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Farès Bourkeb : Le «happy-culteur» de Melbou
Publié dans El Watan le 31 - 07 - 2015

Au volant de son 4×4 pick-up, Farès Bourkeb nous emmène sur les routes étroites et poussiéreuses des hauteurs de Melbou, jusqu'au point de départ des multiples randonnées qu'il propose aux touristes. «Avec ces chemins escarpés, j'ai été un peu forcé de prendre une voiture tout-terrain. Mais je n'aurais jamais acheté un 4×4 en ville», se justifie-t-il très vite, sans qu'aucune remarque n'ait été faite. Il faut dire que la préservation de la nature, c'est un peu son dada.
C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a une quinzaine d'années, lui et ses copains ont eu l'idée de créer l'Association de promotion du tourisme et de l'environnement, à travers laquelle il propose des randonnées écologiques aux touristes ou aux gens du coin. «L'esprit de l'association, c'est de promouvoir l'écotourisme. L'écologie et l'économie, c'est-à-dire de protéger la nature, mais aussi que le tourisme profite aux gens de la région, qu'ils y gagnent, y compris financièrement», explique-t-il, la tête plongée dans le classeur répertoriant les plantes de la région qui lui sert de support lors des excursions.
Mais la majorité de ses connaissances ne se trouve pas dans ce portfolio. Car Farès semble connaître personnellement chaque arbre et chaque source naturelle qui peuple les montagnes de la chaîne des Babors, près desquelles il a grandi. Un savoir qu'il n'hésite d'ailleurs pas à partager avec les marcheurs. «Ça, c'est de l'inule visqueuse», précise-t-il, en s'arrêtant près d'une plante basse aux feuilles ovales et touffues. «Avec ça, les abeilles font du miel magnifique, presque blanc.»
A côté de lui, Nabil, un ami d'enfance de Farès, également membre fondateur de l'association, ajoute : «C'est aussi une plante qui a des vertus coagulantes, on l'utilise généralement pour aider les plaies à cicatriser.» Sans se décourager une seconde, ces deux trentenaires amoureux de la nature défendent le patrimoine de leur région. Il y a quelques années, ils ont installé un panneau «Lavage interdit» près d'une source que les habitants de la ville avaient l'habitude d'utiliser pour laver leurs voitures à grands coups de détergents. «Mais il y a encore du travail», soupire Farès, en voyant le nombre de bouteilles et de sacs plastiques échoués dans le ruisselet.
Mes abeilles
Passage obligé de chaque randonnée : le rucher de Farès, installé au sommet d'une montagne surplombant la baie de Béjaïa. «C'est ici que je veux finir mes jours», glisse-t-il dans un murmure. Au beau milieu de ses 80 ruches. D'ailleurs ici, tout le monde le surnomme l'abeille. Parce que Farès pense constamment à ses petites protégées et que sa vie est rythmée par ses départs en transhumance, des voyages durant lesquels il amène ses abeilles d'une région florale à une autre. Nabil, lui, est fils d'apiculteur. «Mais il n'est pas tombé amoureux des abeilles comme moi», raconte Farès avec douceur. «Parfois, je les espionne même. Je colle un stéthoscope sur le bois, et je vérifie que tout va bien sans avoir à ouvrir la ruche», avoue-t-il, amusé.
Au beau milieu de la nature libre et sauvage, Farès déroule sa culture sur les abeilles face à des randonneurs avides de connaissance. Car c'est un sujet que cet ancien étudiant en médecine vétérinaire connaît sur le bout des doigts. Déjà en 2002, son sujet de mémoire portait sur l'«Etude de la varroase dans la région de la Mitidja», une maladie très contagieuse qui touche les abeilles, provoquée par un parasite nommé Varroa Jacobsoni.
C'est grâce à ces insectes hyménoptères que l'apiculteur, qui ne produit que du miel biologique, a d'ailleurs appris bon nombre de ce qu'il sait sur la nature. Les dégâts de la monoculture, les périodes de floraison de tel ou tel arbuste, ou encore les méfaits provoqués par les pesticides. Les abeilles l'ont même poussé à arrêter de fumer, «parce qu'il faut avoir une bonne condition physique pour s'occuper d'elles».
Mais Farès a remplacé une dépendance par une autre. Aujourd'hui il se dit, en blaguant, «addict à la piqûre d'abeille». Avant d'affirmer, beaucoup plus sérieusement, «c'est comme une drogue, vraiment ! D'ailleurs, il y a une molécule dans le venin d'abeille responsable de l'addiction». Depuis qu'il s'est découvert cette passion pour l'apiculture, il y a des années de cela, tout le ramène aux abeilles et à leur miel, sauf son sourire, on ne peut plus sincère.
Mayo au pollen
C'est d'ailleurs avec ce même franc sourire qu'il accueille ses clients et futurs randonneurs, souvent recrutés au détour d'une conversation dans la pizzeria qu'il dirige avec son frère dans le centre-ville de Melbou. «Pendant les meilleurs années, l'été, on avait des randonneurs toutes les semaines. Mais depuis quelque temps, les touristes étrangers ont peur de venir dans les pays du Maghreb et ça devient beaucoup plus rare d'en emmener en ballade», admet-il.
A l'inverse, il affirme que les touristes nationaux, bien qu'un peu frileux en matière d'activités en pleine nature, sont de plus en plus nombreux à faire appel à l'association. «Le dernier groupe qu'on a eu venait de la région de Jijel. Une vingtaine de personnes qui voulait découvrir les environs», développe-t-il. Pour être certains que les marches plaisent au plus grand nombre, les deux comparses randonneurs adaptent les trajets aux capacités physiques du groupe.
«Nous voulons encourager les habitants de la région à respecter les lieux en les aidant à les découvrir. Mais c'est un vrai plaisir pour nous aussi de faire ces marches, parce qu'on apprend énormément au contact des gens. Par exemple sur l'utilisation possible de telle ou telle plante, ou sur certains fonctionnements naturels. Il y a toujours à découvrir», s'enthousiasme Farès. La durée des randonnées oscille entre une heure et huit heures par jour, en fonction des envies, et pour garantir le confort de tous, l'association prend généralement en charge le déjeuner des sportifs. Fasciné par le monde qui l'entoure, Farès a érigé la spontanéité et le contact avec la nature comme principe fondateur de sa vie.
Parfois, il ferme sa pizzeria pendant plusieurs mois pour descendre dans le sud du pays, à la recherche d'un climat plus agréable pour ses abeilles. Mais il revient toujours à Melbou et aux montagnes de la Kabylie, afin de partager son miel en provenance directe de Béchar. Et aussi parce qu'il se plaît à étonner les clients de sa pizzeria en leur apprenant que dans la mayonnaise qu'ils ont grassement étalée sur leur pizza, ils ont dégusté du pollen de première qualité. L'ingrédient secret de la mayonnaise «façon Farès l'abeille».


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