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Bac, quel avenir ?
Publié dans El Watan le 15 - 07 - 2016

Huitième du genre, la réunion de la commission mixte chargée du dossier de la refonte du bac a eu lieu à huis clos afin d'élaborer des propositions pour un nouveau baccalauréat, qui seront ensuite soumises au gouvernement pour adoption. Hier, la rencontre tenue à Alger a regroupé aussi les représentants du ministère de l'Enseignement supérieur. Depuis octobre dernier, les différents intervenants ont été unanimes sur quelques changements à apporter à cet examen après de nombreuses propositions à l'étude, dont la durée de l'examen, qui passera en principe à trois jours seulement avec la prise en considération de la fiche de synthèse pour les matières non composées.
Les matières en question ne seront pas comptabilisées différemment. C'est-à-dire que la moyenne de l'ensemble des notes de ces matières avec un coefficient supérieur ou égal à 4 sera additionnée aux notes obtenues au bac. Puis le nombre de matières : les candidats composeront dans 6 matières seulement. Mardi soir, les résultats du baccalauréat 2016 ont été annoncés.
Le taux de réussite de 49,79% est, sans surprise, inférieur à celui de l'année précédente qui était de 51,36%. Nouria Benghebrit argumente : les fuites de sujets diffusés sur les réseaux sociaux ont été une «action criminelle» qui a déstabilisé les candidats. «L'année était stable, les programmes respectés, malheureusement on a été victimes d'une action criminelle», a-t-elle déploré. La ministre n'a pas attendu le «scandale» du bac 2016, refait partiellement le 19 juin, pour entamer une réflexion sur sa réforme. Mme Benghebrit est catégorique : le bac 2017 ne sera pas le même.
Des changements seront apportés. Hier, le secrétaire général du ministère de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed a affirmé que ce dossier, qui est en phase d'examen, sera soumis à d'autres parties qui prendront «des décisions souveraines». Les conclusions issues des différentes rencontres organisées seront ensuite présentées à des experts puis au gouvernement et au Conseil des ministres, habilité à trancher cette question avec «professionnalisme et objectivité», a-t-il indiqué. Il a cité à cet effet les ateliers installés depuis une année au niveau du ministère de l'Education nationale en vue de procéder à la refonte de cet examen, avec la contribution des partenaires sociaux (syndicats, associations et parents d'élèves) en vue de recueillir leurs avis.
La refonte du baccalauréat est dictée par «la volonté de l'Etat, de la société et des autorités publiques de le hisser à de plus hauts niveaux», a estimé M. Belabed. Il a rappelé les points qui font polémique, notamment «la durée des épreuves qui est actuellement de cinq jours, la prise en compte des évaluations continues et la refonte de cet examen». La refonte du baccalauréat inclura, dit-il encore, «la révision de l'organisation, du fonctionnement et des prérogatives de l'Office national des examens et concours (ONEC), qui est un organe technique et exécutif chargé de l'organisation de cet examen, pour devenir une véritable institution capable de préparer le baccalauréat».
Problématique : faut-il abandonner cet examen définitivement, seule garantie d'égalité des chances de réussite ? Ou bien faut-il le garder et le réformer ? Beaucoup sont favorables au système anglo-saxon dans lequel le bac ne figure pas. Ahmed Tessa, pédagogue, retraité du ministère de l'Education nationale explique : «L'examen du baccalauréat comme unique moyen d'accès à l'université est une vieille création de la France napoléonienne en 1806.
Ses objectifs n'ont pas changé depuis deux siècles. Son organisation s'est durcie et militarisée au point de devenir une affaire d'Etat, accompagnée d'un plan Orsec dans toutes les wilayas.» Selon lui, sur le plan psychopédagogique, cet examen terminal est une véritable tombola pour une certaine catégorie d'élèves. Il explique : «Les plus émotifs paniquent devant leurs copies, d'autres tombent malades la veille : ils passent à la trappe de l'échec alors qu'ils ont été excellents durant toute leur scolarité.»
Choc
C'est pour ces raisons que le pédagogue plaide pour la suppression de cet examen : «A moins d'être sadique au point d'imposer une telle épreuve, nous devons revoir de fond en comble le système d'évaluation : le bac, la sixième et le brevet compris. N'oublions pas que les dérives de tout ordre se retrouvent aussi bien au bac qu'au cours des deux autres examens de fin de cycle.» Bachir Hakem, enseignant et membre du CLA, fait aussi partie de ceux qui espèrent un changement de système d'évaluation. Il veut la suppression du bac : «Il est dépassé, lourd et coûteux aussi bien pour l'élève et les parents que pour l'Etat.
