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Neuf changements pour le Bac

Dans le discours des candidats interviewés, le terme «seuil» prend le sens d'un espace fermé, en dehors duquel il y transgression volontaire d'un accord tacite. Or, si la signification commune du mot est «l'entrée de», en didactique, il définit une «limite au-delà de laquelle se mettent en place de nouvelles conditions». Par ailleurs, ce terme revêt différentes acceptions. Le syntagme «seuil de maîtrise» est le «point qui, sur une échelle de mesure, distingue l'atteinte ou non d'un objectif, la réussite ou l'échec de la réalisation d'une tâche», comme obtenir 60 % à un examen.
Le «seuil de réussite» désigne «le niveau de qualité à partir duquel on peut considérer une performance comme réussie». Il peut être exprimé en nombre (4 items sur 5) ou en pourcentage (score de 80%) comme dans les établissements anglo-saxons. En Algérie, on utilise l'échelle de 0 à 20 et 10 est le seuil minimal requis pour le passage en classe supérieure ou la réussite aux examens certificatifs, 5e AP, BEM et baccalauréat.
Les responsables, enseignants ou syndicalistes du secteur qui se sont exprimés dans les médias ont désigné par «seuil» un nombre limité de cours circonscrits aux deux premiers trimestres de l'année scolaire et en dehors desquels il était exclu d'interroger les élèves. Par ce discours, résigné ou passionné, ils ont implicitement accrédité les expressions qualifiant ce diplôme de «bac au rabais», de «bac politique» ou même de «bac anti-printemps arabe», selon les années. Et le génie algérien trouvera sûrement un qualifiant percutant pour celui de 2013. L'analyse des incidents montre que si les effets sont multiples (violences verbales et physiques envers les surveillants, pleurs, évanouissements, destruction de mobilier scolaire, triche multiforme généralisée, etc.), leur cause est unique : en sa forme actuelle, l'examen du bac est obsolète et il est urgent de le réformer.
Premier changement : arrêter les concessions sur l'allègement des programmes officiels au sujet desquels toute négociation doit être nulle et non avenue ,car, contrairement aux manuels scolaires, qui sont des supports pédagogiques dont l'utilisation est, sous d'autres cieux, laissée à l'appréciation et au libre arbitre de l'équipe pédagogique, l'application rigoureuse des programmes scolaires ne doit souffrir aucune ambiguïté. De plus, en acceptant d'opérer des coupes mettant en péril leur cohérence, pertinence et efficience, la tutelle décrédibilise ces programmes. En supprimant des chapitres entiers, dans le but explicite de calmer les lycéens et d'éviter des manifestations susceptibles de déborder des enceintes scolaires, les décideurs sapent la cohésion interne et la cohérence verticale d'un programme.
Second changement : réformer le système d'évaluation actuellement fondé sur la vérification des connaissances transmises de manière frontale et non point construites et co-construites par les élèves. Axé autour de la restitution de savoirs déclaratifs mémorisés, le système actuel enferme les élèves dans une logique de «tête bien pleine» grâce au psittacisme pur et dur, engendrant la mobilisation de stratégies perfectionnées pour tricher, au détriment d'une «tête bien faite» grâce à la réflexion.
Réussir à obtenir le baccalauréat, diplôme décerné par l'université, devrait signifier que le bachelier a atteint un degré de maturité et de réflexion personnelle, basé sur des savoirs analysés et intégrés et sur des savoir-faire qui, une fois combinés, vont le mener vers un savoir-être (et même à un savoir-devenir en tant que citoyen), gages de l'aptitude à suivre des études supérieures. Lorsque l'on arrivera à former des élèves de ce profil, on pourra leur proposer des sujets de réflexion et même leur laisser leurs documents puisqu'on va évaluer leur capacité à comprendre, analyser, synthétiser, organiser et présenter des informations selon leur propre étayage argumentatif. On en est encore bien loin…
Troisième changement : démythifier l'épreuve de philo, qui traumatise les élèves en l'introduisant le plus tôt possible dans le cursus scolaire. La philosophie est définie comme «une discipline para éducationnelle dont l'objet est la réflexion critique…».
(DAE : 1041) C'est la discipline qui apprend la rigueur : ne rien avancer qu'on ne puisse prouver, mobiliser son intelligence et sa conscience en tout lieu et en toute circonstance. Ce qui devrait être attendu des élèves, après une initiation de 78 heures (à raison de 3h par semaine et un volume de 26 semaines, puisque les terminales sont «libérées» dès la fin avril), ce n'est pas de mémoriser une quantité astronomique de connaissances sur les courants, les écoles, les philosophes, leurs vies et leurs doctrines pour les restituer par «parcœurisme», mais de rédiger une dissertation sur un sujet «philosophique». Apprenons-leur plutôt à engager une réflexion et à la présenter de manière méthodique sur n'importe quel thème.
