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Réformer le système éducatif, c'est réformer l‘Etat et les mentalités sociales
Publié dans El Watan le 22 - 07 - 2016

Les 500 milliards par an qui lui sont dévolus sont une perte sèche au regard des maigres résultats qu'il garantit en tant qu'indice des compétences acquises. Garantir que tout diplôme exprime des compétences avérées de son détenteur, sanctionnant positivement l'effort et le mérite, doit être le leitmotiv de la réforme.
Les meilleurs bac n'arrivent pas à livrer à la formation supérieure des apprenants capables linguistiquement et cognitivement de coconstruire les savoirs et de réussir correctement. Nous n'attendons plus d'eux, hélas, qu'ils poussent l'université vers le haut grâce à leur dynamisme de jeunesse et leur avidité de savoir.
Et c'est déjà l'échec social consommé. Le niveau des universités baisse continuellement jusqu'à susciter cette expression bien algérienne «d'universitaires analphabètes trilingues». Aujourd'hui, on fait plutôt des études primaires très approfondies pour reprendre la formule de l'humoriste français Coluche.
Et l'on continue nonchalamment de tricher dans certaines universités en célébrant la triche à travers les cérémonies fastidieuses et déclamatoires de remise de prix d'excellence de fin de formation. Comment a-t-on pu fermer les yeux à ce point et permettre de transformer la société en fidèle pratiquant collectif de la triche ?
La triche et le mensonge sont devenus un régulateur social et politique fondamental. On se rappellera la chanson de Baaziz Koulchi faux pour mesurer le degré de gravité de la triche : les élections sont truquées, les chiffres économiques sont faussés, les responsables sont choisis parmi les plus médiocres, les promesses ne sont pas tenues, les lois ne sont pas appliquées, la Constitution n'est pas respectée, et les institutions sont un décor de western… Les médias publics travestissent la vérité à telle enseigne que la vox populi entendait par le sigle «ENTV» (Entreprise nationale de transformation de la vérité) ! La vox populi est un révélateur sémiotique des représentations et de l'imaginaire collectif.
Sémiotiquement, un examen est une sanction véridictoire de «la conjonction/disjonction de l'être et du paraître» de compétences postulées. L'idée sous-jacente étant qu'une société doit fonctionner selon la vérité (=conjonction de l'être et du paraître). La société algérienne semble avoir pris option pour un fonctionnement selon le seul «paraître + non-être». Comment s'attendre dans ce climat de «mensonge» que les examens à tous les niveaux puissent sanctionner de manière valide et trier le «vrai» ?
Comment s'attendre à ce que seul le ministère de l'Education, principal actant collectif chargé de la formation de la société et de son esprit (programme actantiel), puisse échapper (thaumaturgie ?) à cette déliquescence qui a entaché l'Etat dans son fonctionnement global et menace de le briser à terme ? Comment tenir, sans honte, le seul ministère de l'Education nationale pour responsable de la triche au bac de l'année 2016, alors qu'y concourent autant l'avancée des TIC et leur diffusion que la contamination du secteur par la situation générale de la société soumise à l'hégémonie du «paraître non-être» (la triche), y compris concernant son identité, son histoire, ses langues, ses institutions représentatives et son devenir ?
Par ailleurs, comment imaginer que les candidats ne soient pas tentés par le gain facile (la triche) comme tous les affairistes devenus stars en politique et en négoce, sachant que le mérite n'a jamais payé dans leur société ? Plus grave, quand on sait que cet examen a toujours été présenté comme la clef de la vie ou de la mort, un peu comme cette fine frontière entre le paradis et l'enfer —le çirât ? Tous les ingrédients y concourent : les conditions de déroulement de l'examen, le système de sécurisation excessif, répressif et coûteux et jusqu'au fait que l'université, représentée comme seule destinée euphorique, ne reconnaît que le bac comme sésame pour toutes les disciplines.
Les conditions de passation de l'examen en deviennent inhumaines du fait de cette pression psychologique et sociale et de l'obsession corrélative de l'échec perçu comme une chute dans le vide (=sanction négative). Dans les pays anglo-saxons, le bac n'existe pas et leur système universitaire est bien loin d'être médiocre.
Les étudiants qui passent la terminale avec succès sont soumis à un concours d'accès aux facultés compte tenu des places disponibles : numérus clausus, car les capacités d'encadrement sérieuses sont partout limitées et on refuse honnêtement (être+paraître), là-bas, de faire semblant (=paraître non-être) de former quand on n'a pas suffisamment de formateurs compétents (paraître non-être=triche).
