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« Il faut ouvrir les écoles le vendredi matin »
Mouhoub Harouche. Ancien inspecteur de langue arabe
Publié dans El Watan le 13 - 09 - 2009

Pour ce vieux routier de l'éducation nationale, le mal profond qui ronge l'école algérienne réside dans le fait qu'on ne lui a pas fixé la finalité. Sans dire que l'école est otage des choix idéologiques, M. Harouche, qui a consacré toute sa vie à l'éducation, est encore actif et pense que lorsque la politique se mêle de l'enseignement, elle fait des ravages. Il exprime aussi son opposition à une semaine de quatre jours. Il est pour l'ouverture des écoles le vendredi matin.
Beaucoup d'observateurs s'accordent à dire que l'école algérienne souffre des programmes d'enseignement peu adaptés aux exigences de l'heure. Qu'en pensez-vous ?
A chaque fois que cela ne va pas dans l'éducation, on met en cause les programmes ; je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette idée. Les programmes d'enseignement sont destinés à être expérimenté – le mot fait peur –, mais cela fonctionne ainsi partout dans les systèmes éducatifs à travers le monde. En ce moment, d'ailleurs, nous sommes en train de remodeler les programmes, mais il ne suffit pas d'en élaborer si on ne les adapte pas à la situation que vit l'élève. C'est là qu'intervient justement la pédagogie. Elle est la synthèse entre les programmes et ce que révèle le diagnostic pédagogique des élèves. Il n'y a pas une seule pédagogie mais plusieurs, il faut la définir en fonction de la situation et des conditions dans lesquelles évolue l'élève. Une situation que doit diagnostiquer l'enseignant en permanence. Mais il faut dire aussi que le niveau des enseignants ne leur permet pas de mieux comprendre les programmes, ce qui nécessite une formation continue de ces derniers. La pédagogie n'est pas une science, mais c'est l'art de découvrir les élèves et de bien les mener vers ce qu'ils devraient être, c'est-à-dire fixer la finalité de l'éducation. C'est là, justement, que réside la problématique de l'éducation dans notre pays. Mais le mal profond qui ronge l'école réside dans la finalité de l'enseignement.
Justement, cette finalité vers laquelle nous voulons mener les élèves est-elle fixée ?
Quand il s'agit de l'éducation, il faut oser dire la vérité. Je dirais ceci même au niveau du ministère, nous avons travaillé toujours sans connaître la finalité. Il est du rôle de l'autorité de nous dire quel est le profil de l'Algérien que nous devons former. Il ne faut pas comprendre par profil déterminisme. La raison pour laquelle cette finalité n'est pas fixée réside dans le fait que les autorités politiques ne sont jamais allées loin pour nous dire ce qu'elles veulent faire de l'école, elles n'arrivent pas à exprimer de manière franche les finalités de l'enseignement. Chacun veut une école qui réponde à sa propre conception de la société. Or, l'école doit être cet instrument qui forme des citoyens capables de résoudre des problématiques et de pouvoir répondre aux exigences du temps et de la société.
Cela nous amène à dire que l'école est otage de choix idéologiques et non scientifiques...
Je dirais en toute franchise que beaucoup de choses restent à faire pour l'école. Il ne faut jamais se satisfaire de ce qui est fait, car ce qui reste à faire est nettement plus important et l'autosatisfaction nous empêche de progresser. Lorsque la politique s'en mêle, elle dérange la pédagogie et elle fait des dégâts. C'est pour cela que les choses ne marchent pas. L'école doit rester en dehors des calculs politiciens étroits, sinon cela nous mènera inévitablement vers des abîmes. Certes, elle doit former et éduquer des êtres en tenant compte des différentes sensibilités qui traversent la société avec une ouverture sur tout ce qui est valeur universelle, mais sans qu'elle soit otage d'une idéologie.
Justement, l'enseignement, tel qu'il est dispensé, reflète-t-il l'universalité ?
