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Vers une catastrophe écologique au mont Chenoua ?
La prolifération des carrières menace sérieusement le site
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2019

La Sarl Kougc, qui relève de l'entreprise de Kouninef, avait saisi le 30 mai 2018 l'ex- wali, Ghellaï Moussa, pour lui demander l'autorisation d'exploiter 2 sites au niveau du mont Chenoua, dans la commune de Cherchell, en prévision de la construction éventuelle du port commercial centre El-Hamdania, par les deux entreprises chinoises CSCEC ( China State Construction Engineering Coopération) et CHEC (China Harbour Engineering Co). La superficie des 2 sites ciblés par la Sarl Kougc est estimée à 105 ha. Le monument naturel du Chenoua est déjà agressé par d'autres opérateurs. Des sites se transforment en carrières. Un drame écologique.
Les besoins des entreprises chinoises en agrégats pour la réalisation du port commercial centre El Hamdania sont énormes. Le lancement du projet, annoncé en grande pompe par les hautes autorités de l'Etat, accuse un énorme retard, en raison des études effectuées dans la précipitation, qui avaient abouti à de fausses données.
Suite à l'installation du nouveau wali de Tipasa, Mohamed Bouchemma, la Sarl de Kouninef est revenue à la charge. Après l'inspection effectuée le 6 janvier 2019 par la commission technique de la wilaya sur les sites désignés par l'opérateur algérien Kougc, un procès-verbal avait été établi et envoyé au wali de Tipasa le 7 janvier 2019. Le conservateur des forêts de la wilaya avait émis un avis défavorable à la demande la Sarl Kougc, selon le document référencié 35/SGPEP/cft/2019, signé le 7 janvier 2019.
Les 2 sites de 105 ha visés par Kougc font partie d'une étendue dense et boisée, qui abrite des espèces protégées en voie de disparition, à savoir le thuya de Berberie, le chêne vert et le pin d'Alep. Les espèces faunistiques et floristiques sont en voie d'extinction au mont Chenoua, à cause de ces agressions. Le directeur de l'environnement, contacté par soins, se montre intraitable. «Je vous confirme mon avis défavorable pour cette demande émise par la Sarl Kougc, qui compte approvisionner l'entreprise chinoise en agrégats à partir du mont Chenoua», dit-il.
Nos amis chinois justifient cet autre besoin pour réaliser pendant les prochaines années le port commercial centre d'El Hamdania, une infrastructure portuaire qui sera érigée dans un site naturel pas du tout indiqué pour un tel projet, entraînant, une fois encore, une catastrophe écologique sans précédent dans la wilaya de Tipasa, après celle qui avait massacré une partie du littoral est de la localité côtière de Hadjret Ennous, relative à la construction de la centrale électrique par une entreprise canadienne, qui avait fait parler d'elle en matière de pots de vins.
Après la multitude de massacres écologiques ayant conduit au déséquilibre de l'écosystème au niveau de la commune de Tipasa, le 20 juillet 2017, l'ex-wali de Tipasa, Moussa Ghellaï, signe un arrêté référencié 1029, en décidant d'inscrire le mont Chenoua (8450 ha) et l'anse de Kouali sur la liste des patrimoines naturels à protéger.
Cette imposante montagne du Chenoua de grande envergure domine le littoral allant de la wilaya d'Alger jusqu'à la wilaya de Chlef. Depuis son sommet, qui culmine à plus de 900 m, les monts de l'Atlas blidéen et du Titteri jusqu'aux monts de l'Ouarsenis sont visibles à partir des cimes de ce monument naturel. La wilaya de Tipasa compte 9 carrières à l'arrêt et 23 carrières opérationnelles, dont 13 d'agrégats, conformément au décret n°08/188 du 1er juillet 2008, fixant les modalités d'octroi, de suspension et de retrait des autorisations d'exploitation des carrières et de sablières.
Cet arrêté a été abrogé par le décret n°202/18, signé le 5 août 2018. En outre, l'extraction du sable et du tout-venant des oueds de la wilaya de Tipasa, à l'image de ceux de Messelmoune et de Sidi Semiane, un autre massacre moult fois contesté dans le passé, est autorisée, à la surprise générale. Le wali a le droit d'autoriser l'exploitation d'une carrière ne dépassant pas une surface de 5 ha pour une durée de 4 années, au profit d'un projet en voie de réalisation dans sa wilaya.
Cette autorisation d'extraction est renouvelée une seule fois. Le mont Chenoua, qui constitue depuis des lustres un refuge paradisiaque pour une variété inestimable de faunes et de flore, est déjà victime des incendies volontaires provoqués par les hordes criminelles actives durant les années de terrorisme, par des délinquants en quête de terrains pour construire d'abord, et ensuite la prolifération incroyable des constructions illicites.
Autorisation d'exploitation
Les lois de la République sont bafouées au mont Chenoua, en raison de la complicité et de l'insouciance des autorités locales, soumises à la loi du silence. Il n'en demeure pas moins, malheureusement, que les autorités centrales d'Alger avaient donné leur accord pour l'implantation et l'autorisation pour l'extraction des agrégats depuis le mont Chenoua, qui chevauche entre les communes de Nador et de Cherchell.
