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Crise politique et campagne électorale : Le forcing médiatique du pouvoir
Publié dans El Watan le 26 - 11 - 2019

Le hirak 2.0 et son iconographie du «contre-champ» et du «hors-champ» sont l'un des segments où les anti-élection sont les plus actifs. Ils s'amusent à démentir avec beaucoup de doigté la communication officielle.
Depuis le début de la campagne électorale, l'armada audiovisuelle, publique et privée, a jeté toutes ses forces dans la bataille pour rendre sexy la campagne du «12/12» et entretenir la fiction d'une élection normale.
Les équipes de télévision s'échinent ainsi à réanimer à l'écran un événement qui a tout le mal du monde à «prendre» sur le terrain. Que ce soit dans les JT ou sur les plateaux de télévision, le bouquet DZ se démène comme il peut, en effet, pour faire vivre la campagne électorale, à défaut de la voir enflammer l'espace public et soulever les passions dans les chaumières et les cafés et sur les lieux de travail.
En parallèle, pas un mot sur les manifs anti-élection. Alors que les Algériens sortent massivement tous les vendredis crier à travers quasiment les 48 wilayas «Makache intikhabate maâ el îssabate !» (Pas d'élections avec la bande), «Dégage Gaïd Salah, had el âm makache el vote !» (Dégage Gaïd Salah, pas de vote cette année), en zappant d'une chaîne à l'autre, l'impression qui se dégage est qu'on ne vit pas du tout dans la même Algérie.
Nul besoin de faire un long travail de veille, de monitoring, pour comprendre que la tendance lourde est à l'absence de toute nuance dans le traitement des faits. Depuis plusieurs mois maintenant, un black-out total frappe le hirak. La contestation populaire a tout bonnement disparu des écrans.
On se souvient qu'aux premières semaines du soulèvement du 22 Février, les chaînes TV, notamment Echorouk, El Bilad et Ennahar, retransmettaient les marches en direct, surtout après avoir acquis la certitude que le clan Boutef allait tomber. Mais à peine la reprise en main du pouvoir au profit de Gaïd Salah actée, les images des manifs sont passées à la trappe. Même la Chaîne III, qui a résisté comme elle a pu à la censure, a été sévèrement rappelée à l'ordre et se trouve aujourd'hui muselée depuis l'installation de la nouvelle direction. Plus question de faire la moindre mention des actions de protestation.
Incorrigible JT
Dans les talk-shows et les débats télévisés, aucune figure pro-hirak n'a voix au chapitre. Aucun avis contradictoire n'est toléré. On assiste dès lors à des pensums vantant à longueur de diatribes les mérites de la solution électorale, fut-elle de façade, et des monologues à sens unique où les intervenants, triés sur le volet, servent la même soupe, le même discours, en accablant le hirak. Pour ces contempteurs unanimes, le mouvement populaire mène droit vers l'impasse, la «rue» est «manipulée», et les manifestants sont à la solde d'un complot ourdi par des officines étrangères…
Au JT de 20h de la Télévision nationale, un rituel inamovible s'est installé depuis plusieurs éditions maintenant : ouverture obligatoire sur Gaïd Salah et les sorties du chef d'état-major de l'ANP.
Les discours du vice-ministre de la Défense sont retransmis in extenso. Le journal de ce dimanche 24 novembre, par exemple, a consacré de longues minutes à la visite effectuée par AGS à la 4e Région militaire (Ouargla). Sujet qui est traité évidemment en priorité. Le patron de l'armée a pris ainsi la place qu'occupait Abdelaziz Bouteflika dans ce cérémonial audiovisuel, monopolisant l'écran durant une bonne partie du bulletin d'information, dans la pure tradition des régimes fermés où le JT est «la chose» du zaïm.
Deuxième sujet en haut de la hiérarchie éditoriale : le scrutin du 12/12 et la campagne électorale. On passe alors allègrement en revue les déplacements des candidats dans les différentes wilayas en prenant soin, évidemment, de couper le son et les images qui fâchent, celles des citoyens qui auraient chahuté leur parade.
La Télévision nationale relaie immanquablement, en revanche, les images des «marches de soutien» à l'ANP et aux «intikhabate». Au 20h de ce dimanche, on pouvait voir des plans tournés à Tiaret, Aïn Témouchent, Skikda, Khenchela, El Oued… Et de bons patriotes qui insistent sur l'importance du rendez-vous du 12/12 et plaident pour le maintien coûte que coûte du vote.
Un autre «son» de la campagne
Pour écouter un autre «son», il faut simplement sortir dans la rue et tendre l'oreille à ces milliers, ces millions de voix qui dénoncent ce qu'elles considèrent comme un énième «simulacre d'élection». A défaut, il suffit de se connecter sur les réseaux sociaux. Ceux-ci se font bruyamment l'écho de cette lame de fond réfractaire.
En faisant défiler le fil d'actualité de notre compte Facebook, une pléthore d'images, entre photos et vidéos, fuse d'emblée, rendant compte instantanément de ce qui se passe dans le sillage des pérégrinations électorales et qu'on ne risque pas de voir sur les chaînes officielles et autres médias offshore : Benflis chahuté à Tlemcen, Bengrina conspué à Aflou ou Palestro, Tebboune pris à partie par un citoyen en colère… On a le contrechamp des images lisses de l'EPTV, l'envers du décor, avec des salles clairsemées, une audience pas forcément acquise, des «spectateurs» qui sont là pour d'autres motifs…
Et même quand les salles sont sincèrement pleines et qu'il n'y a pas trucage à coups de «plans serrés» et d'angles bien choisis, cela ne signifie nullement qu'il ne se passe rien à l'extérieur de ces enceintes aseptisées. En témoignent les marches de protestation qui accompagnent presque systématiquement les sorties des candidats. On l'a vu encore avec le déplacement de Benflis à Bordj Bou Arréridj où un autre public l'attendait dans la rue, bien différent de celui présent à son meeting.
Des pages comme «Révolution du 22 février», «Fake news DZ», «Hirak TV», «Les Abeilles électroniques d'Algérie», «Algérie Debout»… s'attachent à déconstruire méthodiquement le récit officiel et défaire le marketing politique dominant en proposant d'autres images, d'autres contenus, un autre angle pour les mêmes situations. Contrastant avec les images diffusées par la Télévision nationale de marches pro-élection à Tiaret, la page «Révolution du 22 février» a ainsi posté des photos des mêmes marches accompagnées de ce commentaire ironique : «Tiaret aujourd'hui : marche historique de soutien à Gaïd et aux élections de la bande». Sur les photos, on voit un cortège clairsemé.
Il faut dire que cette iconographie du «contre-champ» et du «hors-champ» est l'un des segments où les hirakistes sont les plus actifs. Ils s'amusent à démentir avec beaucoup de doigté la communication officielle.
Ce «hirak 2.0» permet également de documenter et de «cartographier» le mouvement à une grande échelle, même dans les petites bourgades où aucun journaliste n'est passé depuis l'indépendance. C'est la force des réseaux sociaux : ce maillage serré des territoires, grâce à un contingent de «reporters facebookiens», armés de leurs smartphones et transmettant chacun sa part de vérité.


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