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Le séisme d'El-Asnam, 34 ans après
Le relogement provisoire qui dure
Publié dans Liberté le 09 - 10 - 2014

Nous sommes le vendredi 10 octobre 1980. À 13h20, en quelques secondes, à El-Asnam, aujourd'hui Chlef, un terrible tremblement de terre — ressenti à Alger, Tissemsilt, Tiaret et Oran — d'une magnitude de 7,7 degrés sur l'échelle de Richter qui en compte 9, a détruit la ville à près de 80%.
Ce fut une funeste journée où l'on a dénombré plus de 2 600 morts, des centaines de disparus et près de 8 400 blessés, ensevelis sous les décombres de leurs habitations. À souligner avec force l'extraordinaire organisation des secours venus même de l'étranger. Retraçons brièvement l'histoire de la ville de Chlef. Durant la période coloniale, elle s'appelait Orléansville. Après l'indépendance, la ville reprend son nom d'origine, El-Asnam, et depuis 1981, juste après le séisme du 10 octobre 1980, elle prend le nom de Chlef. Ce dernier évoque la plaine du Chéliff. Jadis, une si belle ville et l'une des plus modernes du pays. La plaine du Chéliff, riche en potentialités agricoles, touristiques et industrielles, est un grand carrefour du commerce.
Chlef a un patrimoine millénaire, notamment avec ses vestiges qui traduisent le passage de plusieurs civilisations romaine, islamique, ottomane et française. La ville est traversée par l'oued Chéliff long de 750 km. Située au centre du pays, à 200 km d'Alger reliant la capitale à la deuxième ville d'Algérie Oran, Chlef s'ouvre sur les Hauts-Plateaux, les monts du Dahra. La ville a une façade maritime s'étalant sur 120 km de littoral. Elle est réputée pour ses agrumes de qualité et de plusieurs variétés telles que l'orange, la mandarine, le pamplemousse qui s'exportaient. Pour revenir sur les circonstances de ce douloureux souvenir, la ville de Chlef est connue pour être une zone sismique.
Les tremblements de terre majeurs sont survenus en 1922, 1934 et 1954. Le dernier, d'une magnitude de 6,8 sur l'échelle Richter, a fait 1 340 morts et des milliers de blessés et de disparus. Ce que l'on peut retenir aujourd'hui, 34 ans plus tard : les séquelles du tremblement de terre sont toujours là, des milliers de citoyens sinistrés habitent toujours dans des chalets en préfabriqué que les Chélifiens appellent baraques. Ils constituent le premier embryon de la deuxième phase du programme d'urgence que l'Etat a choisi pour reloger, à travers la wilaya, les sinistrés provisoirement en attendant la reconstruction de Chlef prévue dans la troisième phase.
À ce titre, il faut rappeler que les pouvoirs publics de l'époque promettaient à la population sinistrée que l'on allait reconstruire Chlef et depuis, que de rendez-vous ratés. C'est là un souci de la population sinistrée qui voudrait sortir de cet hébergement provisoire qui dure depuis 34 ans. Les autorités locales devraient apporter une réponse rassurante à la question fondamentale du préfabriqué en vue d'apporter une solution aux attentes des sinistrés.
C'est certainement le problème majeur qu'éprouve la population sinistrée de Chlef du séisme du 10 octobre 1980. Il y a lieu de savoir que les chalets - environ 20 000 unités - sont répartis sur quatre zones d'habitation Nord-Sud et Est-Ouest. Ces quatre endroits, situés à la périphérie de la ville, sont dans un état lamentable, présentant ainsi une image hideuse de ces bidonvilles dont, selon les experts, l'existence ne doit pas dépasser 10 ans. Ils compromettent ainsi le développement urbain et ressemblent visiblement à des zones rurales.
C'est vraiment triste de voir le tissu urbain d'une ville stratégique évoluer vers une ville de ruralisation. Certes, la wilaya de Chlef, durant cette dernière décennie, a connu un sursaut spectaculaire en matière de réalisations d'équipements et d'infrastructures publics dans tous les secteurs d'activité à coups de milliards de dinars. Ces réalisations ne cessent d'augmenter d'une manière vertigineuse à la faveur de la conjoncture pétrolière. Ces programmes, qui s'avèrent d'une nécessité certaine pour les satisfactions des besoins des citoyens qui ont contribué à l'amélioration des besoins sociaux des citoyens, sont sans impact soutenu pour la reconstruction de Chlef. Ce qui suscite aujourd'hui une vive émotion que nous exprimons à travers cette contribution citoyenne en guise de devoir de mémoire pour discuter de l'avenir de Chlef qui s'avère incertain. C'est une question qui taraude l'esprit de ses habitants qui endurent les affres du préfabriqué qui rappelle un douloureux souvenir de la catastrophe du 10 octobre 1980 avec également des conséquences sur la santé publique.
Replacer donc le préfabriqué dans sa véritable dimension exige un diagnostic sérieux qui permettra de situer les mesures nécessaires à prendre objectivement. La population sinistrée demande, encore une nouvelle fois, aux pouvoirs locaux et élus de se pencher sur la situation jugée insoutenable. En effet, les chalets en préfabriqué, devenus par la force des choses un habitat précaire et problématique notamment sans aucun respect des normes, des règles de gestion et d'organisation propre à un chef-lieu de wilaya, dans la mesure où la ville de Chlef a perdu ses valeurs historiques, urbanistiques, culturelles, architecturales. Cette préoccupation n'en finit pas d'empoisonner le cadre de vie de la population de Chlef. Et dans tout cela, une culture rurale s'est installée défigurant entièrement le paysage.