Chaque année, le déroulement et les résultats du bac sont remis en cause et c'est la crédibilité de cet examen qui est mise en cause.» De son côté, Abderrezak Dourari, professeur de sciences du langage et de traductologie, assure : «On a vu au cours des années passées comment le bac est devenu non pas un simple diplôme de fin de cycle secondaire, mais s'est transmuté en un véritable cauchemar pour l'Etat et pour les candidats.
Le coût de 500 milliards par an est ahurissant notamment au regard des maigres résultats que cet examen permet de garantir en termes d'indice sérieux des compétences effectivement acquises.» Tous les défenseurs de la suppression de cet examen, sacré jusqu'à aujourd'hui, le sont particulièrement à cause des dérives pédagogiques. Ahmed Tessa explique : «Les dérives pédagogiques font le plus de mal aux élèves. Ils sont conditionnés et dopés au bachotage par le professeur, au parcœurisme et aux évaluations de restitution et non d'intelligence. On a au bout du processus des bacheliers et plus tard des universitaires dépourvus d'esprit logique, de sens de l'analyse et de la synthèse et surtout d'esprit critique.
Et ce n'est pas de leur faute !» Selon lui, la réforme de 2003 avait pour objectif de supprimer ces dérives pédagogiques et de solliciter l'intelligence de l'élève au détriment de la mémorisation/restitution. «Malheureusement, cela n'a pas marché. Sa mise en œuvre a sombré dans les travers et les défauts de la pédagogie traditionnelle sans pour autant profiter de ses bons côtés. Ces carences de la réforme ont été établies par les participants à la Conférence d'évaluation de la réforme organisée en juillet de l'année passée», se désole-t-il.
Échec
C'est ce que Abderrezak Dourari explique aussi : «Les meilleurs bac n'arrivent pas à donner à la formation supérieure de bons étudiants, capables linguistiquement et cognitivement de suivre les enseignements et de réussir correctement. Nous ne sommes plus dans la posture d'attendre d'eux qu'ils poussent l'université vers le haut grâce à leurs supposées connaissances pointues, à leur dynamisme et à leur demande inextinguible de savoir.
Et c'est déjà l'échec consommé.» Pour le spécialiste, le niveau des universités baisse chaque année : «Aujourd'hui, on fait chez nous non pas des études supérieures approfondies, mais des études primaires très approfondies pour reprendre la formule de l'humoriste français Coluche. Et l'on continue nonchalamment de tricher encore dans certaines universités en célébrant la triche à travers les cérémonies fastidieuses et emphatiques de remise de diplômes ou de prix d'excellence de fin de formation sans honte.»
Mais alors, pourquoi sommes-nous si attachés au bac ? «Depuis plus de trente ans, la France officielle est décidée à emboîter le pas au système anglo-saxon, mais ce sont les familles socio-culturellement défavorisées qui s'y opposent. Ces dernières ont gardé leur frustration d'un diplôme, symbole de l'aristocratie et de la bourgeoisie française. Ce même syndrome frapperait-il les Algériens ? Sûrement.
En Allemagne et en Suisse notamment, près des deux tiers des élèves de fin de collège choisissent la filière de l'enseignement professionnel au lieu de la filière enseignement général. Ce qui a permis à l'économie de ces pays d'être les plus performantes au monde. Et parmi ces élèves, il y a les meilleurs», confie Ahmed Tessa. Selon lui, l'exemple des pays scandinaves est hautement instructif. «Une lueur d'espoir nous vient de l'actuelle équipe ministérielle qui est décidée à réformer l'ensemble de notre système d'évaluation scolaire.
L'école moderne, efficace dans ses prestations et ouverte sur les réels besoins de nos enfants, est à ce prix. A la presse, aux familles et aux autorités du pays de prendre conscience que le passage à l'université dans sa version actuelle est une ‘‘arnaque'', pour reprendre le titre d'un livre paru en 2009 et écrit par un ancien président de la Sorbonne.» Pour le Snapap, c'est aussi la suppression qui est une solution.
