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«Le hirak n'est pas un partenaire mais un opposant antisystémique du pouvoir»
Adel Abderrezak. Universitaire et militant de gauche
Publié dans El Watan le 17 - 12 - 2019

– Vous avez vite réagi aux appels formulés cette semaine pour que le hirak propose des représentants et dialogue avec le pouvoir. Quelles sont les menaces d'une telle option ?
Tebboune dit vouloir dialoguer avec le hirak. En lançant cet appel, il reconnaît ainsi la force du hirak et son statut de fait d'interlocuteur incontournable ! Donc le hirak, ce n'est plus des égarés, des manipulés de l'étranger ou «ouled França». Il faudra qu'il l'explique à l'état-major, décideur réel. Il faudrait que Tebboune possède une marge de manœuvre autonome et un pouvoir de décision réel par rapport à Gaïd Salah pour crédibiliser sa démarche.
Personne n'y croit, encore moins le peuple qui marche. Tebboune appelle au dialogue ce qui suppose que hirak et pouvoir sont partenaires… style khawa khawa ! Le hirak n'est pas un partenaire mais un opposant antisystémique du pouvoir qui exige un changement radical du système, des institutions et des symboles d'un pouvoir qui a configuré le politique depuis 1962.
C'est une dynamique de rapport de force et non de partenariat ; dynamique basée sur les marches, des revendications politiques et une libération généralisée de la parole. Le rapport de force installé par le hirak fait qu'il sera difficile de revenir à l'avant-22 février 2019, quel que soit le niveau de répression et de manipulation du hirak.
La politique de l'état-major et de ses relais, le faussement élu Tebboune, est vouée à l'échec et va à contre-courant d'une tendance historique certaine et d'avenir, une Algérie démocratique où le mur des autoritarismes, aujourd'hui fissuré, va s'effondrer inéluctablement, et où une nouvelle génération imposera sa conception du politique, de la représentation politique et sera acteur premier avec son intelligence collective, sa culture internationalisée et son sens libertaire des libertés esquissant cette nouvelle algérianité auquel le hirak aspire.
– Vous déclarez aussi que le reflux du hirak est inévitable, mais en même temps vous estimez que sa force de frappe reste intacte, expliquez-vous…
Il est évident que l'agenda politique de Gaïd Salah a été mené jusqu'aux élections dans des conditions anticonstitutionnelles, de non-droit et par effraction. L'histoire présente et future ne l'oubliera pas ! Tous les moyens de répression et de détournement de l'électorat ont été utilisés. Des symboles forts du hirak sont en prison. Le contrôle des élections et des résultats s'est révélé d'aucune transparence.
Quand on vote à moins de 10% et qu'on vous annonce l'élection d'un Président à 58% dans une Algérie de 2019 qui n'est plus celle des années 1980, où la jeunesse est instruite et politisée, ça ne passe pas et ça peut donner l'impression d'un système indétrônable malgré les dizaines de millions de manifestants dans les rues chaque vendredi.
La lassitude amplifiée par les discours d'anxiété des médias peut agir négativement sur le hirak, comme tous les scénarios manœuvriers sur le dialogue et la structuration du hirak pour le diviser et installer le trouble dans ses rangs. Le hirak s'est imposé un rythme, il a été malmené par les centaines d'arrestations arbitraires et par les traumatismes délibérément provoqués, comme celui d'Oran ce vendredi, qui sont autant d'éléments qui peuvent créer le doute ou altérer momentanément la forte mobilisation !
Mais, je crois que plus les décideurs méprisent ce hirak et agissent par la provocation, plus ils nourrissent la mobilisation. Donc, il peut y avoir reflux limité, partiel, momentané, mais la mobilisation reprendra son chemin, car ce mouvement populaire ne veut plus revenir en arrière et est destiné à s'installer dans la durée. Et c'est la principale hantise de Gaïd Salah.
La force de frappe du hirak est dans son homogénéité revendicative centrée sur la rupture radicale avec le système, même s'il n'a pas encore de projet politique et de projet de société explicite. Cette force est dans cette magie des marches faites de détermination, de fraternité, de tolérance, sans doute embryonnaire mais réelle.
Cette force de frappe du hirak est aussi dans cette convergence de profils comportementaux, de courants politiques, culturels et idéologiques, de pragmatisme dans la gestion des marches et même d'auto-organisation qui se dessine dans les grandes villes. Tout cela fait que le hirak en déconstruisant la politique du pouvoir est en train de se construire une identité politique, dont le silmiya-silmiya et l'intelligence collective politiquement exprimée impressionnent le monde et perturbent les concepts de la science politique.
– Vous insistez aussi dans vos interventions sur la priorité d'auto-organisation du hirak à défaut de structures conventionnelles représentatives, pouvez-vous nous expliciter ce concept ?
Les structures conventionnelles de représentation sont critiquées et très délégitimées. Les régimes autoritaires en ont fait des mécanismes vides de toute substance, où manipulation et «cachirisation» deviennent une boîte à outils à tout décideur. Vu qu'en Algérie les vrais décideurs étaient souvent invisibles depuis l'indépendance et même avant, la population a toujours caricaturé cette représentation par l'humour et la défiance absolue.
Ça ne changera pas tout de suite. La pédagogie politique du hirak est de nous le rappeler, conscient des effets pervers et destructeurs d'une représentation. La représentation des arouchs comme beni-oui-oui fabriqués à chaque nécessité ont malheureusement créé un rejet profond de cette façon de représenter le peuple ou les mouvements. Le hirak est imaginatif et très inventif de par sa jeunesse bien déterminée.
Les marches sont quasiment auto-organisées sans qu'il y ait de structures. Des collectifs naissent autour de tâches et disparaissent. Des dynamiques de groupes prennent forme et se créent des repères et des facteurs d'identification. Des animateurs se révèlent dans les forums et tout ce monde jeune accumule des savoir-faire militants. C'est ça le socle premier de l'auto-organisation.
Apprendre à être des collectifs, travailler ensemble, débattre ensemble et agir ensemble après avoir géré l'inexpérience, l'ego et les contraintes logistiques. C'est toute la subversion d'une auto-organisation qui n'est ni idéologisée ni ne renvoie à des scénarios précis. Une auto-organisation qui s'appuie sur des acquis de luttes et d'expériences, sur un pragmatisme fraternel et sur l'apprentissage d'un fonctionnement démocratique horizontal et même romantique. Pourquoi pas ! Ça nous sortira des logiciels de l'organisation où les Anglo-Saxons ne sont pas loin !


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