Si la qualité des formations des diplômés universitaires ou celle de la formation professionnelle sont sans cesse décriées, il existe toutefois des îlots de compétences dans certaines filières et établissements dignes de relever ce genre de défis, à condition qu'elles soient valorisées. Dans ce sens, le parcours du jeune ingénieur de validation chez un constructeur français, Mohamed Lamine Belkacem, à l'instar de nombreux autres, renseigne sur le niveau de certains diplômés de l'université algérienne d'un côté, et sur les lacunes à combler pour construire les profils idéals, de l'autre. Issu de l'Ecole polytechnique d'Alger, cet ingénieur en automatique relève la disparité de la qualité de la formation entre son établissement d'origine et celui d'après, l'université de Bordeaux (France). «La formation à Polytechnique était plus difficile… A la différence de l'Algérie, la formation ici (en France) est étoffée par des programmes d'immersion en entreprise. Des stages pratiques qui nous permettent de nous imprégner du métier», assure-t-il. Le constat, tel qu'établi –et qui concerne seulement certaines filières et quelques écoles supérieures ou centres de formation professionnelle, notons-le bien –, met l'accent sur la différence de taille qui handicape l'insertion des diplômés dans le secteur productif. Il s'agit de l'immersion dans l'entreprise, soit le côté pratique de la formation. «Une fois imprégnés de ces entreprises, nos ingénieurs peuvent se lancer d'une manière autonome dans la confection et la fabrication de la voiture algérienne, pourvu qu'on leur en donne l'occasion… C'est la seule condition pour relancer l'économie et l'industrie du pays…. qu'ils laissent les jeunes exprimer leurs génie, ingéniosité et créativité, je peux vous assurer qu'ils sont en mesure de relever le défi», déclare-t-il. Depuis quelques semaines, la polémique née de la pertinence de l'installation des usines de fabrication d'automobiles en Algérie a mis au-devant de la scène la problématique de la formation de la ressource humaine qualifiée. Lors d'un récent entretien publié la semaine dernière dans ce quotidien, le nouveau ministre de l'Industrie et des mines informait qu'«il est prévu l'ouverture d'écoles de formation avec des partenaires étrangers spécialisés dans le domaine de l'automobile». Dévoilant une stratégie qui repose sur certaines priorités, Mahdjoub Bedda a énuméré «le secteur de l'automobile, les mines, le phosphate, l'encouragement des petites et moyennes entreprises et la formation qui est un grand problème» et a indiqué vouloir «prendre les majors de promo des grandes écoles, comme les Ecoles polytechnique, des statistiques, du commerce pour les former et les injecter dans le lancement à moyen et à long termes des petites et moyennes entreprises ». Une solution appréciable, d'autant que la stratégie du ministère mise également sur «la promotion des jeunes entreprises, des start-up, l'encouragement de la formation dans le secteur public, la création d'écoles de formation pour l'économie industrielle, de management, etc». Dans le même état d'esprit, le ministère de la Formation professionnelle adopte une politique de partenariat avec les entreprises et autres firmes automobiles pour mettre en place des formations en adéquation avec leurs exigences, que ce soit en termes quantitatifs ou qualitatifs. La vision et les stratégies des deux secteurs (industrie et formation professionnelle) auxquelles il faudra tôt ou tard impliquer également celle de l'enseignement supérieur pourraient porter leurs fruits dans les années à venir, pour peu que les objectifs assignés ne soient pas détournés et que pour une raison ou une autre il n'y ait pas encore de changement de cap castrateur.