«Nous sommes pour la suppression de cet examen, mais pour le moment il faut prendre des décisions après réflexion et associer tous les acteurs pour trouver une alternative, c'est une toute autre question qui demande réflexion», explique Ferguenis Nabil, chargé de communication à la fédération nationale de l'éducation Snapap. Côté ministère, on n'évoque aucunement sa suppression, mais Mme Benghebrit confirme : «Je veux ce bac réformé pour l'année prochaine.» Moins catégoriques et aventuriers, il y a ceux qui proposent, du moins pour le moment, des changements afin de rendre à cet examen sa crédibilité.
Bac professionnel
Kamel Nouari, directeur d'un établissement scolaire, propose «la mise en place d'un baccalauréat professionnel avec un nombre de filières qui pourrait atteindre les 15. Annulation du bac sportif ; limiter la durée des examens à trois jours en limitant le nombre des matières. Un scientifique ne passerait le bac que pour les matières scientifiques, par exemple». Pour plus de sécurité et afin d'éviter le scénario de cette année, il propose de «transférer les sujets directement aux centres d'examen par mail le jour-même de l'examen, de les imprimer sur place et de faire appel aux directeurs des centres d'examen et leurs collaborateurs en dehors des wilayas». De son côté, Meziane Meriane du Snapest, membre de la commission mixte, est plutôt pour le maintien du bac.
Il explique : «Si l'objectif recherché est cette double spécificité, à savoir évaluer la fin des études secondaires et ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur, il y a obligation de le maintenir, mais de le reformer. Le bac est aussi un repère de savoir et un motivant pour nos élèves.» Cependant, actuellement, avec le nombre de matières à l'examen, un élève de la filière scientifique peut être admis à l'examen du bac avec des notes en dessous de la moyenne dans les matières scientifiques, mais de bonnes notes dans les matières littéraires.
La question qui se pose est de savoir si cet élève est un scientifique ? Non, pourtant il aura accès à une filière scientifique à l'université. De plus, Meziane Meriane propose «cinq jours d'examen stressent l'enfant et lui font perdre les capacités de concentration et de réflexion. Le maintenir et le réformer avec une réduction du nombre de journées d'examen à trois et la bonification des coefficients des matières essentielles ou bien passer l'examen en deux sessions».
Pour Abderezak Dourari, «la réforme du système éducatif engagée par l'actuelle équipe avec détermination et pugnacité mérite d'être soutenue par la société dans son entièreté en dépit de critiques méritées, car il y va de l'intérêt de toutes les tendances idéologiques pour au moins la bonne raison que tout le monde a besoin de militants et de cadres compétents». Il s'agit d'un enjeu scientifique et non pas d'un enjeu interne, car aujourd'hui il s'agit de la maîtrise de l'économie de la connaissance.
Idéologie
«La réforme du bac est donc nécessaire, selon M. Dourari, pour toutes ces raisons et bien d'autres.» Allusion faite aux obstacles idéologiques qui bloquent un consensus dans la commission. C'est-à-dire l'inquiétude de toucher à l'éducation islamique, à l'histoire, à tamazight… «Le nombre de jours d'examen doit absolument être réduit et recentré sur des items qualitatifs relatifs à la filière. Les autres matières, même importantes, peuvent être examinées soit en deuxième année secondaire ou même se contenter de l'examen de fin d'année du lycée. Il n'y a aucune raison pédagogique ni même identitaire de réduire l'importance de ces évaluations continues, alors que bien des nations développées s'en contentent pour le passage au supérieur.
Ces examens permettraient en plus aux élèves de redonner de l'importance au suivi des cours de leurs enseignants et de ne pas se contenter du bachotage. Il est tout aussi nécessaire de réviser profondément le système des coefficients des matières en les recalculant selon l'importance de ladite matière au regard non pas de l'idéologie quelle qu'elle soit, mais du noyau disciplinaire de chaque filière», affirme M. Dourari. De son côté, Ahmed Tessa préfère parler de la réforme du passage à l'université et non de la réforme du bac.
Il explique : «Une telle réforme du passage à l'université nécessite une refonte totale du fonctionnement et de l'organisation de l'université algérienne. Il est grand temps de valoriser l'enseignement professionnel, de l'élargir à tout le territoire national et de faire accéder ses lauréats à des filières d'ingéniorat à l'université. Sans ces deux préalables, il n'y aura pas de changement efficace. L'université algérienne doit lever le verrou hérité de l'esprit de mandarinat cher à l'université française d'avant 1968.»


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