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«L'utilisation de la planche à billets à grande échelle, aucune réforme structurelle et un dinar surévalué sont le pire scénario»
Nour Meddahi. Economiste
Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2019

Eminent professeur d'économétrie et finances à la Toulouse School of Economics, Nour Meddahi nous livre dans cet entretien ses analyses et projections sur les perspectives économiques du pays en 2019.

Comment s'annonce la santé financière du pays pour 2019, la dernière du quinquennat ?
Pour répondre à votre question, je vais me concentrer sur les recettes et dépenses de l'Etat, les exportations et importations de biens du pays. Je vais comparer la période actuelle avec celle du passé, ce qui m'oblige à tout rapporter au PIB.
Le tableau donne la moyenne en pourcentage du PIB de ces variables sur des sous-périodes et pour les années à partir du contre-choc pétrolier de 2014.
Pour les recettes, elles devraient être de 29,1% du PIB avec un prix de baril de 60 dollars qui est un scénario raisonnable (puisque la moyenne du prix du baril de brent sur les 30 derniers jours est de 58 dollars) et de 30,7% avec un baril à 70 dollars, contre 33,4% pour 2018, où le prix moyen du baril était de 71,8 dollars.
La baisse des recettes en 2019 par rapport à 2018 s'explique par la diminution des dividendes versés par la Banque d'Algérie (BA) qui ont été de 1165 milliards DA (5,7% du PIB) en 2018 contre 600 mds (2,8%) de prévus pour 2019.
Ces dividendes exceptionnels proviennent des bénéfices que la BA réalise en vendant ses devises pour combler le déficit de la balance de paiement, avec un bénéfice de 43 DA pour chaque dollar vendu, puisqu'un dollar est à 118 DA alors qu'il était à 75 DA au moment de l'accumulation des réserves de change.
Le niveau des recettes de 2019 est clairement bas par rapport au passé et il est semblable à la période 1994-1998. Une comparaison très intéressante est l'année 2015, où le prix du baril était de 53 dollars. On constate que les recettes pétrolières de 2015 ont été de 14,2%, contre 10,8% pour 2019, avec un baril à 60 dollars, malgré une hausse de 6,4% des volumes exportés.
La raison de cette baisse est la forte surévaluation actuelle du dinar, alors qu'il l'était nettement moins en 2015. Le dinar est surévalué d'au moins 25%, c'est-à-dire qu'un dollar devrait valoir au moins 160 DA.
Dans un tel contexte, les recettes pétrolières seraient de 33% plus élevées, par exemple 920 mds pour 2018. Pour bien situer ce montant, je rappelle que l'impôt sur les salaires a rapporté 705 mds en 2017 et que le budget du ministère de l'Education pour 2019 est de 710 mds.
Pour les dépenses, le niveau des deux dernières mandatures est très élevé. C'est aussi le cas pour 2019, avec des dépenses sous-estimées, car c'est le FNI qui va prêter 600 milliards DA (2,8%) à la Caisse des retraites pour combler son déficit. Un léger ajustement budgétaire a été entamé par la LF 2016, ajustement devenu plus conséquent dans la LF 2017.
Cet ajustement a été stoppé en octobre 2017, avec un virage à 180 degrés opéré par la LF 2018, avec des dépenses de 42,1%, tirées principalement par les dépenses d'équipement.
La bonne tenue des prix pétroliers en 2018 a permis d'avoir des recettes meilleures que prévues.
Que se passera-t-il en 2019 ? Il est important de noter que les dépenses de fonctionnement sont à un niveau historique un peu au-dessus de la moyenne. Elles ont fortement augmenté en 2011 et 2012 (26,8% et 29,7% du PIB) mais sont gelées depuis, ce qui les a fait baisser en termes réels une fois rapportées au PIB.
Les exportations sont plutôt faibles depuis le contre-choc pétrolier de 2014 (20,6%), nettement meilleures que celles de la période 1986-1988 (12,7%), un peu en dessous de celles de la période 1989-1993 (21,9%), et nettement en dessous de celles de 1994-1999 (25,1%) et donc de la période 2000-2014 (37%).
L'année 2018 est la meilleure depuis 2015. Selon le prix du baril, l'année 2019 devrait être légèrement en dessous de celle de 2018, avec un baril à 70 dollars et à plus de 3% du PIB avec un baril à 60 dollars.
