Trente-neuf ans après le violent de tremblement de terre du 10 octobre 1980 qui avait détruit la ville de Chlef et d'autres localités, le problème de reconstruction définitive de la région reste toujours posé. En effet, beaucoup de spécialistes et d'habitants touchés estiment que l'opération tant promise par les décideurs successifs a été gardée sous le coude pour des raisons obscures. En lieu et place, on assiste plutôt, selon eux, à une extension urbanistique anarchique et sans planification réfléchie en totale contradiction avec l'approche scientifique et rationnelle arrêtée par les experts nationaux et étrangers suite à cette catastrophe naturelle. Pour l'expert en aménagement du territoire, Maâmar Addad, qui était à l'époque le directeur de l'Agence nationale d'aménagement du territoire (ANAT), la situation actuelle est la conséquence de «l'absence de vision et de suivi des recommandations des études de reconstruction et d'orientation urbaine par les décideurs qui se sont succédé depuis les années 80'. Pourtant, le programme d'urgence décidé en faveur de cette région en 1980, a prévu dans sa 3e phase, une reconstruction durable, réfléchie, sur la base des leçons tirées en matière de qualité des normes de construction, de l'urbanisation intégrant les risques de cette catastrophe naturelle dans les aménagements et l'occupation des sols. Malheureusement, la situation sur le terrain est manifestement à l'opposé de la politique d'aménagement urbain et de planification spatiale prônée et clamée par les experts nationaux et étrangers ayant mené ce travail colossal durant plusieurs années.» Selon le même spécialiste, Maamar Addad, «la troisième phase dite de reconstruction définitive des zones sinistrées, basée sur des études d'urbanisation devait aboutir à une recomposition et une réelle intégration entre les entités urbaines formant le tissu urbain étalé de la capitale de la wilaya pour en faire une métropole d'équilibre entre Alger et Oran. Cependant, le constat actuel révèle un fort déséquilibre entre les zones urbaines formant la ville de Chlef et sa périphérie. En effet, le centre-ville concentre presque toutes les structures administratives importantes, des services et des commerces en pleine expansion. Par conséquent, le centre-ville s'en trouve étranglé dans son fonctionnement quotidien, amplifié par une circulation croissante sans espaces de stationnement (déficit en parkings) et un foncier mal réparti. Cela nécessite une réflexion sur les espaces occupés de manière abusive par des structures dont la présence au centre-ville est inutile. Les sites, en préfabriqué réalisés à la périphérie de la ville, sont mal intégrés malgré les efforts consentis en termes de réseau routier. Ils demeurent, ni plus ni moins, des cités dortoirs dépourvues d'infrastructures sportives, de services de proximité et d'une urbanisation moderne et rationnelle», relève-t-il avec regret. A cet égard, il insiste sur la nécessité pour tous les responsables concernés de «revisiter les objectifs tracés de la stratégie de la 3e phase de reconstruction et de s'inscrire dans une nouvelle redéfinition des fonctionnements attendus en se basant sur le foncier occupé abusivement par nombre d'administrations et de structures dont l'utilisation est quasi nulle».