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Ordre et désordre informationnels
1 - Définitions
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2010

Pour Einstein, la loi la plus importante de la physique résidait dans « le second principe de la thermodynamique » qui mesure le degré de désordre d'un système. La notion d'entropie est associée à ce second principe : plus elle est élevée, moins ses éléments sont ordonnés et plus grande est la part de l'énergie utilisée de façon incohérente. Shannon, mathématicien et ingénieur, a utilisé le concept d'entropie pour la théorie de l'information. Soit une source d'information et un récepteur : plus la source émet des informations différentes, plus l'entropie (ou incertitude sur ce que la source émet) est grande et vice versa.
Exemple : une source, réputée envoyer toujours le même symbole, disons la lettre « a », a une entropie nulle, c'est-à-dire minimale, car le récepteur est assuré que le prochain symbole sera un « a », sans jamais se tromper. Par contre, si la source envoie un « a », la moitié du temps, et un « b », l'autre moitié, le récepteur est incertain de la prochaine lettre à recevoir. L'entropie de la source dans ce cas est non nulle (positive) et exprime quantitativement l'incertitude, et le récepteur doit alors dépenser une énergie plus grande pour la lever complètement. Du point de vue de la thermodynamique, en augmentant d'intensité, l'entropie signifie une dépense plus grande d'énergie utilisée de façon incohérente.
2 - Situations
Dans un pays où l'entropie est de basse intensité, prenons pour modèle un pays d'Europe du Nord, le citoyen est souvent encadré dans les moindres détails dans sa vie sociale. Les administrations, les entreprises et tout autre institution publique (les écoles et universités, les hôpitaux, les transports etc.) balisent pour tous les codes de conduite à adopter pour chaque cas particulier. En cas de changement, la même source émet un autre symbole pour l'indiquer à l'avance et clairement : pour les horaires, les procédures, les prix des produits et services, les problèmes de voierie, de signalisation, etc., aux usagers. Les médias (presse, tv, radios et autres) relayent et commentent quotidiennement les flux d'informations, des plus anodins, comme la météo ou les embouteillages, aux plus complexes, comme une décision ministérielle ou une crise gouvernementale.
Les aléas de la source d'information sont évités au mieux pour diminuer l'incertitude, et donc le doute du récepteur qui peut être un usager, un client, un citoyen ; sa capacité d'agir, vite et bien, presque mécaniquement, sans trop réfléchir, est inversement proportionnelle au degré d'incertitude de la source d'information qui oriente sa conduite. Ici, l'information joue un rôle central dans la régulation sociale : le travailleur ne peut pas justifier son retard à sa prise de poste parce que les bus n'arrivent pas à l'heure et le chauffeur sa transgression de la ligne continue ou de la limite de vitesse parce que tout est indiqué sur la voie ou les panneaux. « Je ne savais pas » n'est pas une excuse recevable non seulement pour le travailleur absentéiste ou le chauffard, mais pour toutes les catégories de la population : l'étudiant et ses enseignants comme le malade et son médecin, le maire et ses concitoyens et même les ministres et autres fonctionnaires et élus qui gèrent les affaires communes et peuvent être accusés de « défaut d'information ».
Etre informé est une obligation mais qui a son revers, le devoir d'information. Celui-ci est encadré par des lois et des règlements que contrôlent des associations multiples, comme les syndicats dans les entreprises, des conseils et des comités divers dans toutes les institutions à usage public, le tout surveillé par des ONG et les partis politiques de l'opposition qui veillent, dénoncent, agissent pour rendre effectif ce droit à l'information qui est un des fondements et pas seulement moral de la société moderne. Droit et devoir d'information lient l'informateur à l'informé dans une dialectique toujours en mouvement, souvent conflictuelle qui est devenue un enjeu des luttes sociales aussi important que les conflits économiques ou sociaux. Elle constitue l'une des bases de la construction de « l'espace public » sans laquelle, la représentation politique ou la bureaucratie administrative qui doivent être visibles pour être démocratiques et fonctionnelles dégénéreraient en oligarchie secrète, et la société moderne et sa complexité sombreraient dans le chaos.