Pour les importations, elles sont élevées depuis 2009, avec une moyenne très élevée depuis le contre-choc pétrolier (29,3%). Seule la période 1972-1979 a connu un niveau aussi élevé (30%), au moment de l'industrialisation massive du pays. Les importations sont en constante baisse depuis 2015, mais elles restent élevées, de 2 à 3 % du PIB (3,6 à 5,4 mds de dollars).
C'est d'autant plus problématique que l'importation de biens d'équipement, moteur de croissance s'il est en baisse.
Encore une fois, la surévaluation du dinar favorise les importations, au détriment de la production nationale, comme leur surfacturation, puisque la prime du marché parallèle est de 50%. Notons qu'au déficit de la balance commerciale, s'ajoute celui des services qui est énorme (6% du PIB).
Ainsi, non seulement la structure du commerce extérieur n'est pas optimale pour la croissance, mais de surcroît le problème du déficit endémique de la balance des paiements reste entier.
Quels sont les risques les plus pesants sur l'économie nationale dans ce contexte mondial ?
Nous assistons à des conflits commerciaux, avec un protectionnisme qui revient en force, et le plus surprenant est que ce sont les Etats-Unis qui sont à la tête de ce combat. Une conséquence directe est le ralentissement de l'économie mondiale, qui aura comme effet une baisse de la demande des hydrocarbures et de leurs prix.
Nous observons par ailleurs un ralentissement de la croissance en Europe, qui est notre premier client. L'autre risque est une augmentation de l'inflation, du moins aux Etats-Unis, ce qui pourrait accroître l'inflation importée. Enfin, le dernier point concerne le prix du gaz. Les contrats algériens avec ses partenaires européens arrivent à terme entre 2019 et 2021.
Dans ces contrats, le prix du gaz est indexé sur celui du pétrole. La volonté des partenaires européens est de prendre le prix spot du gaz qui est plus faible. Sonatrach a signé de nouveaux contrats avec les Espagnols et les Italiens, mais n'a pas communiqué sur l'indexation du prix, probablement le prix spot. Or ce prix risque de baisser encore plus avec l'arrivée du gaz américain et qatari sur le marché du sud de l'Europe.
Quel serait l'impact de la baisse des cours du pétrole ?
La LF 2019 prévoit à peu près le même volume d'exportation d'hydrocarbures en 2019 qu'en 2018. Avec ce volume, et en ignorant la question du prix du gaz, une variation d'un dollar du prix du baril représente 330 millions de dollars de recettes fiscales et de 530 millions de dollars d'exportation.
On peut donc évaluer l'impact de chaque scénario, comme dans le cas du tableau. Par exemple, le scénario où le prix d'un baril est à 50 dollars représenterait une baisse de 3,3 mds de dollars (1,8% du PIB) de recettes pétrolières par rapport au scénario de 60 dollars le baril, augmentant le déficit budgétaire, et une baisse de 5,3 mds de dollars (2,9% du PIB) des exportations, qui se répercuteraient dans la baisse des réserves de change.
Quelles sont les alternatives en dehors de la planche à billets ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de faire un rappel. J'ai été favorable à la planche à billets dans le cadre de la trajectoire budgétaire de la LF 2017, avec mise en place des réformes structurelles et une baisse de la valeur du dinar. La situation actuelle avec utilisation de la planche à billets à grande échelle, aucune réforme structurelle et un dinar surévalué est le pire scénario.
De fait, après le départ de l'ancien gouverneur de la BA, j'ai donné une interview le 11 juin 2016 à Maghreb Emergent, où j'ai prédit la situation actuelle comme probable. J'ai été agréablement surpris en découvrant le projet de LF 2017 et sa trajectoire budgétaire qui, pour la partie dépenses, était de 35,5% du PIB pour 2017, 31,5% pour 2018 et 30,1% pour 2019, à comparer avec les 39,1% de 2017 suite au dérapage dépensier du dernier trimestre 2017, les 42,1% de 2018 et les 39,3% prévus pour 2019.
Si la trajectoire de la LF 2017 avait été maintenue, le pays n'aurait pas eu besoin de l'utilisation de la planche à billets en 2018 et encore moins en 2019 pour cause de hausse du prix du pétrole. Evidemment, la LF 2017 était très contraignante et nous avons observé un ralentissement de la croissance, nécessitant le lancement de réformes.
