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Délices du regard
Publié dans El Watan le 27 - 02 - 2016

Riche de ses 85 ans d'existence, il a vécu des aventures trépidantes. Restauré en 1998, il attire actuellement un large public essentiellement composé de jeunes…
Entre le verdoyant Bois des Arcades et la grande bleue, une douce brise vous souhaite la bienvenue en pénétrant au Musée des beaux-arts. Le bâtiment est situé en contrebas de Riadh El Feth et Dar Abdellatif (autre haut lieu artistique de la ville). Il surplombe le Jardin d'Essai avec une superbe perspective qui traverse parfaitement le jardin jusqu'à la mer avec un panorama imprenable sur le côté oriental de la baie d'Alger.
Cette beauté du site a présidé au plan rectiligne et symétrique de cette monumentale construction imaginée par l'architecte Paul Guion, natif de Guelma. Le musée est également entouré par la «Grotte de Cervantès» où l'auteur de Don Quichotte se serait caché pour échapper à sa captivité et la Bibliothèque nationale d'El Hamma. Autant dire que les alentours ont une épaisseur historique et culturelle où le musée trouve naturellement sa place.
Abritant plus de 8000 œuvres, allant du Moyen-âge européen à la peinture moderne algérienne, la riche collection du musée (qui le place en première position en Algérie, dans le monde arabe et en Afrique) est le fruit d'une histoire extraordinaire qui court tout au long du siècle dernier. «Cette collection n'est pas née en 1930, au moment de l'ouverture du musée.
Elle est née à la fin du XIXe siècle», précise la directrice du musée, Mme Dalila Orfali. Dès la création du musée d'archéologie en 1897, un groupe d'amateurs d'art a commencé à militer pour la création d'un musée d'art pour réunir les tableaux de valeur éparpillés dans différentes institutions à Alger.
Vers 1908, le premier musée d'art est créé à l'emplacement actuel de l'hôtel Safir (ex-Aletti). Ce dernier renfermait l'embryon de la collection actuelle du Musée des beaux-arts, mais ce musée «municipal» était loin de répondre aux ambitions des porteurs du projet. Avec la création de l'institution Villa Abdellatif (demeure ottomane reconvertie en résidence artistique qui se fait rapidement une réputation internationale dans le milieu artistique), des spécialistes venus dans la région tombent sous le charme de ce lieu exceptionnel. Ils proposent ainsi de créer un musée sur ce site.
A partir de 1927, une commission est constituée, sous la direction de l'architecte Paul Guion, pour la création du
musée.
Le projet bénéficie d'un budget important qui a permis d'acquérir un grand nombre d'œuvres. «Ce sont des acquisitions du gouvernement général d'Algérie. Autrement dit, des œuvres achetées avec l'argent algérien. Il n'y a pas eu de dons français, contrairement à ce qu'on pourrait penser.
Ce musée a une histoire algéro-algérienne», tient à préciser Mme Orfali. Les collections ont commencé à s'étoffer avec le premier conservateur, Jean Alazard, déjà conservateur du musée municipal et futur doyen de la Faculté de Lettres de l'université d'Alger. Avec l'ouverture du musée en 1930, les achats de grandes œuvres se multiplient, renforcées par les dons qui affluent d'artistes de France et d'Algérie.
Après un ralentissement durant la deuxième Guerre mondiale, une autre pointe d'acquisitions a lieu dans les années 50'.
A la veille de l'indépendance algérienne, le musée manque de perdre une grande partie des joyaux de sa collection. «Mai 1962, deux mois avant le référendum d'autodétermination, les administrateurs français du Musée des beaux-arts d'Alger commandent le transfert, sous escorte militaire, de près de 300 œuvres d'art vers la métropole à destination du musée du Louvre.
Parmi ces toiles, des chefs-d'œuvre de la peinture française : Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Delacroix. Cependant, cette collection n'appartient plus à la France. En effet, au terme des accords d'Evian, la collection rapatriée en France est devenue la propriété officielle du futur Etat algérien et le nouveau gouvernement indépendant entend la recouvrer», rapporte l'historien Andrew Bellisari (Université de Harvard) qui a donné une conférence l'an dernier à la bibliothèque des Glycines (Alger). C'est seulement en 1968, au bout d'âpres négociations, que la plus grande partie de ces œuvres est enfin restituée avec la contribution remarquable de Jean de Maisonseul chargé par l'Etat algérien de négocier leur retour.
Après l'indépendance, la collection s'enrichit d'œuvres de peintres algériens modernes (Baya, Khadda,
Issiakhem, Mesli, Louaïl…) qui viennent compléter les somptueuses miniatures de Mohamed Racim, mais aussi celles de son brillant élève, Mohamed Temam, auquel le musée a consacré récemment une grande exposition à l'occasion du centenaire de sa naissance.
Il faut également citer le fonds exceptionnel «Art et révolution», fruit d'une donation d'artistes contemporains tels que le Chilien Echauro Matta ou le Turc Abidine Dino, en 1963, célébrant l'indépendance algérienne.