Le réseau informationnel de la société dense et fortement imbriqué à la vie économique, sociale et politique participe activement à la mise en visibilité de l'action de l'une et de l'autre et contribue ainsi à une démocratisation de la première et une meilleure fonctionnalité de la seconde. La publicité des actes qui engagent l'intérêt de tous est le premier fondement de l'espace public. Dans ce modèle d'organisation, on aboutit à une sorte de routine généralisée à toutes les fonctions comme le travail, la consommation, les loisirs, la vie et la mort même, toutes choses que l'on tente d'organiser dès l'entrée dans l'âge adulte. Car la routine est une économie de temps parce qu'elle est aussi une économie d'information : un signe qui a toujours la même signification dispense l'individu d'un effort chaque fois répété pour l'interpréter.
L'inscription des personnes et des groupes dans des structures d'ordre de toutes sortes, politiques, économiques, sociales et culturelles agit comme une sorte de « planification » de la vie sociale ; mais à la différence de la planification par « en haut », elle est produite ici à la fois par les institutions de l'Etat et celles de la société. Elle contribue alors à la baisse d'intensité de l'entropie en assurant aux individus une sécurité informationnelle maximale en éliminant les incertitudes. Le « désordre » est son ennemi, et tout est fait pour le combattre, protéger la société et les gens contre ses effets imprévisibles qui risquent d'entraîner violences et chaos.
Les gens sont calmes, organisés, ordonnés comme les molécules d'une eau froide qui ne bout plus ; ils sont « froids », et même si le climat y est pour quelque chose, cela est surtout dû au système social qu'ils ont construit. Ici, c'est la raison et le calcul qui régiront leurs actes ; agir sur « le coup de l'émotion » est mal vu par les institutions comme par les individus, mais cela suppose évidemment que le signal « a » de la source de Shannon ne change pas continuellement de signification et que « la source » qui l'a émis soit connue et crédible. Un bus qui n'arrive pas, un enfant écrasé à la sortie de l'école, un ministre qui ment, et voilà la file d'attente, le quartier, le pays tout entier qui réclament informations et sanctions.
Toute cette « ingénierie » sociale fondée sur l'information se fait bien sûr au détriment des sentiments, des émotions, des affects que l'on refoule dans son inconscient ou dans l'expression artistique, les vacances dans les pays exotiques, mais aussi dans l'alcool et les stupéfiants quand ce n'est pas devant un « psy ». Comble de l'ironie, cette « part sauvage », chaude de l'individu et de la société est intégrée à son tour par ce modèle organisationnel à la condition qu'elle ne déborde pas sur le reste. C'est ce qu'on a appelé la « société des loisirs ». Il y a quelques années, j'avais reçu une collègue venue « du Froid » à l'université d'Alger. Elle était en retard.
Dès l'entrée, elle s'est excusée longuement, m'expliquant les causes de son arrivée tardive : la veille, dans son pays, sa ville, il y avait grève des transports publics et les taxis se faisaient rares ; elle m'a raconté, effondrée, « l'enfer » de sa journée, les embouteillages sur l'autoroute et à l'aéroport, les longues chaînes devant les comptoirs d'enregistrement, son arrivée nocturne à Alger et pour finir son retard (une demi-heure !) à mon bureau. Je me rappelle lui avoir répondu : « l'enfer ‘‘exceptionnel'' que tu as vécu hier, chez toi, est pour nous, ici, notre quotidien de tous les jours ». Car ici, l'entropie est de haute intensité et comme l'eau brûlante dont les molécules s'agitent dans tous les sens, les individus dépensent une quantité importante d'énergie inutile et incohérente pour décrypter les signaux envoyés par une multitude de sources qui s'entrechoquent et se contredisent. Au niveau sociotechnique de la société tout d'abord, l'instabilité des signaux émis par l'infinité des sources d'information est chronique. Les individus sont noyés dans une incertitude générale à laquelle ils doivent s'adapter et adapter continuellement leurs comportements.
