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Cancer : «A la fin de mon traitement, j'aurai parcouru 2500 km»
Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2015

On a dû lui couper une partie de la langue. Aujourd'hui, elle ne peut plus parler et c'est avec beaucoup de difficultés qu'elle se nourrit», confie Aïcha, sa sœur. «Faute de moyens, on a emprunté plus de 40 millions de centimes pour qu'elle puisse se faire soigner dans cette clinique privée à Blida, car les rendez-vous à l'hôpital se font de plus en plus rares», poursuit-elle.
Fatiha n'est pas un cas à part. Ils sont des milliers à attendre un rendez-vous pour la radiothérapie, en vain. Le professeur Djamaa, chef de service de radiothérapie à l'hôpital de Constantine, a une explication : «Il y a ces ajournements dans les rendez-vous, car nous avons accumulé 20 ans de retard. Il n'y a pas eu de renouvellement des machines depuis 1989, alors qu'il faut le faire au bout de 12 ans. Il y a aussi le fait que le nombre de malades a été multiplié par 5, voire 6.»
La radiothérapie n'est prodiguée que par neuf établissements hospitaliers publics (Ouargla, CPMC, Batna, Constantine, Sétif, Batna, Oran, Misserghine et l'hôpital militaire de Aïn Naâdja) et d'une manière très irrégulière. Les machines étant souvent en panne, seules deux cliniques privées assurent aujourd'hui des soins de radiothérapie : une à Blida et une autre à Constantine. Si, selon quelques spécialistes, l'Algérie enregistre chaque année 45 000 nouveaux cas de cancer, toutes formes confondues, dont plus de la moitié doit impérativement recourir à la radiothérapie, le pays souffre d' un très grand manque en appareils.
Actuellement, seules 14 machines existent dans tout le pays et cela ne semble pas suffisant pour traiter la maladie du siècle. «La situation actuelle exige qu'on ait 75 à 80 appareils pour prendre en charge tous les malades. Cependant, un service de radiothérapie est très complexe, et il n'est pas possible d'en implanter partout pour des raisons de sécurité», explique le professeur M'hamed Afiane, ancien chef de service de radiothérapie au CPMC.
Cobalt
«On est loin d'être dans les normes minimales internationales, explique le professeur Djamaâ. Théoriquement, il nous faut au minimum deux machines pour un million de personnes, sachant que nous sommes 40 millions aujourd'hui, nous avons donc besoin d'au moins 80 machines.» Même constat avancé par une spécialiste de Constantine. Elle raconte : «Si on parle de normes internationales, on doit souligner qu'on en est très loin.
Sinon, comment peut-on expliquer que dans certains établissements, on utilise encore le cobalt, alors qu'en Europe il est retiré pour ses nombreux désavantages, tels que le fait qu'il ne peut pas protéger quelques organes des radiations et qu'il ne traite que les tumeurs superficielles ?». Elle poursuit : «Nous sommes face à une situation alarmante, car certains malades ont dû refaire deux fois la chimiothérapie, car la maladie a récidivé. Il s'agit d'un problème global, qui va de l'acquisition d'accélérateurs, à la formation du personnel, comme les radiothérapeutes, les manipulateurs, les physiciens et les gestionnaires.»
Dans les faits pourtant, l'Etat ne cesse de promettre une amélioration dans la prise en charge des cancéreux. «Rien n'a été fait», martèle la radiothérapeute. «Au contraire, il y a un gros problème d'organisation et de mauvaise gestion, en plus de l'absence de coordination entre les différents services.» Si certains spécialistes justifient le retard dans les rendez-vous par le manque de machines, la source anonyme apporte une autre explication : «En plus du manque d'appareils, il n'y a pas assez de moyens de contention.
C'est-à-dire qu'un malade peut voir son rendez-vous reporté, car il n'y a pas de masques, la marchandise étant bloquée au port». Ainsi, la défaillance de soins de radiothérapie à l'échelle nationale oblige encore les malades à venir de très loin. Malika* vient de Saïda. Très timide, on n'entend presque pas sa voix. «Vu la cherté des soins, du déplacement et de l'hébergement sur place, je me suis tournée vers l'association Hadj Belkacem. Cette dernière nous assure le déplacement, l'hébergement et la nourriture», confie-elle. «Si je pouvais me faire soigner près de chez moi, jamais je ne me serais déplacée jusqu'ici», confie-t-elle.
