Nommé Premier ministre le 11 mars dernier, en remplacement d'Ahmed Ouyahia, soit après trois vendredis de manifestations, Bedoui n'a pu constituer «son» gouvernement que le 31 mars. Bedoui a réduit ses interventions publiques à leur plus simple expression, pour ne pas dire à néant. Après la conférence de presse qu'il a tenue, conjointement avec celui qui fut son adjoint pendant quelques jours, Ramtane Lamamra, le jeudi 14 mars, soit trois jours après sa nomination, le nouveau chef de l'Exécutif a opté pour le silence. Une seule déclaration en deux mois d'exercice donc. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, Bedoui ne ratait pas une occasion, en marge d'une réunion ou visite sur le terrain, pour prendre la parole devant les caméras des chaînes de télévision. En ces temps-là, il était plutôt prolixe. Mais entre-temps, le contexte a complètement changé. Si lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, notamment durant les derniers mois du règne de Abdelaziz Bouteflika, les autorités étaient dans l'optique d'un 5e mandat, Bedoui étant chargé directement de sa préparation et organisation, aujourd'hui il fait face à une gronde populaire sans précédent, lui qui est nommément cité par les manifestants qui réclament son départ, tout comme celui du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah. Bedoui faisant partie du «clan» Bouteflika, les Algériens ne veulent pas d'une élection qui soit organisée sous son égide. C'est certainement cette contestation qui a fait que celui-ci réduise ses apparitions publiques, mais surtout ses interventions, au strict minimum. Nommé Premier ministre, le 11 mars dernier, en remplacement d'Ahmed Ouyahia, soit après trois vendredis de manifestations, Bedoui n'a pu constituer «son» gouvernement que le 31 mars. Depuis, il préside hebdomadairement un Conseil du gouvernement alors qu'il dirige deux à trois Conseils interministériels par semaine, comme le rapporte à chaque fois l'agence officielle. Le Premier ministre a, par ailleurs, été reçu à deux reprises par Bensalah, une première fois le 11 avril, deux jours après la prise de fonction du chef de l'Etat intérimaire, et une deuxième fois, jeudi dernier, la veille du 12e vendredi de contestation, une rencontre durant laquelle Bedoui a présenté «un exposé exhaustif sur le déroulement des préparatifs de la prochaine élection présidentielle, à savoir la révision exceptionnelle des listes électorales, la poursuite du retrait des formulaires de candidature ainsi que les dispositions liées aux aspects matériels mises en place par le gouvernement». Mais face à cette activité officielle, le Premier ministre n'a effectué aucune visite sur le terrain. C'est le cas d'ailleurs globalement de tous ses ministres, les Algériens leur ayant imposé un véritable «huis clos». Les quelques ministres qui se sont aventurés en dehors des murs de leur département quelques jours après leur installation ont été tout simplement «chassés» par les citoyens. Dans certains cas, il a même fallu l'intervention des policiers ou gendarmes antiémeute pour que les ministres puissent quitter les lieux qu'ils ont voulu visiter. Un climat tendu, qui s'ajoute au rejet qu'expriment les citoyens à son endroit, qui a probablement poussé le Premier ministre à se faire «discret». D'où apparemment la nomination de Hassan Rabehi en tant que ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Bedoui pourrait toutefois arguer qu'il est à la tête d'un gouvernement de gestion des affaires courantes et que, par conséquent, il aurait décidé de réduire au maximum ses apparitions publiques. Sauf que l'Exécutif est en train de prendre des décisions (nominations, importations des véhicules de moins de 3 ans…) qui dépassent le cadre des «affaires courantes». La raison serait forcément donc ailleurs. Dans tous les cas de figure, son départ étant réclamé par les manifestants, Bedoui préfère se faire oublier…