L'université, ce sont des formateurs compétents, des bibliothèques de bonne qualité et mises à jour, des étudiants motivés forgés au respect de l'effort, et non pas des murs ou une armada de bureaucrates incompétents chargés de l'ordre public et idéologique. La réforme du système éducatif engagée par l'actuelle équipe avec détermination et pugnacité mérite d'être soutenue par la société, en dépit des critiques méritées, car il y va de l'intérêt de toutes les tendances idéologiques pour au moins la bonne raison que tout le monde a besoin de militants et de cadres compétents. C'est un enjeu scientifique de la nation algérienne à l'égard des autres nations et non pas un enjeu partisan, car aujourd'hui il s'agit, au-dessus de tout, d'être partie prenante de l'économie de la connaissance.
La réforme du bac est nécessaire pour toutes ces raisons. Le bac doit absolument reprendre sa véritable mesure : celle d'un simple examen de passage et non pas celui du jugement dernier : «Un passage plus fin qu'un cheveu et plus aiguisé qu'une lame», où il ne faut surtout pas trébucher selon les religions du livre et de Zoroastrisme! C'est aussi, en effet, dans la ligne de pensée de P. Bourdieu et C. Passeron, un lieu de reproduction sociale que l'aide de l'Etat pour l‘égalité des chances permet d'atténuer. Aussi cet examen doit-il être mis en conformité rigoureusement avec les seuls critères pédagogiques et scientifiques. L'examen doit absolument être réduit et recentré sur des items qualitatifs spécifiques aux filières.
Les matières identitaires, même importantes, peuvent être examinées, soit en deuxième année secondaire ou même en contrôle continu (fiche de synthèse). Il n'y a aucune raison pédagogique ni même identitaire de mésestimer ces évaluations continues, alors que bien des nations développées s'en contentent pour le passage au supérieur. Ces contrôles permettraient en plus aux élèves de redonner de l'importance au suivi des cours de leurs enseignants et de ne pas se contenter de bachotage… Il est aussi nécessaire de recalculer le système des coefficients selon l'importance de ladite matière au regard, non pas de l'idéologie quelle qu'elle soit, mais du noyau disciplinaire de chaque filière.
Il est pédagogiquement important de considérer le revers d'un trop grand coefficient : celui-ci peut faire réussir un candidat ayant plus que la moyenne, en étant passable par ailleurs, mais peut aussi sûrement faire échouer un autre de manière décevante s'il rate certains aspects parfois trop fins de la discipline, tout en étant bon par ailleurs. C'est comme pour le vote à la proportionnelle avec prime à la majorité qui donne une représentation politique distordue de la société et de ses aspirations politiques. Il s'agit en somme d'une révision, selon les critères de l'ingénierie pédagogique qui permettra théoriquement une plus grande cohérence dans la sélection de profils cognitivement équilibrés.
Une attention bien particulière devra être réservée à la maîtrise des langues étrangères (en plus des langues nationales officielles), car ce sont des portails d'accès au savoir scientifique mondial disponible sur le net, les réseaux sociaux, les MOOC et autres dispositifs d'enseignement/apprentissage à distance (FOAD). L'articulation du secondaire et du supérieur doit aussi être interrogée, car elle contribue à la démesure actuelle du bac.
L'entrée à l'université ne doit plus être réduite à la simple obtention d'un bac quelle que soit sa valeur. Dans les années 1970, il y avait beaucoup de disciplines universitaires où l'on pouvait accéder par simple concours après la terminale. L'établissement d'un bac professionnel est aussi un début de solution (proposé en 2000 par la CNRSE Benzaghou et oubliée). A condition de revaloriser le professionnel et la professionnalisation dans la société (évolution des carrières) et de créer des passerelles entre la formation générale et la formation professionnelle. L'idée de mettre tout le monde à l'université est simplement un désir irréaliste.
La France, puissance économique et scientifique, ne compte que près de 2 000 000 d‘étudiants pour une population approximative de soixante- dix millions d'âmes ; en Algérie on en a déjà plus d'un million six cents pour une population de quarante millions ! Il n'y a évidemment aucun rapport entre les deux pays en matière de capacités d'accueil, financière et de disponibilité de formateurs compétents. On voit les dysfonctionnements d'échelle macro et on ne peut décemment pas demander au seul ministère de l'Education d'y remédier, en plus, en lui demandant de ne rien changer ! Coluche, grand philosophe par l'humour, parle de «mettre en urgence un frein à l'immobilisme» !
Ce n'est qu'en redimensionnant aux plans pédagogique, cognitif et social ce rite/titre de passage, que l'on redressera une dérive idéologique qui a tout faussé depuis les années 1990 et 2000 dans ce système vital pour la persistance dans l'être de la nation et la naissance de la citoyenneté. Les syndicats autonomes que les pouvoirs publics peinent à reconnaître y avaient appelé les premiers. Cette réforme du bac et du système éducatif doit se poursuivre avec la même fermeté et pugnacité que doivent être entamées les réformes de l'économie et des mentalités. Les forces du conservatisme doivent convenir qu'il ne s'agit plus de sauvegarder leurs privilèges égoïstes, mais de sauver l'instrument par lequel on rehaussera notre nation face aux autres. Tout le monde y gagnera.


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