Je suis ici depuis 8h pour me faire délivrer un acte de naissance. Ce n'est pas facile. C'est l'anarchie totale. » Tels sont les propos de quelques citoyens rencontrés, hier, dans le hall de la mairie de Tizi Ouzou. Des queues interminables se forment devant les guichets. Les usagers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils viennent de partout, souvent de l'extérieur de la wilaya. « Je suis venu de Bouira pour me faire délivrer ce fameux acte de naissance n°12. Je dois revenir demain, puisqu'aujourd'hui, je n'ai rien fait. Il y a une chaîne immense que je ne peux pas supporter car je suis malade. J'ai perdu plus de quatre heures à faire la queue, en vain », se plaint un quadragénaire. Les éprouvantes attentes suscitent souvent la colère des usagers. Dès la matinée, le hall du siège de la municipalité est carrément envahi par des centaines de personnes. « Je suis arrivée à 7h pour faire la chaîne devant le portail avant son ouverture, à 8h30. Je suis venue de Bouzeguène, à plus de 60 km d'ici », fulmine une dame qui, dit-elle, a besoin de ce document pour l'envoyer à son fils établi en France. « Les préposés aux guichets me disent qu'il faut la présence du concerné alors que je suis sa mère. Je n'y comprends rien. » Le personnel affecté au service n'en peut plus, de son côté. La situation se complique, notamment lors des périodes d'examens scolaires, d'inscriptions à l'université et à la veille des concours de recrutement. Les responsables de la commune reconnaissent qu'il existe une grande pression sur le service, même si « tout a été fait pour soulager et le citoyen et le fonctionnaire. Chaque jour, le nombre d'usagers augmente considérablement ». « La problématique, c'est la forte demande de l'acte de naissance n°12 par pratiquement toutes les administrations alors qu'en réalité, il ne doit être exigé que pour cinq dossiers, dont ceux pour l'établissement de la carte d'identité nationale et du passeport. Il faut noter aussi que la plupart des usagers viennent des autres localités et wilayas car les cliniques d'accouchement sont concentrées au niveau de la ville de Tizi Ouzou. D'ailleurs, ces dernières années, il y a une forte augmentation des naissances. En 2009, on en a enregistré 12 000 », nous a explique Abdelkader Ouchelli, directeur de la réglementation générale au niveau de la mairie de Tizi Ouzou, qui estime que le passage à l'informatisation du service devrait pouvoir apporter le mieux attendu. On devra donc attendre encore à l'ère du biométrique. Pour sa part, Mourad Ferroudj, nouveau secrétaire général de l'APC, souligne la nécessité de construire carrément un bloc pour le service de l'état civil, en dehors du siège de la mairie afin de faciliter sa gestion. Le même responsable évoque le problème d'insécurité au niveau du siège de la commune. « Nos agents de sécurité ne sont pas assistés par des policiers, contrairement aux autres administrations. Il y a eu, d'ailleurs, plusieurs dépassements, voire des agressions à l'intérieur des services. Aussi, certains usagers s'emportent, parfois, sur les agents aux guichets », a-t-il relevé. Une autre preuve que les choses vont mal et pèsent sur les nerfs de tout le monde.
