U ne opération de démzlition des constructions illicites, dans le cadre de l'application de la loi draconienne relative au non-respect des lois de l'urbanisme, s'est déroulée hier aux premières heures de la journée dans la cité Ouled B'china, quartier périphérique à l'ouest de la ville de Batna. Un convoi de camions de forces antiémeute, de voitures civiles, à leur tête le chef de daïra, Mohamed Sahraoui, s'est dirigé dès 7 h du matin vers ce quartier où, pour rappel, une action similaire a été entreprise il y a moins d'une année. Une dizaine de maisons, construites non loin du lieu où d'autres ont été démolies lors de la dernière opération, ont été ciblées hier. Une fois la zone sécurisée par le cordon des éléments de la police, le chef de daïra, endossant le rôle de conducteur de travaux, a donné le la aux bulldozers qui, en quelques minutes, ont mis les bâtisses qui avaient nécessité une année de travail, à terre. «Ce qui nous fait le plus mal, c'est l'ordre donné par le chef de daïra en personne, de briser les briques et les portes blindées», ont témoigné plusieurs personnes présentes sur les lieux. En effet un grand tas de briques brisées, qui attendait d'être utilisé, gisait sur les décombres. La besogne terminée, le convoi se met en branle pour se diriger vers une maison de fortune située à quelque 1000 m de là. La mort dans l'âme, des éléments de la Protection civile s'affairaient à faire sortir la maîtresse de maison, enceinte et entourée de 7 enfants en pleurs. Elle tenait dans ses bras le dernier né, et les plus petits, âgés de 2 à 10 ans, s'accrochaient aux pans de ses vêtements en haillons. Le papa, pour sa part, perdu, hagard et sans voix, arrivait mal à contenir sa colère ; il se démenait à gauche et à droite, donnant l'impression de ne pas savoir à quel saint se vouer. «Je vis à Ouled B'china, où je louais une chambre chez un particulier depuis 20 ans ; une tentative d'atteinte à l'honneur de ma femme par ce dernier m'a poussé à venir m'installer dans ce lieu», nous-a-t-il raconté, soutenu par le témoignage de plusieurs voisins qui l'auraient aidé financièrement à acquérir le petit lot qui lui a coûté 250 000 DA. Or le chef de daïra était catégorique : «Il s'est installé ici il y a 4 jours», a-t-il insisté. Il ordonnera ensuite au conducteur du bulldozer de terrasser un monticule à proximité de l'endroit pour ouvrir une voie de passage au convoi. Cette dernière action, faut-il signaler, a suscité la colère des habitants puisque, selon leurs témoignages, il s'agit d'un cimetière où ils enterrent des enfants en bas âges ou mort-nés : «Ce lieu est un cimetière d'enfants qu'on appelle El Manchar», nous ont-ils dit, et beaucoup parmi eux ont déclaré avoir des enfants enterrés sur les lieux. «La force de la loi doit certes s'exprimer, son couperet ne doit néanmoins pas toucher que les petits !» C'est l'expression relayée par toutes les bouches à la fin des opérations.