Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a exhumé dimanche dernier, lors de la réunion du comité exécutif du parti, un épouvantail dont se sont servis durant la décennie rouge des milieux « bien inspirés » pour accabler les démocrates que l'on a affublés du sobriquet d'« éradicateurs ». Combien d'intellectuels, de cadres, dont le seul crime était de revendiquer leur attachement aux valeurs démocratiques et à la modernité, ont dû payer de leur vie leur rêve d'une Algérie libre et libérée des archaïsmes, tous les archaïsmes, du passé qui freinent son essor ! La lutte contre le terrorisme et l'intégrisme et les succès enregistrés pour éradiquer ce fléau n'auraient jamais été rendus possibles si des hommes et des femmes ne s'étaient pas mobilisés au péril de leur vie pour venir à bout de ce phénomène. Au premier rang, il y avait, et il y a toujours, car le combat continue, l'Armée nationale populaire (ANP) et les forces de sécurité auxquelles il faudrait ajouter les patriotes qui méritent, eux aussi, la reconnaissance et l'hommage appuyé de la nation. Tous des éradicateurs ces soldats de l'ombre et d'une Algérie du XXIe siècle qui ont payé un lourd tribut au terrorisme et sans lesquels l'Algérie était bien partie pour suivre la trace du régime des talibans ? M. Belkhadem avait pourtant bien rallié le camp des « éradicateurs » même si c'était sur le tard et sans grande conviction en montant au créneau après les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 où il ne prenait plus de gants pour appeler à l'éradication (al istisal) pure et simple du terrorisme. Discours de circonstance ? Le fait est que le ministre des Affaires étrangères et secrétaire général du Fln nous ressert un vieux débat instrumentalisé à souhait et dont l'histoire a montré que les vrais éradicateurs ne sont pas ceux que certains milieux « bien-pensants » on désigné du doigt. Pour « vendre » le projet d'amnistie pour lequel le Fln a offert de jouer le rôle de locomotive dans la campagne de sensibilisation qui va s'ouvrir prochainement, Belkhadem n'hésite pas à enfourcher un cheval de bataille qui lui est cher, revenant ainsi à ses premières amours, en passant allègrement du défenseur invétéré de la réconciliation nationale à celui d'éradicateur, avant d'opérer une nouvelle voltige en se proclamant chantre de l'amnistie générale.
