– La problématique du plagiat prend des proportions très inquiétantes. Peut-on quantifier ce mal par rapport aux études et autres recherches produites ? On ne peut pas quantifier ce phénomène car nous ne disposons ni des moyens ni des méthodes nécessaires. Car pour contrôler, il faut aussi des outils comme par exemple Turnitin, qui est un système opérationnel dans toute l'Europe et en Amérique. Mais, en Algérie, il n'est pas encore appliqué. – Peut-on savoir, par exemple, quelle est la proportion de doctorants tricheurs ? Il y a bien des cas enregistrés aux universités d'Alger, de Biskra ou de Ouargla, mais les cas révélés restent très rares. Car nous n'avons pas les moyens de les contrôler avec des méthodes appropriées. – Ce phénomène touche énormément de responsables et de cadres… Enormément, oui. – Selon les intervenants à la conférence, il y aurait plus de doctorants qui plagient que d'étudiants… Il y a de ça, mais c'est un peu exagéré. J'ai moi-même vu des étudiants dans les cybercafés effectuer un travail de recherche, changer le nom de l'auteur, le thème parfois et la problématique de recherche mais qui gardent le même contenu. J'ai même vu des étudiants et des lycéens donner simplement le sujet au propriétaire du cyber en fixant le nombre de feuillets, ce dernier fait la recherche à leur place et eux payent la prestation ! – Qu'est-ce qui pousse un docteur à plagier ? Il y a beaucoup de variables qui poussent le chercheur à tricher. Nous n'avons pas un climat de recherche qui motive le chercheur. Par climat, je veux dire l'aspect psychologique, l'environnement, l'aspect financier. Par exemple, la valorisation de la recherche pose problème. Beaucoup de recherches ont été faites dans tous les domaines, mais on attend toujours leur application sur le terrain. Un grand nombre de thèmes se répètent pendant des années et ces thématiques sont toujours acceptées. Et comme il n'y a pas de système de contrôle opérationnel comme Turnitin, il devient très compliqué, voire impossible, de lutter contre ces doublons. On peut citer également le système éducatif comme variable qui pousse vers le plagiat. Ce système n'est pas conforme à la réalité. Et on y pousse les élèves des lycées et du primaire au plagiat. Notre système éducatif est handicapé. – Le système de promotion des enseignants et des cadres a-t-il une responsabilité dans le plagiat ? Ne favorise-t-il pas le copier-coller ? Si, absolument. Et ce sont les commissions nationales d'habilitation et d'homologation des thèses qui posent problème, car il n'y a pas de critères clairs et valables pour évaluer un travail scientifique. – Si l'on devait prendre une mesure concrète pour stopper le plagiat, quelle serait-elle ? C'est la volonté politique.
