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Lyes Salem. réalisateur et comédien : « Je ne suis pas un cinéaste, au sens penseur »
Publié dans El Watan le 17 - 04 - 2010

Après le succès de Mascarades auprès du public et les nombreux prix qu'il a remportés, regard et réflexion sur une jeune carrière au cinéma.
Je vous lis un extrait d'une critique publiée dans les Inrockuptibles à la sortie de Mascarades : « Cette farce est une satire du patriarcat et de la société maghrébine, elle reste assez gentille et intemporelle pour ne rien perturber. Le simple fait de l'avoir située dans un village reculé et de se garder de toucher à l'Islam préserve ses auteurs de toute menace (politique ou religieuse), mais aussi de la vérité. Cela dit, le film reste tout à fait charmant. » Avez-vous essuyé régulièrement ce genre de critiques ?
A la même période, Les Cahiers du Cinéma avaient rédigé quelque chose dans ce genre. Le travail de critique est légitime et le journaliste des Inrocks a entièrement le droit d'écrire ce genre de choses. C'est ce qu'il a ressenti et je ne peux le blâmer. La seule chose que je pointerais, c'est le fait qu'il m'oblige à suivre une sorte de cahier des charges, ce que je devais faire dans Mascarades, surtout que le film se déroule en Algérie. Cela me peine légèrement, mais ce n'est pas pour cette raison que je ne traite pas de l'Islam. Le traitement d'une difficulté sociétale de manière âpre, sensibilise énormément ce genre de journalistes, surtout quand ce cinéma provient de pays non occidentaux et non « libres » et quand il s'accapare un genre moins loufoque.
Vous faites allusion au fait que Mascarades soit une comédie ?
Effectivement, et c'est en cela que le journaliste est désarçonné. Je ne cite pas l'Islam, mais cette attente est réellement conséquente. Mon envie était de convaincre un public traditionnaliste qui pense que la femme ne doit pas être libérée et qui refuse une révolution culturelle. C'est ce public qui m'intéressait en partie et que je ne juge jamais. Mon histoire est une comédie qui se situe dans une intemporalité traduite par une farce qui se déploie.
J'ai refusé un réalisme outrancier, surtout après que l'on m'ait reproché de n'avoir pas cité la culture chaouie, du fait que j'avais tourné dans les Aurès. Sergio Leone tournait en Espagne, cela ne l'a pas empêché de ne pas parler des Espagnols. Pour revenir à cette critique, je pensais qu'il y en aurait à foison, ce ne fut pas le cas excepté ces deux titres. En tout cas, je ne voulais pas faire un film uniquement pour le public parisien.
Vous soutenez toujours que vous avez réalisé Mascarades pour le public algérien ?
J'ai dit que ma première cible était le public algérien. Je voulais qu'il s'y retrouve. Mais, je ne voulais pas l'inciter dans une proposition de cinéma trop ardue, je ne suis pas là pour faire des thèses… Oui, mais en faisant un film, c'est ce que vous faites en quelque sorte... Non, un film n'est pas une thèse.
Mais dans vos films, il y a tout de même des messages...
Regardez Cousines, il n'est pas traité de la même manière que Mascarades. Par exemple, la séquence finale de la manifestation dans Cousines, suscitait au départ quelques interrogations, à l'écriture, au montage ou au niveau de la production. Je me suis battu pour qu'on la laisse, car j'enfonçais le clou en clamant que la femme doit se libérer, et j'avais donc besoin de cette séquence. Je ne suis pas féministe, mais juste une personne qui pense qu'une société ne doit pas exclure la femme.
Dans Mascarades, je voulais être moins partisan, plus dans le registre du cinéma et donc ne pas tenter quelque chose de politisé. Quoiqu'il arrive, ce sont les sujets qui s'imposent à moi et le ton vient ensuite. Mascarades devait être une comédie car je voulais que le public algérien renoue avec son autodérision. Les films que je voyais autrefois m'intriguaient sur leur véritable réceptivité et audience : à qui réellement s'adressaient-ils ?
Etes-vous satisfait de l'accueil du public algérien pour votre dernier film ?
Dans ce genre de configuration, il faut s'adapter. Comme il existe très peu de salles en Algérie, je savais pertinemment que le film ne serait pas vu par tous les Algériens. Je pense qu'il a sensibilisé au moins 10 à 15 000 personnes. Mais sans doute que pour le prochain, la progression sera considérable, il faut penser en termes de pionnier. C'est évident !
Cette ambiance autour de Mascarades ne vous a pas fait peur ? Tout ce succès auprès de la critique, du public…
Il est vrai que je ne suis pas encore assez libéré pour passer à autre chose. J'écris mon prochain film, et je suis obligé d'évacuer une petite pression. Il me faut du temps pour me remettre au boulot, tout en faisant abstraction du fameux « deuxième film ». J'ai tout de même mis près d'un an et demi pour trouver enfin le sujet qui m'intéressait. Quoiqu'il arrive, je ne voulais pas me retrouver dans une position où je me sentais obligé de passer à un drame après Mascarades.