Chaque jour est plein d'aléas : ici, les retards dans les transports, les longues files d'attente pour retirer une fiche d'état civil, payer une facture, retirer son propre argent de la poste ou d'une banque, accéder au médecin à l'hôpital, s'inscrire à une liste quelconque pour voyager, étudier, habiter, « bénéficier » de quelque chose (un logement, une bourse, un voyage à La Mecque ou même un couffin de Ramadhan) ou encore remplir une obligation comme le contrôle technique ou l'assurance de la voiture, le tablier scolaire, le nouveau passeport ou un nouvel impôt, etc. Les différentes sources d'information sont changeantes, contradictoires ; la source « a » devient « b » le lendemain ou annulée par « c » sans prévenir, tandis que la constitution de « dossiers » souvent exigés pour tel ou tel acte est très souvent à refaire parce que de nouveaux éléments sont introduits dans la liste, d'autres modifiés, éliminés, d'autres encore impossibles à établir.
A ce désordre dans « l'administration » de l'information dans la sphère sociotechnique qui consomme une énergie incommensurable correspondent des comportements heurtés, incohérents, parfois brutaux, souvent inciviques. Il n'est qu'à observer les resquilleurs dans les longues files d'attente, certains usant de leur autorité, d'autres de leur entregent, d'autres encore de mille roublardises pour passer avant les autres ; ou, renversant les perspectives, contempler ces infirmiers fébriles dans les cours d'hôpitaux, ces employés pressés dans les halls des aéroports ou derrière les comptoirs des administrations qui, favorisant leurs obligés, enlèvent toute signification aux fameux signaux de Shannon, provoquent troubles et colères chez les autres et transforment les clients disciplinés par la file d'attente en foule agglutinée et vociférante devant les guichets. La conduite rationnelle est rapidement recouverte par des bouffées d'émotions incontrôlables, le désordre généré par des sources d'information incohérentes élève le niveau d'intensité de l'entropie qu'on peut même mesurer à la sueur qui goutte sur les visages.
Ces scènes de la vie quotidienne donnent aux espaces non domestiques, publics donc, cette allure « d'arène » si caractéristique de la vie sociale aujourd'hui. Comme les molécules d'eau chaude, l'individu qu'il soit client, travailleur ou citoyen est bouillonnant, agité, désordonné dans ses gestes. Dans mon enfance, les enfants agités de cette sorte étaient traités de « mdebdeb » qui me renvoyait, du fait de la racine « deb », à la signification de « têtu comme un âne ». Ce n'est que bien plus tard que je compris le sens réel du mot : sa racine, persane ou ottomane, « debdèba » signifie « fréquence » et un proverbe bien algérien résume parfaitement bien la situation - « tkhaltoulou lakhiout ». Fréquences multiples, signaux multiples et contradictoires dans lesquels l'individu est emmêlé comme un poisson dans un filet ; il se débat dedans et s'y épuise.
Dans sa dernière pièce, Les Mécaniciens, mon ami, le génial et généreux Fellag, s'était en fait trompé de période technologique, car nous sommes aujourd'hui dans l'ère de l'information, bien plus complexe que l'ancienne, celle mécanique des années soixante-dix ! Aujourd'hui, le simple citoyen doit faire face à des « sources » innombrables d'information, mais il n'y a plus de « communication » au sens originel du terme, celui de partager et de croire en commun à ces signaux censés organiser la vie collective. Plus d'informations ne conduit pas nécessairement à plus de communication.En 1990, la loi Hamrouche a ouvert à la presse le droit à la liberté d'expression. Il y a aujourd'hui près de 70 quotidiens nationaux en langue arabe et en français ; à ce résultat impressionnant pour toute la région, il faut ajouter internet, les journaux et blogs électroniques innombrables. Mais le citoyen est-il plus « expert », mieux informé, comme diraient les politistes américains ? Au niveau sociotechnique probablement.
Les journalistes locaux, ceux qui mènent des investigations de terrain, observent la vie sociale, pointent un doigt accusateur sur les incohérences des sources d'information, leurs contradictions internes et avec les réalités, ont pu éclairer les gens et les confirmer dans leurs droits par la publicité qui était faite à leur action. Ici, le ramassage scolaire, là des appropriations de biens publics (terrains, immeubles), des trafics de toutes sortes, sable, enfants, femmes en détresse, diplômes, travail « au noir », des syndicalistes en lutte et une infinité d'autres situations de même structure. La presse a joué un rôle de révélateur social inestimable qui a contribué non seulement à signaler des injustices sociales mais aussi à amener l'administration de l'information à intégrer, au moins partiellement, son devoir d'information.
