participèrent d'autres troupes recrutées parmi les populations conquises à l'Islam (dont les Berbères d'Afrique du Nord). La civilisation qui va naître autour de la péninsule arabique et le Croissant fertile (la Syrie, la Palestine et l'Irak) aura pour fondement l'Islam. A cette région se greffèrent, au fur et à mesure, la Perse, l'Egypte, l'Afghanistan et le Turkestan, le Maghreb, l'Espagne andalouse, l'Italie du Sud. Ainsi, l'Islam hérita de tous ces pays, répartis sur plusieurs continents, maints éléments qui servirent à l'essor de la science dont les musulmans furent porteurs. Maints peuples contribuèrent à cet essor : Arabes, Egyptiens, Libyques, Grecs, Berbères, Celtes, Wisigoths, Turcs, Juifs, Africains… L'Islam a toléré les autres croyances des non-musulmans dont les Arabes musulmans ont récupéré les techniques, la culture et la science sans pour autant les forcer à la conversion.
La dynastie omeyyade, outre l'arabisation de l'administration et le développement du commerce, participa à l'essor culturel par la construction des bibliothèques et encouragea la traduction des textes grecs, perses, syriaques et les premières réalisations artistiques. En 750, la dynastie omeyyade est renversée par un violent coup d'Etat et ses chefs furent tués, un seul (Abderrahmane) réussit à s'enfuir au Maghreb et ensuite en Espagne où il va fonder une nouvelle dynastie.
La dynastie abbasside s'accomplit de 750 à 1258 (soit plus de quatre siècles) quoique les historiens tendent à penser que le pouvoir commença à échapper aux élites abbassides à partir de 1055 au bénéfice des Seldjoukides ; et ce, comme résultat du recours du pouvoir central abbasside aux mercenaires issus des tribus turques d'Asie centrale (alors utiles à la défense de l'Empire qui s'étendait sur plusieurs continents). Ils constituèrent l'ossature de l'armée qui finit par prendre le pouvoir.
Si le pouvoir de l'oligarchie militaire arabe va être ainsi supplanté, la tradition religieuse va être renforcée avec la naissance de grandes écoles théologiques et juridiques : Malik, Abou Hanifa, Achafi et Ibn Hanbal ainsi que l'arabisation de l'administration avec une centralisation de l'Etat, contrôle de l'économie et une urbanisation des villes et un développement de grandes villes (Damas, Baghdad, devenue capitale des Abbassides, Kairouan, Cordoue, Ispahan, Le Caire, Samarkand). Autre caractéristique : l'apparition de nouvelles élites et lettrés à partir du IXe siècle au cours duquel se développa une activité de production de livres de toutes sortes et dans tous les domaines à l'endroit de publics variés : littérature, religion, droit, géographie, science… La société était alors divisée en El Khassa (l'élite politique, économique et intellectuelle) et la Amma (le commun des mortels) : ouvrier, paysan, marchand).
L'esprit scientifique est né en terre d'Islam dès lors qu'il s'est avéré nécessaire de transcrire le Coran. La langue arabe était alors peu utilisée à l'écrit et dominée par les parlers locaux de la Péninsule arabique. La translation orale a duré vingt ans jusqu'à l'avènement de Othmane en qualité de calife. Les compagnons du Prophète furent réunis pour retenir et discuter sept versions du Coran (le Prophète aurait dit : «L'Ange Gabriel m'a permis jusqu'à sept lectures différentes du Coran»). Des sept lectures du Coran résulta un travail d'authentification faisant appel à l'analogie, l'induction, les recoupements ; ce qui caractérise une recherche rationnelle s'identifiant à un état d'esprit scientifique. Il y a là les prémisses d'une méthodologie scientifique. Et ce, avant la grande action en faveur de la traduction des œuvres grecques et indiennes pour l'essentiel et la recherche de manuscrits à travers le monde ayant un rapport avec les disciplines scientifiques.