Je dirais qu'il est même dans les mission de l'école d'inculquer aux élèves tout ce qui est universel. Il est exigé que les programmes scolaires reflètent ses valeurs. De toute manière, la réécriture des programmes, sur lesquels nous travaillons en ce moment, préconise l'intégration de la dimension universelle dans les programmes et manuels scolaires. Nous consacrons une part pour le savoir et une autre pour véhiculer des valeurs nationales et universelles. On ne fait jamais assez dans ce sens. C'est une nécessité absolue, l'école doit s'ouvrir sur l'universalité, nous devons beaucoup à l'universel, la pédagogie elle-même est universelle. Pour aller vers l'universel, il faut nécessairement passer par les langues, plus on connaît les langues plus on devient humain.
En parlant des langues, la politique linguistique appliquée jusque-là n'a t-elle pas apporté ses fruits ?
Tout à fait d'accord avec vous, parce que depuis un certain nombre d'années, nous formons des monolingues. Le débat sur la langue nationale ou les langues étrangères est biaisé dès le départ, car la dimension politique a prévalu sur l'approche scientifique. La preuve, la commission Benzaghou, qui a fait un travail remarquable par ailleurs, préconisait l'introduction du français à partir de la deuxième année primaire et l'anglais à partir de la première année moyenne, sauf que cette mesure reste lettre morte. Voilà ce qui arrive quand la politique s'en mêle. Je dirais même qu'il faut introduire l'anglais dès la cinquième année primaire. On ne peut pas enseigner les disciplines scientifiques sans la maîtrise des langues. Le problème se pose aussi pour la langue arabe, elle-même, et la manière de l'enseigner. Elle n'est pas enseignée tel qu'elle devrait l'être, on reste figé dans la répétition et la routine. Or, une langue se développe. On n'a jamais enseigné l'arabe par le texte et la phrase. La langue on l'enseigne au moyen de compétences discursives. Et le résultat est là, nous avons formé des élèves qui apprennent le savoir mais sans le savoir-faire. Il ne faut pas voir de risque dans l'enseignement des langues étrangères dès les premières années de scolarité, bien au contraire nos enfants ont tout à gagner. A ce titre justement, je vous raconte une histoire qui s'est déroulée en Grèce antique avec Socrate et chacun de nous doit en tirer la leçon. Une fois, on lui a ramené un « esclave » qui voulait apprendre la géométrie. Le philosophe avait demandé si ce serviteur maîtrisait le grec, on lui avait répondu par la positive. Il leur a dit : « Il pourra donc apprendre toutes les sciences. » L'autre enseignement à tirer de cette belle histoire est que la pédagogie doit être active. Elle doit associer l'élève à la construction de son savoir. C'est aussi cela le sens de la démocratie dans l'enseignement. On est heureux d'apprendre parce que notre professeur est heureux d'enseigner.
Pensez-vous que le réaménagement du calendrier avec un week-end de deux jours est positif pour l'élève et l'enseignant et leurs rendements ?
Sans détour, cette décision est une erreur. Ce week-end a semé la pagaille et je suis totalement contre à ce qu'on ferme les écoles le vendredi matin. Je reprends l'expression qui dit : « L'encre des savants pèse beaucoup plus que le sang des martyrs », cela veut dire le sacré des sacrés c'est l'encre, c'est-à-dire le savoir. Dans le système éducatif, le sacré c'est lorsqu'on apprend à n'importe quel moment de la journée. Il faut laisser les écoles ouvertes le vendredi matin qui doit être consacré à l'évaluation, la formative et la sommative. Vous conviendriez avec moi que l'évaluation de nos élèves fait défaut. Or, elle est hautement importante. Si l'enseignant ne sait pas ce que son élève a retenu et la somme des connaissances acquises durant la semaine, l'effort est fourni vainement. Avec ce réaménagement du week-end, la journée sera dure à supporter, et pour l'élève et pour l'enseignant.


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