A un autre niveau, celui des idées donc, des idéologies qui concernent la société dans son ensemble, les résultats de plus de vingt ans sont plus modestes. Ici, la presse a été elle-même emportée dans le tourbillon analysé par Shannon. Informée par des « sources » innombrables et invisibles, elle aura souvent servi d'amplificateur à des signaux non contrôlés qui ont fini par dérouter, désorienter ses lecteurs et par feed-back les journalistes eux-mêmes. Ils ont été emportés par les emballements idéologiques et les controverses qu'ils ont soulevées et dont ils ne maîtrisaient en réalité ni les origines ni les conséquences. Le référent, « nos sources », était devenu un certificat chargé de valider l'information quand, en réalité, il la rendait plus opaque, donc plus aléatoire, et pour finir plus anxiogène ; une source invisible diminue quand elle ne détruit pas totalement la signification du signe qu'elle émet.
Quant au récepteur, le lecteur donc, il est alors pris dans un dédale d'interprétations qui exige de nouvelles dépenses d'énergie pour être digérées. Mais cette fois-ci, l'effort se porte sur l'activité réflexive plus que comportementale de la conscience, à son tour atteinte par le désordre et l'incohérence. Alors, à défaut d'argumentation rationnelle, l'herméneutique des anciens en usage pour décrypter les textes ésotériques est sollicitée (pourquoi pas les guezzanate ?) pour légitimer des hypothèses qu'une information assise sur des « sources » visibles et reconnues aurait aisément amendées : comme un savant reconnu dans sa discipline, un homme politique responsable de son secteur, un magistrat, une ONG, etc. Il est vrai que la presse, publique par définition, privée ou gouvernementale, a été la principale bénéficiaire des transformations que la tragédie d'octobre 1988 a rendues possibles et s'est trouvée de ce fait chargée d'assurer, à la place d'autres groupes d'intérêts (économiques, politiques ou culturels) la publicité de chacun. Mais son devoir communicationnel, incontournable dans la longue construction d'un « espace public » a été inégal selon les sphères de la vie sociale.
Si au niveau sociotechnique elle a certainement contribué à la naissance « d'un devoir d'information » chez les responsables en suscitant chez les citoyens une « exigence » d'information que la période coloniale et celle du parti unique avaient combattue, elle a eu moins de succès ailleurs. Dans le domaine culturel et scientifique, les experts et gens de métiers, les voix et sources « autorisées » se sont faits plus rares avec la crise qui ébranle le système universitaire et la création culturelle, laissant le champ libre à un amateurisme débridé, la presse est devenue ici une presse d'opinion. Dans le domaine économique, le rentiérisme et son corollaire la corruption ne vivent par définition que dans l'illégal et l'invisible, le secteur public économique assommé par la succession des réformes s'est enfermé dans le silence tandis que le secteur privé peine encore à se donner une identité légitime aux yeux de tous. Face à ces trois catégories d'acteurs, cachés, silencieux ou indécis, la presse devient éditorialiste plus que d'investigation, quand elle ne se fait pas le relais en communication de l'un ou de l'autre.
Dans la sphère politique, ses trois pouvoirs constitutionnellement indépendants, ses agences et ses partis suscitent par leur opacité « mesurée » un désordre informationnel remarquable, les écrits journalistiques oscillent ici entre le scoop et le cryptogramme, le scandale et l'interprétation entre les lignes qui ajoutent encore plus au désordre communicationnel. Dans tous les cas de figure ainsi passés en revue à travers la grille d'analyse de Clausius Shannon, le lecteur aura compris que la liberté d'expression n'est pas un mot de trop, la communication une simple notion et la presse un simple outil d'information. Ce n'est pas pour rien que le philosophe allemand J. Habermas a passé trente ans de sa vie à écrire et réécrire son ouvrage L'agir communicationnel.


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