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Du butin au report du scrutin, pour quel destin ?
Publié dans El Watan le 19 - 03 - 2019

«Les bons mûrissent, les mauvais pourrissent.» (Michel Audiard)
A Hassen
Premier martyr des manifestations pacifiques du Printemps algérien, neveu de Belhaffaf Ghezali, également premier martyr des manifestations pacifiques du 1er Mai 1945, assassiné par les forces coloniales à Alger, et fils du défunt Benyoucef Benkhedda, président du GPRA, victime d'un coup d'Etat du clan d'Oujda, qui continue à régenter la nation algérienne depuis 1962.

Je suis l'Algérie toute entière. Je suis l'incarnation du peuple algérien», déclarait le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à la télévision suisse TSR, lors du forum de Crans Montana, en 1999, d'où il annoncera le plan de la «concorde civile» sans vérité et justice, destiné aux… Algériennes et aux Algériens à partir de la Suisse ! Le message était clair : l'Etat, censé être le pouvoir dans sa diversité à travers des institutions qui résistent au temps et aux pouvoirs successifs, c'est un «Homme-Dieu» qui l'incarne.
Le ton de la nouvelle gouvernance qui nous attendait était donné : détruire l'ordre politique et institutionnel en lui substituant une «mythocratie». C'est plus qu'une dictature, parce qu'une dictature, elle, peut être combattue, car elle emploie des méthodes et des procédés grossiers et faciles à détecter.
Par contre, contester un clan ou un pouvoir non institutionnel, qui utilise la «mythocratie» pour atteindre des objectifs inavoués afin de fructifier son butin mal acquis, relève de l'utopie, car il utilise une réalité sociale qu'il scénarise en manipulant les flux de désirs et les croyances comme substance propre du pouvoir.
Pour cette «camarilla»(1), il n'y a plus de peuple, mais des histoires et des mythes, semant le trouble entre sacré et profane, en passant par la main étrangère, confondant stabilité et immobilisme, complaisamment véhiculés par des médias aux ordres, des ministres sinistres et des oligarques nourris à la manne pétrolière, qui organisaient notre devenir collectif, non pas par la lutte des classes, mais par la lutte pour… des places ! Cet état de fait est sournoisement distillé au sein de la société : pas besoin d'intelligence ni de compétence, l'allégeance ou l'extrait de naissance suffirait pour être aux commandes d'un ministère, d'une entreprise, d'une institution, quelle que soit son importance, ou bénéficier d'un marché juteux. Ainsi, les grands projets structurants piétinent, gangrenés par la corruption, d'où l'indigence et l'indélicatesse de certains responsables à tous les niveaux de l'Etat, avec en prime l'impunité garantie. Comment sommes-nous arrivés à cette catastrophe ?
Le butin
Le 2 mars 1956, c'est la fin du protectorat au Maroc. Le roi Mohammed V rentre au pays après son exil forcé à Madagascar. Les autorités françaises lui imposent un certain Oufkir comme aide de camp dès son intronisation. Oufkir, capitaine sous le drapeau français, devient colonel. Il avait pour mission de réduire l'influence de l'Armée de libération nationale marocaine, d'atténuer le plébiscite autour de la légitimité des partis nationalistes, notamment l'Istiqlal et l'UNFP, et de créer les structures policières et de surveillance officielles. Cette ascension spéculaire ne laisse pas indifférents «des lycéens et étudiants d'origine algérienne qui vivaient au Maroc dans des conditions de vie parfaitement pacifiques et heureuses. Des conditions qui étaient tout à fait déséquilibrées, cependant, par rapport à celles de leur peuple et de leurs frères étudiants qui mourraient en Algérie»(2). Ces jeunes lycéens et étudiants constitueront la promotion Larbi Ben M'hidi, ossature du Malg. Leur directeur de stage, Khelifa Laroussi, adjoint de Boussouf, ami du désormais colonel Oufkir , leur avait décrété: «Vous êtes les futurs ministres de l'Algérie indépendante !»(3) La messe est dite. Attendre l'indépendance du pays pour conquérir le pouvoir par tous les moyens.
Dès la proclamation de l'indépendance, le 5 juillet 1962, le clan d'Oujda fomente son premier coup d'Etat en démettant violemment le GPRA basé à Tunis et impose à la tête de l'Etat Ahmed Ben Mahjoub Ben Embarek dit Ben Bella, porté par Djamel Abdel Nasser après avoir été travaillé au corps à corps par Fethi Dib, le chef des services de renseignement égyptiens. N'était la sagesse du président Benkhedda, l'indépendance aurait été arrosée d'un bain de sang. Le un million et demi de chouhada aurait été multiplié par deux, avec autant de veuves et de blessures à panser. Une nouvelle série noire commence pour la jeune nation, avec son lot de complots, d'assassinats politiques et d'exils forcés. Le 19 juin 1965, Ben Bella est à son tour déposé par un coup d'Etat militaire, fomenté par son ministre de la Défense, le colonel Boumediène, et son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, entre autres. Comble de l'ironie, le nouveau maître de l'Algérie, dans son allocution télévisée au lendemain du coup de force, annonçait «le redressement révolutionnaire» (ettas-hih ethawri). Rien que ça ! En d'autres termes, nos vaillants révolutionnaires et chouhada du devoir, source de notre indépendance, s'étaient trompés. 1954/1962 a été une sinécure, comme celle passée aux frontières attendant le moment propice pour s'approprier l'Algérie : son sol avec les Algériens que nous sommes et son sous-sol avec ses richesses.
Confortablement installés aux commandes du pays, les nouveaux «maîtres» de l'Algérie prennent toutes les commandes de la direction de la Sécurité militaire en la structurant à la mode Oufkir : la société toute entière est étroitement surveillée, dédain envers les vrais moudjahidine et réécriture de l'histoire à leur convenance. Toute voix discordante est vouée aux gémonies. Il fallait attendre Octobre 1988 pour respirer un semblant d'accalmie et d'ouverture. Malheureusement, la «décennie noire» et ses douloureux événements plongeront encore une fois l'Algérie dans la douleur.
1999, nouvelle ère avec des responsables recyclés du défunt MALG en costumes- cravates, bien introduits dans les affaires. C'est le début de la gouvernance par l'offense, par la destruction du collectif et la substitution du citoyen par le croyant. La mythocratie s'installe en profondeur avec un credo : dépenser sans penser en bradant les richesses du pays, idolâtrant le conteneur, se frottant les mains pour le gré à gré et assaisonnant le tout de «tchipa»(4). Juste à titre d'exemple, pourquoi le code des marchés publics a-t-il été amendé au moins sept fois depuis 1999 ? La loi anticorruption n'a-t-elle pas interdit la dénonciation des délits de corruption par le citoyen ? Pour pouvoir le faire, il faut être membre du… conseil d'administration de l'entité dénoncée.
Ainsi, l'impunité est garantie : «Hommes du sérail, enrichissez-vous !», semble clamer ce pouvoir de la prédation. Au lieu d'encourager le libéralisme politique, le régime s'empressa d'aller vers le libéralisme économique sauvage, avec son lot d'oligarques qui «organisent» même la vie politique à travers la «chkara».
Le scrutin et son report
«Si les élections devaient changer les choses, il y a longtemps qu'elles auraient été interdites», me disait Ali Yahia Abdennour du haut de ses 98 ans. En effet, la fraude électorale n'est pas une nécessité, mais un principe. Le chef du moment sait qu'il passera, son unique souci réside dans le taux de suffrages amassés à son avantage, toujours au-delà des 90%, sinon «il rentre chez lui». Le nouveau vice-Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, chargé de mener leur transition, dans une récente déclaration, rassurait les Algériens en leur promettant que cette fois-ci «les élections seront transparentes» ! Une façon explicite de reconnaître l'illégitimité de toutes les institutions. Pour ce qui est du report des élections à une date non arrêtée, cela relève, au-delà de son inconstitutionnalité, de la ruse et de la manigance politicienne. Gagner du temps et se refaire une virginité.
Le destin
Après vingt années d'anesthésie générale, distillée par doses homéopathiques, la jeunesse, qui, quand elle se lève se soulève, sort de son fatalisme imposé et réclame sa «liberté». C'est l'échec de la banalisation de la maladie du Président qui accéléra le processus du recouvrement de la liberté et de la dignité qu'elle procure. Le régime de la prédation et de la faillite, tapi derrière la ligne Morice et qui a remporté la mise en 1962 avec sa communauté d'obligés, a été surpris par cet élan de la jeunesse qui n'a pas connu l'Aqmi ni le FMI, entouré de tout le peuple comme un seul homme.
Le régime, en terrain conquis, n'avait pas prévu le torrent humain qui risque de l'emporter. En ayant détruit tous les mécanismes de la société, empêché l'émergence d'un leadership, il s'est fait piéger. Car les Algériens n'ont pas eu l'occasion d'exprimer leurs angoisses et leurs espérances, ils n'ont en aucune manière pu fixer l'agenda et les priorités, trop longtemps restés en dehors du jeu politique livré aux seuls appareils des partis qui ont leur propre agenda et qui affichent une rupture inquiétante avec la population. L'Algérienne et l'Algérien, toutes catégories confondues, pensent, qu'à une ou deux exceptions près, en Algérie, il n'y a que des partis uniques ! Le pouvoir l'a ainsi voulu.
Et pour cause, l'homme du consensus est devenu l'homme du refus général. Aucun interlocuteur avec qui discuter ou négocier son départ. Et pour notre bonheur, ce mouvement populaire, pacifique et civique n'a pas de tête. Le régime l'aurait décapité. Les hommes de «devoir et non de pouvoir» émergeront, et j'en suis convaincu. Ils mettront fin à cette dictature d'adhésion qui a hypothéqué l'avenir de tout un peuple.

