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«L'idée d'endosser le rôle d'un artisan»
Publié dans El Watan le 21 - 01 - 2012

– Dans quel contexte cette nouvelle forme artistique a-t-elle été créée ?
L'idée des bannières a émergé lors d'une période particulièrement difficile de mon existence, quand je dirigeais l'association Afous, créée dans le cadre de l'opération internationale "Les Mains de l'Espoir", en faveur de la paix dans le monde. Les agissements d'une personne, un ancien membre du Front national de Belgique, ont sabordé nos actions. Cette situation a beaucoup affecté mon moral. Je me suis isolé et j'ai même arrêté de peindre durant plusieurs mois. Après ce passage à vide, j'ai réalisé que je n'avais aucun pouvoir de changer le monde. Mais j'ai pris conscience de la nécessité de recommencer à peindre. Je me souviens encore de ce jour. J'étais à Béjaïa, ma ville natale. Il me semble que l'idée d'endosser le rôle d'un artisan qui puise dans le fond symbolique berbère était enfouie dans mon subconscient. C'était pour moi un retour vers l'époque où je vivais à Alger, chez ma sœur, Khedidja Hamsi, connue pour ses créations vestimentaires ornementées de motifs berbères qu'elle brode sur du tissu. Et, dès mon retour à Bruxelles, j'ai acheté du papier spécial et j'ai commencé à dessiner, tracer, colorer, imaginer… En plein ouvrage, je devenais un artisan, un peu comme les potières, les tisseuses, les décoratrices des murs des maisons.
– Vous vous inspirez du fond pictural artisanal berbère. Que représentent ces symboles ?
C'est notamment en Kabylie que j'ai découvert ces motifs géométriques. D'ailleurs, il existe plusieurs écrits qui analysent la signification et le sens de ces symboles dont «Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne» de Jean-Bernard Moreau (Alger, 1976) et «Peintures murales et pratiques magiques dans la tribu des Ouadhias» de M. Devulder (1958). Ces motifs, qui revêtent une dimension symbolique significative, sont omniprésents dans la vie sociale et domestique en Kabylie. Ils ornent les poteries, les bijoux, les tapis, les couvertures en laine. Ils sont également utilisés dans une perspective décorative domestique, notamment sur les murs des maisons kabyles d'antan. Certains ont une fonction ésotérique et magique. Ils portent bonheur et sont utilisés pour répandre le bien et éloigner le mauvais sort. Cet art graphique revêt également une dimension esthétique. Les formes et les couleurs sont agréables à contempler.
– Cette démarche est-elle en rupture avec vos créations précédentes ou représente-t-elle une continuité, voire un renouvellement ?
Je considère ces bannières comme la continuité d'une démarche entamée il y a plus de vingt ans. A travers mes peintures, j'ai voulu mettre en scène la vie quotidienne des hommes et des femmes dans leur environnement naturel, en l'occurrence la Kabylie, ses champs, ses maisons, son soleil, ses coutumes et ses modes d'organisation sociale et spatiale. La création des bannières poursuit un double objectif. D'une part, elle vise à poursuivre ce récit pictural de la vie sociale en Kabylie représentée à travers mes toiles. J'ai voulu également mettre en exergue la dimension ethnographique de ces motifs. J'ai demandé à Daniel Laroche, directeur de la Maison de la Francité à Bruxelles, de produire un écrit sur la signification de ces symboles. Ce texte sera publié dans le catalogue de l'exposition qui permettra au public bruxellois de découvrir la culture berbère et de se familiariser avec son art et sa symbolique. D'autre part, ces nouvelles créations s'inscrivent dans la continuité du travail mené autour de la thématique des mains couvertes de symboles berbères et de motifs crées par mon imaginaire. Contrairement aux mains qui constituent des petits supports, les bannières permettent de réaliser de grandes œuvres. En tant qu'artiste, je cherche à «poursuivre» l'œuvre des artisans, tout en lui conférant une dimension originale, un cachet propre et une destinée nouvelle qui se forgera au fil du temps. En m'inspirant de l'existant, je m'engage dans une démarche qui m'oblige à la réinterprétation de leur sens et de leur fonction et favorise la création de mes propres symboles. Je contribue ainsi à l'enrichissement, voire au renouvellement, du champ pictural symbolique kabyle et berbère qui existe depuis l'Antiquité et représente un art millénaire caractéristique de la culture berbère.
– Les motifs graphiques sur bannières sont réputés comme un moyen d'expression et un savoir-faire des femmes. Est-ce un hommage que vous leur rendez là ?
Oui, c'est avant tout un hommage que je rends aux femmes de Kabylie et d'autres régions de la Berbérie. Leur rôle, à travers les âges, a notamment consisté à sauvegarder et à immortaliser les symboles d'une culture millénaire. A travers leurs gestes créateurs sur les poteries, les tissages ou les murs, une partie de la culture berbère et de sa richesse picturale et graphique s'est transmise de génération en génération. Dans la tradition, les femmes ont la vocation de rester au village. Contrairement aux hommes qui sont contraints de migrer pour trouver du travail et nourrir leur famille, les femmes ne se déplacent pas. Elles sont sédentaires et ont la mission quasi naturelle de veiller à la reproduction de l'ordre des choses dans l'organisation sociale, y compris dans l'art artisanal. En sus de la fonction de l'entretien physique de la famille qui incombe à la femme, celle-ci est, selon Moreau, «seule maîtresse du foyer, gardienne des dieux, prêtresse du rituel traditionnel».
– Quelle est votre part de créativité au plan de la forme et du contenu ?
Les motifs que j'ai reproduits sont notamment ceux dont la symbolique est très répandue : la fécondité, la générosité, la bénédiction des dieux et des saints… Mais une grande partie des motifs est le produit de ma propre invention, par exemple les poissons, l'horloge des saisons, le tournesol ou encore les danseuses. Pour certaines bannières, j'ai innové en utilisant les motifs berbères comme décors du sujet. Des motifs similaires aux symboles berbères ont été retrouvés sur des poteries de plusieurs pays du bassin méditerranéen. Cela prouve qu'il y a eu des rencontres et des échanges entre les peuples de cette région du monde. Partant de ce constat, j'ai conçu mes bannières comme le symbole du lien entre les peuples et les cultures. L'une des plus grandes bannières intitulée Ma terre est formée de neuf bannières (53 x 210 cm). Elle est l'illustration du rêve que je porte en moi : ériger un monde sans frontière, sans guerre, ni haine. Un monde dans lequel chaque être sera porteur de bien pour l'humanité entière. La figure représentée sur l'affiche est une «déesse-mère» qui symbolise la fécondité, le partage, la générosité, le bien-être… Le corps de ce personnage féminin du nom de Lya est couvert de symboles berbères. Elle tient dans ses deux mains deux instruments de la paix : un épi de blé et une bougie dont la fonction est d'éclairer le chemin qu'elle parcourra lors de sa traversée de la Méditerranée pour répandre le blé récolté de sa terre baignée de soleil et qu'elle a soigneusement entreposé dans la coupe d'offrande qu'elle porte sur sa tête. Lya qui joue le rôle d'un lien entre deux espaces géographiques et ses populations, émerge comme la messagère de Dame Nature qui gratifie le monde de ses semences, symboles de la vie et de l'immortalité.
– Quels sont vos projets d'exposition ?
En mai 2012, ces bannières seront exposées à Alger et, en novembre, au grand-duché de Luxembourg. Une exposition à Paris, organisée par la Mairie de Paris, est prévue en septembre ou octobre 2012, et ce, dans le cadre du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (sous réserve). D'autres pays ont été contactés pour exposer ces bannières.


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