La civilisation musulmane, sous l'impulsion des Arabes (Péninsule arabique et Croissant fertile : Syrie, Palestine et Irak) et des musulmans arabophones, se situait sur divers pays répartis sur plusieurs continents (Perse, Anatolie, Egypte, Maghreb, Espagne andalouse, Afghanistan, Turkestan, Sud de l'Italie…) ; et ce, notamment du IXe au XVe siècle. L'Islam s'enrichit donc de l'apport de la science de toutes ces régions conquises par les Arabes musulmans. Il y a là un héritage non négligeable que l'Islam a su fructifier : le Maghreb, berbère par essence, qui s'arabisa et s'islamisa au fur et à mesure (il a été sous la coupe des Carthaginois, des Romains, des Vandales et des Byzantins), le Moyen-Orient composé de peuples d'origine sémite (Arabes, juifs, Araméens), ainsi que d'Egyptiens, de Grecs, de Turcs, de Nubiens, de Wisigoths, d'Africains noirs.
Dans l'ensemble de ce vaste territoire, les citoyens d'autres religions (juifs ou chrétiens) ont pu assumer de hautes fonctions : chef des armées, ministres, médecins personnels du roi comme ils ont exercé comme grand astronome, mathématicien. Ainsi, Ibn Batriq a été médecin d'un calife abbasside, Ibn Toufil médecin d'Ahmed Ibn Touloun (fondateur de la dynastie toulounide), El Qahir nommé chef de la communauté chrétienne d'Egypte, Ibn Chaprout a été ministre du calife Abderrahmane III de Cordoue et même au XIe siècle, Ibn En Naghrilla a été une sorte de Premier ministre à Grenade (Djebbar, Une histoire de la science arabe).
L'Etat s'était alors inspiré des structures centralisées de Byzance et de la Perse, tant pour les Omeyyades que pour les Abbassides ; ainsi en ce qui concerne l'administration et la monnaie (le dinar et le dirham que l'on retrouve encore de nos jours au Maghreb). Sur le plan culturel, les Omeyyades construisirent des bibliothèques qui, après avoir été privées, devinrent publiques. De même, ils entamèrent la traduction des textes grecs, persans et syriaques. Les civilisations antérieures (byzantine, perse et wisigothique) ont été d'un apport certain pour l'épanouissement des réalisations artistiques et scientifiques arabes.
C'est ainsi que se constitua également une oligarchie arabe monopolisant le pouvoir en vue de l'acquisition de la plus grande partie des butins résultant des conquêtes et domina peu à peu le commerce international. D'un point de vue religieux, l'avènement des Abbassides va permettre la genèse des écoles théologiques à connotation juridique, notamment celles de Malik et Abou Hanifa et plus tard, celles de Achafi'i et de Ibn Hanbal. Cet essor économique et religieux qui s'accompagna d'un centralisme au niveau des structures de l'Etat conserva le monopole de l'économie qu'il contrôla de plus en plus.
Le tout avec la conservation des langues locales des pays conquis à l'Islam, même si la langue arabe, langue du Coran, domina la liturgie. Ainsi, si Omar Khayam a rédigé ses ouvrages scientifiques en arabe, il s'exprima dans sa poésie en persan. Il s'agit là d'une civilisation essentiellement urbaine qui a vu se développer de grandes métropoles très peuplées : Damas et Baghdad (désormais capitale des Abbassides), mais aussi Kaïraouane (Maghreb) et Cordoue (Andalousie) sans oublier Ispahan (Perse), El Qahira (Egypte), Samarkand (Asie centrale). Dès le IXe siècle, cette civilisation se caractérisa également par la production de livres dans maintes disciplines et à destination de tous publics, ainsi que des ouvrages scientifiques et littéraires, théologiques, d'histoire (Ibn Khaldoun), de géographie (Ibn Battouta), de mathématiques (Al Khawarizmi), de médecine (Ibn Haytèm) et d'astronomie (Al Birouni)…
L'activité scientifique a été financée selon le mode du mécénat ; au début chez les Omeyyades (avec Khaled Ibn Yazid et plus tard avec El Hakam à Cordoue), ensuite chez les Abbassides (El Mansour, El Mahdi, Haroun Rachid, El Mamoun), mais également des princes, des gens riches parmi lesquels des médecins et des marchands (certains léguaient une partie de leur fortune à la science avant de mourir). D'où, sans doute, l'émergence d'une élite scientifique composée de grands noms : Ibn Sina, El Farabi, El Kindi, Ibn Rouchd…
Une telle entreprise est-elle encore envisageable, l'Etat étant conçu comme premier mécène pour financer la recherche et la science ?


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