Par Hanafi Si Larbi ,
[email protected]


Post-scriptum :
1- Monsieur le président Macron, soyez rassuré, vous n'aurez pas à vous soucier des boat-people, les jeunes Algériens resteront dans leur pays. Par contre, attendez-vous à des yacht-people à qui vous demanderez, au nom de l'humanité, l'origine, sinon la traçabilité de leur fortune.
2- BHL : chuuuutttt, c'est une affaire de famille.
Notes :
1- Camarilla désigne, avec une connotation péjorative, un groupe de conseillers du prince. Habituellement, ceux-ci n'ont pas de fonctions ministérielles et ne sont pas détenteurs d'une autorité officielle : ils conseillent le souverain de façon informelle.
2- Colonel Hamlet, ancien responsable du MALG et ensuite des services techniques de la SM – interview in Le Soir d'Algérie 23 et 24 juin 2008.
3- Idem
4- Tchipa : terme voulu sympathique pour désigner la désastreuse corruption.
Bibliographie :
1- Fethi Al Db Abdel Nasser et la Révolution algérienne Edition L'Harmattan
2- Hocine Aït Ahmed Mémoires d'un combattant, Edition Sylvie Messinger
3- Leila Benammar Benmansour La crise de l'été 1962 Collection Etudes et documents


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