Mohcine Belabbas ne semble pas du tout emballé par la proposition du président d'El-Adala qui, de son point de vue, n'émane pas d'une profonde conviction. "Le rendez-vous avec Abdallah Djaballah a été reporté à deux reprises. Je le rencontre demain après-midi (aujourd'hui, ndlr)", a informé, hier au Forum de Liberté Mohcine Belabbas, lorsqu'il lui a été demandé si son homologue au parti islamiste El-Adala a pris attache avec lui pour lui exposer son idée de présenter au scrutin présidentiel un candidat unique de l'opposition. "Je ne pense pas que c'est une démarche de conviction, même au sein de son parti. Qu'est-ce qui fait courir M. Djaballah ? Je ne sais pas", a épilogué le président du RCD sans attendre l'issue de la rencontre pour se forger une opinion sur l'offre et ses chances d'aboutissement. Il a souligné que le concept d'une candidature consensuelle n'existe nulle part ailleurs où les élections sont réellement libres et ouvertes. "Généralement, le report des voix se fait au deuxième tour, quand il ne reste que deux candidats", a-t-il expliqué. Au-delà, il a affirmé qu'il ne convient pas de soutenir un candidat sans connaître son programme et son projet. C'est le cas, dit-il, pour les prétendants déclarés à la magistrature suprême. "Une campagne à une élection présidentielle se prépare au moins deux ans avant la date du scrutin. Jusqu'à présent, personne n'a encore décliné son programme et ses solutions aux problèmes des Algériens", a-t-il précisé. Parfaitement édifié sur les résultats d'un scrutin qui créditera fatalement le cinquième mandat d'un score largement confortable pour le légitimer, Mohcine Belabbas a supposé que les candidats à la présidentielle sont plutôt en quête d'une visibilité au plan médiatique. "Ils se trompent. Il n'y a pas de débats télévisés avec les candidats à la candidature. Les chaînes de télévision s'intéressent aux candidats folkloriques. C'est affligeant", a-t-il commenté. En clair, l'opposition ne pourra pas converger, dans la conjoncture actuelle, sur un leader. Il reste à la fédérer autour de l'option d'un rejet du scrutin présidentiel. "Il faut engager des discussions, simultanément au niveau des états-majors des partis politiques et de la base militante, pour sortir d'une situation dont nous avons marre", a-t-il suggéré, relayant une recommandation du dernier conseil national du parti. "Il nous faut décentraliser la concertation car le citoyen doit s'impliquer dans cette démarche. La politique n'est pas l'affaire uniquement des états-majors de formations politiques. Les conditions sont réunies pour réussir", a-t-il attesté, transcendant l'échec de la Coordination nationale pour la transition démocratique, qui regroupait le RCD, le MSP, El-Adala, Jil Jadid et quelques personnalités politiques et économiques. "Nous n'avons pas pu mobiliser et constituer un rapport de force. C'est là où nous avons échoué en 2014", a regretté l'invité de Liberté. "Chacun a avancé des arguments pour ne pas aller dans la rue", a-t-il poursuivi. Flageller l'opposition pour ses déboires serait, de son point de vue, une injustice. "Nous ne sommes pas dans un discours élitiste. On ne peut pas nous accuser de n'avoir rien tenté !" s'est-il exclamé. Il a assuré qu'il est d'ailleurs inconcevable de demeurer passif face à la dérive du pays. "Que devons-nous faire ? Chercher un messie ? Je pense que ce n'est pas dans la culture des Algériens. Si nous n'agissons pas maintenant, dans cinq ans, je reviendrai au Forum de Liberté et j'aurai les mêmes questions sur la fraude électorale, le messie…". Optimiste, il a conclu que si l'opposition, dans ses différences, est parvenue à se conglomérer, pendant un certain temps en 2014, elle a les capacités de le refaire. Souhila Hammadi