Attente
Malika arrive vers 6h du matin à la clinique pour passer parmi les premiers. «Ici, c'est le premier arrivé qui est le premier servi. Ce centre nous assure un soin indispensable à notre guérison. On aurait aimé avoir le même près de chez nous… Dommage !» affirme-t-elle. Cette longue attente dans les rendez-vous de la radiothérapie, selon le professeur Afiane, a des répercussions sur la santé des malades.
Ce dernier explique : «Les délais sont très importants et doivent être respectés, car plus l'attente est longue, plus les chances de guérison sont faibles.» C'est justement pour cette raison que Linda* s'est orientée vers le privé. Habitant à Bouzaréah, cette maman de 45 ans vient tous les matins à Blida pour faire sa séance de radiothérapie. «Le plus agaçant dans cette histoire, c'est l'absence de centre spécialisé. On est obligés de venir jusqu'ici pour faire nos soins», déplore-t-elle. «Tous les jours c'est le même rituel.
On se lève relativement tôt pour déposer nos enfants chez leur grand-mère à Alger-Centre, puis direction la clinique.». Cette maman au moral d'acier confie : «Heureusement que nous avons une voiture, car généralement les taxis demandent près 3000 DA pour vous conduire à Blida.» Atteinte d'un cancer du sein, elle affirme avoir bien été prise en charge pour l'opération (ablation du sein), ainsi que pour la chimiothérapie. «Quand est arrivé le moment de commencer ma radiothérapie, aucun rendez-vous ne s'est dégagé. Je ne voulais pas prendre le risque d'attendre, je me suis donc orientée vers le privé», raconte-t-elle. «Je ne comprends pas pourquoi l'Etat n'a pas pensé à créer des centres spécialisés sur tout le territoire national.
J'enrage quand je vois que l'Algérie, qui dispose pourtant de ressources financières colossales, ne peut soigner ses malades et préfère les utiliser pour construire une énième mosquée, alors que celles qui existent déjà ne sont remplies qu'à moitié», déplore-t-elle. Malgré le coût des soins, cette coiffeuse estime que la santé n'a pas de prix : «C'est cher, mais pas plus cher qu'une vie auprès de ses enfants. Il est clair que ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de se soigner chez le privé, d'où la nécessité de créer plus de centres. Plus l'offre est disponible, moins les frais seront coûteux», conclut-elle.
Privilège
Si certains comptent les frais, d'autres comptent les kilomètres. C'est le cas de Samira*, 60 ans. «A la fin de mon traitement, j'aurais parcouru plus de 2500 km», souligne-t-elle. Pour se soigner d'un cancer du sein, Samira, résidant à Alger- Centre, doit se rendre tous les matins à la clinique privée de Blida. «A l'hôpital, c'est la débandade. On m'a appelée début novembre (soit deux mois après mon intervention) pour faire le traçage pour la radiothérapie.
Le jour J, la machine est tombée en panne, et on m'a fixé un rendez-vous une semaine plus tard. Finalement, c'est jusqu'à fin février (soit plus de trois mois après mon intervention) qu'on m'a appelée pour commencer les soins. Bien évidemment, je ne les ai pas attendus et je me suis vite orientée vers le privé sinon je serais morte», raconte-elle. «C'est grave que dans un pays comme l'Algérie l'accès aux soins de la radiothérapie relève du miracle. Seuls les hauts placés ont ce privilège», se désole-t-elle. Cette dernière propose : «Au lieu d'effacer les dettes des pays, l'Etat algérien aurait dû commencer par soigner son peuple en créant plus de centres contre le cancer par exemple.
Pourquoi jeter notre argent par les fenêtres ?» Autre point sensible évoqué par Samira : le remboursement des frais médicaux. «Je me demande pourquoi la caisse nationale refuse de rembourser ces soins alors qu'on a cotisé toute notre vie ?» s'interroge-t-elle. Elle propose même des solutions «logiques» selon elle : «Si l'hôpital monnayait ses séances à un prix raisonnable, tout le monde serait gagnant. Il aurait de quoi entretenir ses machines et les malades auront où se soigner.»


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