«Aujourd'hui encore les acquisitions se poursuivent mais à un rythme assez lent à cause, notamment, des procédures complexes. Les artistes ne sont plus dans l'euphorie des dons comme c'était le cas au lendemain de l'indépendance et même durant les années 80'. Le marché de l'art national est très élevé et pour le marché international, il faut acheter en devises, ce que nous ne pouvons pas faire. Toutefois, nous avons eu des dons de grande valeur ces dernières années, à l'image de précieuses œuvres d'Etienne Dinet», nous apprend la conservatrice du musée.
En effet, le visiteur ne manquera pas de s'arrêter devant les peintures baignées de soleil de Dinet qui voisinent avec les œuvres de Fromentin et Delacroix, entre autres peintres orientalistes de réputation mondiale. Une des particularités de la collection du Musée des beaux-arts d'Alger est que la majorité des œuvres témoignent du rapport des artistes avec l'Algérie.
«A titre d'exemple, nous avons une œuvre exceptionnelle d'Auguste Renoir qui date de ses séjours algériens, cite Mme Orfali, l'artiste était venu en Algérie en 1881 et 1882. Il en va de même pour Claude Monet qui a séjourné quinze mois en Algérie, Albert Marquet, Othon Friesz et puis, évidemment, les artistes du XIXe siècle comme Fromentin, Delacroix, Chassériau… La plupart des œuvres sont en rapport avec l'Algérie.
C'est ce qui fait la personnalité de notre collection. Pour les œuvres plus anciennes (XVIe à XVIIIe siècles), souvent l'historique de l'œuvre a un rapport avec des collectionneurs d'Algérie. Quand les spécialistes étrangers viennent au musée, ils sont charmés parce qu'on trouve des œuvres qu'on ne trouve nulle part ailleurs». L'amateur de sculptures trouvera également son bonheur entre les créations du XVe siècle, les chefs-d'œuvre d'Auguste Rodin, les nombreuses réalisations de Paul Belmondo (grand-père de l'acteur) et les créations contemporaines de Demagh, Adane ou Martinez.
Parmi les toiles et estampes plusieurs fois centenaires de la collection, on imagine aisément les ravages du temps sur ces objets fragiles. Pour tenter d'y remédier, un programme de restauration a débuté en 2007, suite à un important budget alloué par le ministère de la Culture à partir de 2004. Le musée a restauré à ce jour 22 œuvres parmi lesquelles des joyaux signés Monet, Delacroix, Daumier, Corot ou Morisot. Un laboratoire de restauration a été construit dès 1997, ce qui a permis aux restaurateurs étrangers venus plus tard de disposer du matériel et des équipements nécessaires sur place. Il s'agit de l'unique laboratoire de restauration en Algérie, précise Mme Orfali.
Il reste toutefois des efforts à fournir sur le plan de la formation du personnel pour optimiser le travail de restauration : «Nous avons eu l'occasion de former un restaurateur qu'on a envoyé en France, se souvient la directrice. A présent, il a quitté notre institution, mais il revient pour des campagnes ciblées. D'autres collègues ont aussi profité de courtes sessions de formation.» Cette installation n'en demeure pas moins un précieux acquis pour le musée.
Loin de se renfermer dans un élitisme que lui permettrait pourtant sa prestigieuse histoire, le Musée des beaux-arts d'Alger œuvre à assurer une mission citoyenne, voire pédagogique en direction du jeune public. En plus des visites scolaires régulières, des ateliers d'initiation artistique s'y tiennent depuis trois décennies.
Autour des tables longeant la terrasse et la pergola, on rencontre souvent de jeunes visiteurs venus participer aux activités du club de musique, aux projections du ciné-club, ou encore aux rencontres littéraires du samedi. Une façon d'amener un large public à adopter ce havre d'art et de culture. «Nous avons également des actions ciblées pour le public handicapé. On tente de toucher tous les publics. Il faut avouer qu'il reste difficile d'attirer le public au musée en annonçant simplement une exposition.
Alors on tente d'amener les gens autrement. Je tiens à souligner que beaucoup d'activités sont assurées par des jeunes qui viennent des quartiers ‘‘populaires'' alentour. On n'est pas du tout dans une démarche élitiste.» Contrairement aux idées reçues, le public de ce musée d'art est en grande partie constitué de jeunes. Les statistiques sont édifiantes à ce sujet.
La fréquentation du musée a doublé entre 2009 et 2015 pour arriver à 17 000 visiteurs par an, parmi lesquels plus de 6000 sont des jeunes. On peut, par contre, s'étonner du manque de collaboration avec les écoles d'art, publiques ou privées. Le musée est pourtant riche en ressources avec une bibliothèque bien fournie en beaux livres (dont beaucoup, rares ou anciens souvent dédicacés par les auteurs) sur l'histoire de l'art, sans compter les œuvres exposées sur un parcours de cinq siècles, véritable école du regard.


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