Je pense que l'ancien Premier ministre comptait le faire après les élections de mai 2017, puisqu'il a rendu public le rapport de la task force en avril 2017, rapport adopté en Conseil des ministres en juillet 2016.
Pour revenir à votre question, je l'ai longuement abordée dans le document que j'ai rendu public en novembre 2017. Il faut d'abord dépenser moins, car un niveau de 39% est trop élevé.
Il faut baisser la valeur du dinar pour augmenter les recettes pétrolières et celles liées aux importations, et aussi pour diminuer ces importations. Je rappelle que la valeur en dollars des importations de 2015 a baissé par rapport à celle de 2014, mais que sa valeur en dinars a augmenté, car la valeur du dinar a diminué.
Ceci aurait évidemment une incidence sur l'inflation et donc le pouvoir d'achat. Je suis favorable à la baisse de l'impôt sur le revenu, du moins pour les taux des deux premières tranches, et à l'augmentation de toutes les prestations sociales et des allocations familiales.
Ceci implique une réforme fiscale combinée à une baisse des subventions, en particulier les subventions énergétiques.
Il faut aussi privatiser certaines entreprises par la Bourse pour éviter la prédation des oligarques. Il faut faire des privatisations en plusieurs étapes, par exemple par tranches de 20% des entreprises, afin d'éviter ce que l'on appelle le «fire-sale», c'est-à-dire la vente à prix cassé. Etant donné l'état actuel de l'économie, les montants engendrés seront relativement bas.
Par contre, la valeur de ces entreprises devrait augmenter avec l'amélioration de l'état de l'économie et une meilleure gestion de ces entreprises, ce qui sera intéressant pour la privatisation des tranches ultérieures.
Il faut reprendre les emprunts nationaux. Il faut bien comprendre qu'actuellement certaines entreprises publiques comme Air Algérie, Algérie Télécom et Sonelgaz sont en train de siphonner le gros des liquidités bancaires, liquidités provenant de la planche à billets.
En plus, certaines entreprises ne pourront pas rembourser ces crédits. Il faut absolument arrêter les investissements de Sonelgaz, 300 milliards DA en 2017, qui sont faits pour faire face à la pointe de consommation de l'été, pointe qui ne progresse plus.
De la même manière, est-ce que le pays a actuellement les moyens de renouveler toute la flotte d'Air Algérie ? Enfin, il y a l'endettement externe sous ses deux formes. Il y a les prêts auprès des institutions internationales, comme la Banque mondiale (BM) et la BAD.
Ces prêts seraient à des taux faibles, à rembourser dans une date lointaine, et serviraient à financer des projets productifs ou de grandes infrastructures. Je suis très favorable.
En plus de l'aide financière, impliquer la BM dans un grand projet serait un gage de bonne gestion et de lutte contre la corruption. Mais les montants que le pays peut emprunter seraient faibles, au maximum 2% du PIB par an.
Il y a ensuite l'endettement sur les marchés internationaux. Je ne suis pas favorable. Les montants seraient faibles par rapport aux besoins immédiats, ils seraient à des taux très élevés à cause du risque de défaut véhiculé par l'énormité des déficits budgétaires et de la balance des paiements, le dinar étant très surévalué, le remboursement de cette dette externe sera très élevé car il se fera après l'inévitable réajustement du dinar.
Notre pays pourra recourir à ce type d'endettement une fois le dinar ajusté et les déficits revenus à des niveaux raisonnables (moins de 3% du PIB).
Je tiens à terminer ma réponse en précisant que la BA et le Trésor gèrent très bien le programme de la planche à billets, malgré les gros montants mis en jeu, soit 12,4% du PIB, effectivement dépensés à fin septembre sur le montant global de 25,3% du PIB mis en place à fin novembre. Il faut absolument continuer d'injecter l'argent dans l'économie de manière graduelle.
Ceci s'applique aussi pour la nouvelle tranche destinée à Sonatrach et au FNI : il faut leur verser des montants mensuels en fonction de leurs besoins pour ne pas trop accroître la liquidité bancaire. Et il faut évidemment lancer les réformes structurelles.


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