Par curiosité, je suis allée voir sur Internet quels sujets de philo ont été proposés en 2012 aux candidats libanais, québécois, marocains, français, tunisiens. L'épreuve de philo proposée est construite sur le même format : choix entre trois sujets, deux de réflexion ex nihilo et une explication de texte. Celle-ci est toujours suivie de la consigne suivante : «La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème posé.» Cela prouve que ce n'est pas le volume de connaissances qui est mesuré, mais le repérage de la problématique posée et la façon dont elle est appréhendée.
Les lycéens algériens oublieront le «seuil» lorsqu'on leur proposera de tels sujets et qu'on leur aura appris à réfléchir par eux-mêmes, à argumenter, réfuter, démontrer, défendre une idée, problématiser, exposer, expliquer, résumer, commenter, disserter, synthétiser. Comment s'étonner sinon qu'ils protestent face à un sujet qu'ils n'ont pas traité en classe ou qu'ils n'ont pas bachoté lors des cours de soutien qui grèvent le budget de leurs parents ?
Quatrième changement : casser le tabou relatif à la réforme du bac, en commençant par instituer des épreuves anticipées en 2e année, à l'instar de ce qui se fait dans de nombreux pays, y compris du Sud (Sénégal, Afrique du Sud, Cameroun, etc.). La réforme du bac est l'un des dossiers épineux dont a hérité le nouveau ministre en charge du secteur éducatif, et il est vrai que la tâche n'est pas facile, tant il semble difficile de rénover un système plongé dans un état de profonde léthargie. La question de réformer le bac et les points débattus alors sont encore d'actualité, 30 ans après, et si les idées ne manquaient pas, l'oreille attentive des décideurs a fait cruellement défaut. Nous étions une minorité à militer pour la scission du bac en deux parties, non point par nostalgie ni par mimétisme, mais pour le confort des candidats et la re-crédibilisation du bac, véritable «clé de l'université».
Cinquième changement : valoriser le contrôle continu permet d'atteindre d'un coup quatre objectifs :
1- Alléger la session d'examen : pour chaque filière, seules les matières principales seront soumises à examination et les candidats auront le temps de s'y préparer sérieusement.
2- Accorder de l'importance aux matières dites secondaires en leur appliquant l'évaluation continue. Si on consigne dans une fiche de synthèse (ou portfolio ou carnet de compétences) la moyenne des trois trimestres pour ces matières et si on la comptabilise dans le calcul de la moyenne du bac, leur importance sera reconnue et leur statut amélioré aux yeux des élèves.
3- Instaurer l'assiduité en
classe : le contrôle continu garantit la fréquentation des classes durant toute l'année scolaire et le règlement intérieur des établissements, signé par chaque élève en début d'année doit stipuler que trois absences non justifiées entraînent l'interdiction de composer.
4- Restaurer le statut de l'enseignant «officiel» qui a perdu de son aura, détrôné par celui des cours de soutien. Le contrôle continu permet à l'enseignant de travailler dans un climat serein où le credo serait la réussite de toutes et tous par la revalorisation du travail individuel, en binômes, sous-groupes et en groupe-classe.
Sixième changement : «dépénaliser» la gestion des lycées des Directions de l'éducation. En instaurant un palmarès des lycées et des wilayas, opération aussi inique (les moyens humains et matériels ne sont pas identiques) qu'inutile, le système a érigé la triche en norme. Pour éviter les dernières places du classement, certains responsables ont implicitement cautionné des pratiques réprouvées ou fermé les yeux, ce qui revient au même.
Septième changement : revaloriser l'enseignement-apprentissage des langues, vu qu'elles participent à la structuration mentale de l'apprenant : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et même les sciences les plus dures ne s'expriment qu'au moyen de la langue. Comment poser une hypothèse, faire une démonstration, exposer des résultats, expliquer une démarche, apporter les preuves d'une solution sans recourir à des productions langagières ?
Huitième changement : accorder la primauté à la formation continue des enseignants. Un enseignant formé, compétent sur le plan académique et pédagogique, est capable de mener ses élèves à la réussite. L'absence de solide formation sur ces deux plans maintient l'enseignant dans un rôle d'exécutant, dénué d'esprit critique. On pourrait lui donner le meilleur programme et le meilleur manuel scolaire, il les utiliserait de manière mécanique et linéaire.
Neuvième changement : intégrer véritablement les TICE aux activités de classe. Faire de l'outil informatique un moyen d'apprendre autrement.
La gageure pour le ministre de l'Education est de parvenir à réformer en profondeur le système scolaire afin d'y (ré)introduire, au moyen d'une pédagogie de la réussite, de la première année primaire à la terminale, les valeurs éthiques de travail, de réflexion, d'assiduité, de respect, d'ouverture sur l'autre et sur le monde, de citoyenneté.


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