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Reggane, 50 ans après les essais nucléaires français : Des plaies toujours béantes
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2010

Des témoignages recueillis sur place évoquent l'existence d'un fichier individualisé de presque toutes les victimes de Reggane ainsi que celui des ouvriers qui y ont travaillé durant cette période. Tous les témoignages recueillis par les différents chercheurs ou journalistes auprès des personnes qui sont encore en vie et qui ont assisté ou participé de près ou de loin aux essais nucléaires français, sont unanimes sur le fait que ces expériences ont laissé des traces indélébiles. La faune, la flore et les hommes n'en guérissent pas. Omar Lhamel, président de l'Association du 13 février 1960 de Reggane, qui compte une cinquantaine d'adhérents, le pire des renoncements serait l'oubli.
Les effets des expériences atomiques de Hamoudia sont encore palpables de nos jours. Avant les explosions, les terres du Touat et du Tidikelt étaient très fertiles, si l'on se fie aux récits des anciens ; on y cultivait des céréales, des dattes, des lentilles, des primeurs de qualité et en quantité. On y trouvait des cheptels et des animaux de toutes espèces comme la gazelle, le fennec, le mouflon, des oiseaux et des rapaces de tous genres, etc. Tout cela a disparu », lâche-t-il avec un soupir. Notre interlocuteur affirme que la fréquence du cancer dans la région est l'autre indice que l'opération Gerboise Bleue continue à répande son poison. En l'absence d'études exhaustives et de statistiques établies par des spécialistes du domaine, notre interlocuteur refuse néanmoins de s'aventurer pour incriminer directement la bombe atomique. « Non, je ne peux pas affirmer que tous les cas de cancer et autres handicaps apparus sur les personnes vivant dans cette région sont le fait des essais nucléaires, mais je pourrai dire que ce nombre a beaucoup augmenté. Moi, par exemple, j'ai eu deux enfants, l'un présente un retard mental et son frère cadet est né avec un pied bot. Je suis croyant et je me résigne à accepter le destin, mais nous avons besoin de l'apport des spécialistes et des médecins pour le savoir. »
L'avis de Mekki Kaloum, sociologue et chercheur à Adrar, est plus tranchant. Il considère cet acte comme « un crime contre l'humanité et une agression contre la nature ». Celui-ci détient soigneusement l'important fichier individualisé de presque toutes les victimes de Reggane ainsi que celui des ouvriers qui ont travaillé à cette période sur cette base de la 2e compagnie de l'armée française, par tranche d'âge et par région d'origine.
Cobayes humains
Ses recherches font apparaître que la France a engagé de force des Algériens, pour les besoins de ses essais, sur proposition des caïds de l'époque. Cette main-d'œuvre était originaire surtout des ksour : Adrar (40%), Zaouiet Kounta (24%), Fenoughil (7%), Reggane (11%) et même des régions de Tindouf et de Béchar (Kerzaz). L'âge de ces « employés » oscillait entre 12 et 46 ans (dont 5% de 12 à 15 ans) ; il y avait même de femmes présentes. Une grande partie de ces travailleurs a participé seulement aux travaux de génie civil pour la réalisation de la base d'expérimentation, avec à l'esprit qu'il s'agissait d'un simple programme d'urbanisme. Ceux-ci ont été congédiés à la veille de l'explosion et une quarantaine de personnes qualifiées, jugées indispensables, ont été réquisitionnées pour la suite des expériences.
En prévision de l'explosion, les ouvriers retenus sur place ont reçu des colliers munis de plaques métalliques d'identification ainsi qu'un autre collier, sous forme d'un talisman qui n'était autre qu'un dosimètre servant à mesurer les radiations après le test. Salmi Mohamed, né en 1937, un des témoins, ouvrier de son état, qui se trouvait à Hamoudia le jour de l'explosion, affirme qu'ils étaient une quarantaine d'Algériens a avoir été mis sous des tentes dans un endroit nommé Targuia ; vers 16h, il leur a été ordonné de sortir et de se mettre à plat ventre, à même le sol, et de se couvrir le visage.
Contamination de la nappe phréatique
Selon lui, la terre avait enregistré de violentes secousses et un énorme nuage de feu, de lumière, de fumée et de sable s'est formé en champignon avec un panache qui s'est dirigé vers le sud. Cette description a été retrouvée chez pratiquement tous les témoins. D'après M. Kaloum, le PV dressé au moment de l'explosion du 13 février 1960 fait état des mentions suivantes : pour Gerboise bleue, 70 kilotonnes (kt) ; 13 février 1960 ; conséquences sur les personnes : 4 contaminations de la peau et une irradiation de 1mSv. D'autres essais suivront durant l'année. « Moi je suis affirmatif : après ces essais, les cancers du sang et de la peau et des difficultés de la vision ont subitement apparu chez les populations résidentes à l'intérieur d'un rayon de 150 km autour du point Zéro (Hamoudia) et avec aussi la disparition du dromadaire, du fennec, de la chèvre ; il y a eu même absence de moustiques…
La nappe phréatique a été contaminée, le blé ne pousse plus à sa taille normale, le palmier a été atteint de ce que j'appelle le bayoud nucléaire. » « Et puis avant de quitter Reggane, les militaires ont enfoui tout leur arsenal contaminé qu'ils ne pouvaient pas transporter avec eux. Un bunker blindé et fermé est encore sur les lieux, au point Zéro, qui certainement contiendrait encore des produits radioactifs », soutient notre interlocuteur. Toutes les victimes que nous avons contactées, ainsi que le porte-parole de l'Association du 13 février 1960, nous ont fait pratiquement la même déclaration : « Nous ne demandons aucune indemnisation financière à la France. Mais nous exigeons une réparation morale avec d'abord des excuses officielles pour nous avoir utilisés comme cobayes. »


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