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La tragédie de Haïti, au-delà de la catastrophe naturelle
L'analyse de Adolphine Dibangui. Mastère en droits de l'homme
Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2010

Devant l'ampleur de la catastrophe en Haïti et du nombre de victimes, on ne peut que s'interroger sur l'importance des dégâts causés par le tremblement de terre. Aurait-il été si meurtrier et dévastateur si le pays n'était pas engoncé dans un tel état de pauvreté ? Les fragiles bidonvilles et le manque d'infrastructures, qui ont sans nul doute amplifié les conséquences de la catastrophe, sont un signe évident de la pauvreté en Haïti.
D'après le rapport 2007 du Programme des Nations unies pour le développement, 78% de la population y vivent avec moins de 2 dollars et plus de la moitié (53,2%) avec moins d'un dollar par jour. Qu'est-ce qui explique, en Haïti, cette paupérisation aiguë des populations qui a conduit, avec le cataclysme du récent tremblement de terre, à l'anéantissement de l'île ? C'est d'abord une longue liste de politiques imposées de l'extérieur par les institutions internationales, notamment les politiques d'ajustement structurel prônées par le consensus de Washington. Elles consistent à pratiquer des réformes pro-marché, en soi plutôt une bonne chose pour le développement, mais sans le socle institutionnel nécessaire, l'échec est inévitable. Les indicateurs de la qualité institutionnelle ne trompent pas : en 2009, Haïti est classée 168e sur 180 dans l'indicateur de perception de la corruption, 154e sur 183 pour le climat des affaires.
Le pays a ainsi subi la restriction budgétaire, le gel des salaires, les réformes fiscales et une privatisation hâtive dès le début des années 1980. Dans ce contexte, en 2003, la libéralisation sans les institutions du marché avait eu pour résultat une augmentation des prix des produits de base. Ce qui a fait grimper le taux d'inflation de 26,1% et chuter l'économie du pays. En 2009, Haïti se positionne à la 149e place du classement mondial de l'indicateur de développement humain, avec un PIB par habitant de 410 dollars et 78% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Dans le même temps, son autosuffisance alimentaire a été fortement diminuée.
Alors que dans les années 1970, elle produisait près de 90% de son riz, un aliment de première consommation pour les Haïtiens, elle subit la pression des institutions financières internationales dans le cadre des programmes d'ajustement structurel pour l'ouverture de son marché. Le consommateur haïtien peut y gagner, mais les règles du jeu ne sont pas honnêtes : en 2008, ses produits de base alimentaires proviennent alors, pour l'essentiel, des USA où l'agriculture est subventionnée, contrairement aux principes même du consensus de Washington. La dépendance est donc créée de manière politique. La déforestation, les multiples cyclones, la hausse des cours mondiaux des produits céréaliers ainsi que l'absence de réformes agraires de la part du gouvernement haïtien ont aggravé le problème de la faim en Haïti. (...) Mais c'est aussi la dépendance de la dette qui mine le pays.
S'étant affranchie du joug de l'esclavage et indépendante depuis 200 ans en payant paradoxalement sa liberté à la France par une indemnisation aux colons français de 1825 à 1938, l'île croule aujourd'hui sous le poids de la dette contractée auprès des institutions financières internationales. Le montant de la dette perçue au titre de l'aide au développement s'élève aujourd'hui, d'après le CADTM, à près de 1884 millions de dollars avec les indemnités et les pénalités. En 2005 déjà, Haïti a dû verser à la Banque mondiale près de 52,6 millions de dollars. Si ces multiples réformes préconisées par le consensus de Washington et ces dettes honteuses quasiment imposées à Haïti ont contribué à sa paupérisation exorbitante, suffisent-elles pour autant à expliquer la tragédie haïtienne ? L'Etat haïtien est en effet aussi responsable de cette pauvreté et de cette dette qu'il a gaspillée. Pour cela, il faut bien comprendre l'histoire du pays. Depuis 200 ans, la gestion politique est chaotique en Haïti.
Gangrenée par les luttes fractionnelles pour le pouvoir, par le clientélisme et la corruption alimentée par les nombreuses phases d'insécurité et d'instabilité politique, la nation haïtienne n'a jamais pu mettre en œuvre les mesures de développement efficaces et les réformes appropriées. Loin de l'intérêt général, les dirigeants politiques de Haïti ont le plus souvent été occupés à ruiner le pays au détriment de la population qui sombre dans la pauvreté. Après le règne des Duvalier père et fils, de 1957 à 1986, qui marqua la décadence politique en Haïti et le pillage du pays par la famille, l'espoir vient de Jean Bertrand Aristide, président démocratiquement élu. Mais celui-ci déçoit et quitte le pouvoir en 2004. Il est vrai qu'il a dû affronter les grandes familles importatrices qui tiennent le pays sous leur coupe.
Après la tutelle de l'ONU de 2004 à 2006, René Duval est élu président et hérite du pouvoir. Au vu du niveau catastrophique des indicateurs de qualité institutionnelle, on comprend que le développement économique de son peuple ne soit pas au rendez-vous. L'intérêt du peuple n'est pas pris en compte. Ainsi, le pays ne produit rien ou presque et vit essentiellement des importations et de l'aide alimentaire ; l'économie reste en profonde récession. Institutionnellement, au niveau national, la tutelle onusienne est toujours présente et vu les circonstances désastreuses qu'a provoquées le séisme, elle le restera encore longtemps.
L'après-séisme devrait permettre la mise sur pied d'une Constitution qui consoliderait l'Etat de droit et renforcerait les institutions du pays. Ce qui est crucial non seulement pour les futures réformes institutionnelles, mais aussi pour la stabilité et les révisions nécessaires à l'investissement et au développement économique de Haïti. Dans ces circonstances très exceptionnelles, il serait sans doute primordial pour la communauté internationale d'annuler la dette haïtienne en contrepartie de la mise en place de vraies réformes institutionnelles afin de lui donner une bouffée d'oxygène.
Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org


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