L'adjudication se fait aux enchères. Il s'agit de trois Algériens, en l'occurrence l'Egeco (Cherchell) avec ses 16 ha au mont Chenoua, qui dispose également d'autres sites dans la wilaya de Tipasa, une seconde concession de 5 ha, toujours au mont Chenoua, allouée à la Sarl El Youm (Nador), un 3e site au mont Chenoua, d'une superficie de 25 ha attribué à la CSTPS Salah (Nador), et enfin l'opérateur chinois CSCEC (Nador) a bénéficié avec l'accord de la wilaya de Tipasa d'une surface de 5 ha, afin d'approvisionner son projet du contournement de Cherchell en agrégats depuis sa carrière du mont Chenoua. Les opérateurs algériens avaient investi le mont Chenoua grâce à la procédure de l'adjudication auprès de l'ANAM (Agence nationale des activités minières).
De source sûre, nous avons appris que l'un des opérateurs algériens avait sous-traité avec une entreprise turque. «Il n'y a aucun texte qui interdit ce mode de transaction», nous dira ce fonctionnaire de la wilaya. En effet, l'opérateur national «STPS», dont le siège se trouve à Koléa (Tipasa), détient le titre minier et l'autorisation de l'exploitation d'une carrière de 25 ha.
Il avait signé une convention avec une société turque le 13 décembre 2016, la Sarl EMRE-ETB, dont le siège se trouve à Aïn El Turk (Oran). L'opérateur, selon les termes de la convention signée entre les deux parties, précise la durée de la validité de cet «accord», qui est arrêtée à 2 années, à partir du 13 décembre 2016, date de la signature du document.
La convention précise qu'il s'agit de location et d'exploitation des engins et matériels qui se trouvent sur le site de 25 ha. Selon nos sources locales, l'opérateur algérien apparaît seulement lors de l'utilisation de la dynamite. La présence des éléments de la Gendarmerie nationale et les représentants de l'administration de la wilaya est obligatoire lors de cette délicate et dangereuse opération. Il «disparaît» du décor dès l'achèvement des explosions.
Les familles de la commune de Nador, importunées par les fortes explosions et les nuages de poussière, accompagnées de leurs enfants, avaient manifesté à maintes reprises pour exprimer leur colère et dénoncer les dégâts occasionnés par les explosifs utilisés au mont Chenoua et le mouvement ininterrompu des camions à proximité de leurs habitations éparses.
Le P/APC de Nador, harcelé par ses administrés, déclare son impuissance et son dépit, il déclare: «Notre commune ne gagne rien de ces exploitations de carrières qui se trouvent dans notre territoire.» Le chef de daïra de Sidi Amar abonde dans le même sens : «C'est vrai que les explosions dans ces carrières causent beaucoup de dégâts pour nos sites, en particulier au mont Chenoua, mais sachez que nos communes bénéficient de la pollution et non pas d'une ressource financière.» Le titre minier est attribué à Alger par l'ANAM (Agence nationale de l'autorité minière), après l'avis favorable de l'autorité de wilaya.
La trésorerie de la wilaya de Tipasa devra encaisser la caution des «lauréats» de l'ANAM, avant que ces «investisseurs» n'entament l'exploitation des carrières. Le montant de la caution globale détenue par le Trésor de la wilaya avoisine les 71 millions de dinars (plus de sept milliards de centimes). Néanmoins, après l'achèvement de la durée de l'exploitation de la carrière, selon les termes de la convention, «les destructeurs» du mont Chenoua se réapproprient leurs cautions auprès du Trésor de la wilaya, en remettant la mainlevée dûment signée par l'ANAM d'Alger, document indispensable pour récupérer leurs cautions.
Selon les textes, «les opérateurs» devront remettre le site en bon état, avant de récupérer le sésame de l'ANAM. Incohérence. Aucun responsable n'est en mesure de communiquer le volume en tonnage des agrégats enlevés de ces carrières. C'est l'anarchie qui règne. «Il y a un programme d'inspections inopinées des éléments de la police des mines, qui viennent de Blida pour contrôler les carrières», nous explique un fonctionnaire de la wilaya de Tipasa, en guise de réponse à nos interrogations. «Chaque opérateur devra avoir un siège secondaire de son enteprise dans le lieu de la commune où il exploite la carrière, afin de déterminer le montant de la TAP au profit de la commune, hélas ce n'est pas le cas chez nous», déclare le directeur de l'environnement de la wilaya de Tipasa.
Le sujet relatif à l'exploitation des carrières et des oueds échappe aux directions de la wilaya impliquées dans sa gestion. Il est géré à partir des bureaux d'Alger. Comment peut-on alors insister sur la valorisation des patrimoines et la création des richesses locales dans cette situation ? L'environnement naturel (mer, forêt, littoral) de Tipasa se meurt en silence.


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