Quel sera le sort de la présidentielle, programmée pour le 12 décembre prochain ? Le processus électoral ira-t-il à son terme, face à cette contestation populaire grandissante ? A moins d'un mois du jour du scrutin, la tension sur la scène politique nationale ne cesse de monter. La mobilisation contre cette joute prend de l'ampleur et les candidats engagés dans cette course peinent à faire campagne. Une situation qui suscite des interrogations sur l'utilité du maintien d'une telle élection qui, de l'avis de nombreux observateurs, ne fera que compliquer la crise actuelle. En tout cas, des voix commencent à s'élever pour réclamer son annulation ou carrément supposer l'invalidation des résultats de ce processus électoral. C'est le cas du président du Front pour la justice et le développement (FJD-Adala), Abdallah Djaballah. Dans une interview accordée, dimanche dernier, à Al Jazeera Net, le leader du parti islamiste laisse entendre qu'en cas de boycott massif de cette élection, notamment en Kabylie, ses résultats ne seront pas validés. «Cela conduira à l'annulation des résultats et à la mise en place d'une courte période de transition pour aboutir à un consensus autour d'une nouvelle démarche», explique-t-il. Et de souligner : «Cette hypothèse est liée à la possibilité d'un boycott global de la région de la Kabylie. Si un tel événement se produit, l'intérêt de l'unité nationale m'appelle à proposer de ne pas officialiser les résultats et d'aller vers une courte période de transition dans laquelle un dialogue global et inclusif sera organisé. Et cela pour mettre en place les conditions nécessaires pour permettre de répondre aux demandes du peuple.» Abdallah Djaballah, dont le parti a refusé de prendre part à cette élection, rappelle la position de sa formation et critique sévèrement le processus politique actuel. Selon lui, «une grande partie du régime de Bouteflika est toujours en place» et «seuls des symboles politiques, militaires et financiers ont quitté le pouvoir». Outre Abdallah Djaballah, le sociologue Lhouari Addi avait appelé, il y a quelques jours, «au report de l'élection du 12 décembre pour des raisons d'Etat». «La semaine précédant la date du vote est pleine de tous les dangers. Il est encore temps d'éviter le pire. Pour cela, l'état-major doit annoncer le report de l'élection et la mise à la retraite de Gaïd Salah pour raison d'Etat. Cela diminuera la colère populaire et ouvrira des perspectives pour un compromis acceptable par le hirak et par l'état-major», explique-t-il dans un texte publié sur sa page Facebook. Selon lui, «ce qui se passe en Algérie, ce ne sont pas des émeutes que les services de sécurité pourraient légitimement neutraliser pour assurer l'ordre public». «C'est une révolution qui vient des profondeurs de la société et de son histoire. La société a une revendication principale, que les membres de l'état-major ont le devoir de satisfaire sous une forme ou sous une autre», précise-t-il. Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, a, lui aussi, appelé à l'annulation de cette élection et l'ouverture d'un dialogue sérieux pour parvenir à une solution consensuelle à la crise actuelle. De nombreux partis de l'opposition, y compris ceux qui étaient favorables à l'organisation d'une élection présidentielle, se montrent opposés à la tenue de cette joute dans les conditions actuelles. Le pouvoir en place finira-t-il pas écouter la voix du peuple ?