Dans Jean-Farès, vous posiez avant l'heure le problème de l'identité nationale, sentiez-vous déjà ce genre d'illogisme poindre dans la société française ?
Il faut remonter à son écriture qui s'est faite alors que j'étais en première année de conservatoire, dans la classe de Jacques Lassalle qui nous avait demandé de travailler sur la thématique « l'exclusion de manière générale ». C'est là que m'est venue cette idée. (A) Au départ, mon personnage allait à la mairie pour déclarer son enfant. On lui disait d'aller au consulat du fait de sa nationalité algérienne. Et au consulat, on le renvoyait à la mairie du fait qu'il vivait en France. (B) Pour revenir à ta question, j'ai grandi dans la double culture, même quand je vivais sur Alger. Ma mère est française, mon père algérien. Je baignais dans une religiosité multiple et où on laissait place à la tolérance.
Jean-Farès est venu de là. Et puis, pour revenir à ce débat, tant que nous n'aurons pas réellement ouvert le livre de la colonisation avec ses secrets, nous ne pourrons réellement résoudre ce problème. Un Mourad peut être un citoyen français et s'impliquer autant, si ce n'est plus, qu'un François. Il faut parler de la Rafle du Vel d'Hiv, il faut assumer, d'une part, et d'autre part, ce qu'était la colonisation en Algérie avec ses bienfaits et ses méfaits. Quand tout le monde saura ce qu'est le code de l'indigénat, et bien, un couple de beurs pourra sans doute donner un nom tel que Michel à son fils.
Il est intrigant de constater que l'implication cinématographique est nettement plus claire dans Jean-Farès et Cousines que dans Mascarades. On a l'impression que dans le long métrage, vous avez délaissé la réflexion cinématographique pour le jeu d'acteur, non pas que votre film soit éloigné du cinéma.
C'est possible même si je ne l'interprète pas de cette manière. Dans Jean-Farès, il y avait une contrainte évidente. Il fallait que l'intrigue se déroule dans une cabine téléphonique, donc en huis clos. Mais je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir délaissé la mise en scène dans Mascarades, j'ai même dû me battre sur certains points techniques pour qu'ils soient présents. Dans Cousines, on note toutefois plus de digressions narratives que dans vos deux autres films ? C'est un film qui se démarque… Je ne l'interprète pas non plus de cette façon, mais c'est possible. N'oubliez pas que Cousines est très antinomique de Mascarades, ne serait-ce que dans le traitement du genre. Mascarades, je l'ai conçu en quatre mouvements, intrinsèquement liés à l'histoire. Aujourd'hui, je trouve que mon film démarre lentement. Il lui faut au moins 25 minutes pour que les choses commencent à prendre forme, un peu comme dans Cousines !
Là où l'on peut sans doute associer vos trois films, c'est dans la continuité narrative qui s'installe autour des personnages. Dans Jean-Farès, le personnage devient père ; dans Cousines, le même personnage revient en Algérie pour revoir ses cousines et son cousin, dans Mascarades, on revient sur ce cousin qui a grandi...
Oui, bien sûr. Il y a une certaine probabilité pour que cela soit cela. Mais sachez que je fais les choses de manière impulsive, surtout dans la réalisation. Je n'ai pas appris à faire cela dans une école comme j'ai pu le faire en tant que comédien. J'ai tourné mon premier film, car je voulais parler de mon algérianité. Je suis un comédien qui tourne des films dans lesquels il a envie de jouer. Je ne suis pas un cinéaste au sens penseur du terme. J'ai une culture cinématographique de spectateur.
Dans le cinéma français, vous arrivez à vous épanouir en tant que comédien…
Oui bien sûr ! Je ne suis pas aigri. Mais le fait de pouvoir réaliser des films, je ne suis pas dans la configuration des comédiens qui font du pince-fesse. Je ne cours pas tous les castings, car ce n'est pas dans ma nature. Si tu as envie de moi dans ton film, je viendrais, mais jamais, je ne m'incrusterais dans un casting. Pour le cinéma français, il m'est rarement arrivé d'être jaloux d'un rôle. Après Mascarades, on me propose plus de choses en tant que comédien, alors qu'avant, ces mêmes personnes ne venaient pas vers moi. J'aime le cinéma français, mais j'ai du mal avec sa corporation. Nous sommes loin de ce que défendaient Truffaut ou Pialat. Le problème avec ce genre de frilosité, c'est que les décisionnaires veulent à tout prix faire des films et ce, avec les mêmes personnes, sans se soucier qu'ils n'ont rien à dire au final.
Et votre prochain film, allez-vous vous focaliser sur le couple qui décide de quitter le village de Mascarades ?
Je passe à autre chose, mais je suis sûr que mon prochain film aura une certaine corrélation avec Cousines. Ce qui m'intéresse davantage, c'est la société dans laquelle j'évolue et que je voudrais exprimer via mon algérianité.
Cela s'appelle une œuvre…
Peut-être !


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