D'un autre côté, les immeubles, érigés dans l'urgence, sont dans un état lamentable. Des travaux de réaménagement ou, du moins, un ravalement des façades qui répondent aux normes d'urbanisme, seraient utiles pour préserver l'image de la ville.
Les problèmes d'hygiène avec des tas d'ordures qui s'amoncellent sur les trottoirs et dans des terrains réservés aux espaces verts. C'est vrai que c'est une situation de circonstance, mais n'oublions pas qu'aujourd'hui, Chlef, en tant que chef-lieu de wilaya, est en train de devenir une grande ville de baraquements qui encerclent l'ancien et le nouveau centre urbain. Il suffit de passer par l'autoroute ou la route nationale pour constater de visu cette situation ne cadrant pas avec l'harmonie environnementale qui compromet son statut de wilaya.
Aujourd'hui, Chlef n'a pas de banlieues modernes. Or, Chlef, pour ceux qui l'ont connue avant le séisme 1980, était parmi les plus belles villes d'Algérie à travers ses rues et boulevards carrelés et rayonnants ses salons de cafés (La Rotonde et Ben Opéra), ses cinémas (Le Club, L'Orléans et Gougeons), son grand complexe sportif et culturel (Larbi-Tébessi), ses habitations avec balcons et terrasses fleuris, ses édifices publics (l'hôtel des finances, la grande poste, l'école L'Allemand, la mairie, la cité administrative, la préfecture, la gare ferroviaire...), les hôtels du Chélif, Baudouin et le motel qui donnent sur l'oued Cheliff...., ses vergers agrumicoles les plus importants après la Mitidja, ses sources, sa verdure, ses forêts urbaines, son jardin public botanique, son grand fleuve d'Algérie, son grand canal hydraulique qui traversait la ville, son marché couvert à étages ...
Chlef était aussi une ville propre. Oui, les rues de la ville étaient lavées, chaque soir, par des camions arroseurs. Les espaces verts et les arbres décoraient toute la ville en harmonie avec les normes de l'urbanisme.
Aujourd'hui, il ne reste que quelques pans, témoins de ce que fut El-Asnam autrefois. il est devenu impérieux de procéder à une nécessaire amélioration dans le gestion urbaine et la planification des espaces qui se posent avec acuité afin d'envisager une nouvelle étape de développement local en harmonie avec les impératifs de la situation actuelle et l'évolution des sociétés dans le monde d'aujourd'hui.
Cela dit, Chlef nécessite en urgence des projets de construction et d'aménagement dans une représentation de mise à niveau ou de restructuration du tissu urbain aux normes d'urbanisme devant canaliser les sites préfabriqués, l'oued Chéliff qui est devenu un grand égout à ciel ouvert, de villes nouvelles Est-Ouest et Sud-Nord et, enfin, un nouveau mode de transport urbain en intégrant les aspects architecturaux et le lien fonctionnel avec les normes, les règles de gestion et d'organisation pour finalement concevoir de nouveaux pôles urbains de la wilaya pour les intégrer dans le processus du développement urbain par le biais d'un programme spécial. Oui, on n'a pas le droit de perdre encore du temps pour envisager les bonnes solutions, tant que les programmes colossaux dégagés par l'Etat au profit de la wilaya dont l'embellie financière importante gagnerait à être mobilisée, un atout décisif pour sortir de la deuxième phase et entamer la troisième phase qui est celle de la reconstruction de Chlef. Il faudrait, à notre humble avis, qu'on en parle en termes d'habitat tant collectif qu'individuel au lieu de logements qui ne sont, en réalité, que des cités-dortoirs. En effet, l'objectif étant de faire de Chlef une wilaya moderne et dotée d'équipements et d'infrastructures appropriés.
Oui, le développement et la gestion d'une ville présupposent un plan directeur d'aménagement urbain et d'architecture qui intègre les grandes ambitions de la modernité où, notamment, on ne peut faire appel qu'aux bureaux d'études spécialisés et de renom avec la participation de l'élite locale et les notables pouvant coopérer à la bonne gestion de la reconstruction de Chlef. Hélas ! La primauté a été accordée aux besoins de la population face à une croissance démographique qui a ouvert la voie à une urbanisation accélérée et anarchique. Mais la volonté de reconstruire Chlef habite tout un chacun de ses habitants à l'instar de la plupart des grandes villes du pays.
Le tramway, des bus accordéons, CHU, des stations de bus modernes, la réhabilitation de l'ancienne voie ferrée Chlef -Ténès donnant sur le littoral, parking à étages, la préservation et l'aménagement de forêts urbaines (hay Chorfa et hay Radar) doivent être projetés dans le cadre de la reconstruction de Chlef... Pour faire de Chlef une véritable capitale moderne du centre du pays. Ne dit-on pas, qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Comment peut-on construire des immeubles près ou en face des habitations en préfabriqué, voire en face des bidonvilles qui défigurent le paysage de la modernité sous le sceau de l'urgence ? A-t-on créé un nouveau centre-ville ou des villes nouvelles répondant aux normes d'urbanisme ? Pourquoi n'a-t-on pas engagé une réflexion regroupant des architectes, des urbanistes et l'élite locale pour appréhender les idées directrices plaidant un programme spécial propre à la problématique du préfabriqué ? Quoi qu'il en soit, même si la commémoration est symbolique, elle reste quand même chargée d'émotions et d'espérances pour la renaissance de Chlef à l'image des grandes villes du pays.
A. M.-H.
(*) Financier et auteur de deux ouvrages :
"Comptabilité des sociétés" et "Gouvernance des entreprises"


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