Rétrécissement des espaces publics, poursuite des interpellations des manifestants pacifiques et fermeture des accès à la capitale, Alger… Le pouvoir semble vouloir mettre en place une nouvelle stratégie pour en finir avec le hirak. Comme ce fut le cas lors de vendredi dernier, les forces de police ont reconduit, hier encore, le même dispositif visant à réduire davantage l'ampleur des manifestations. En effet, après le bouclage de l'esplanade de la Grande Poste et de tous les espaces avoisinants, interdits depuis plusieurs semaines aux manifestants, la police encadre désormais la rue Asselah Hocine, empruntée par la marée des protestataires venant de Bab El Oued, de La Casbah et de la partie ouest d'Alger. Des dizaines de camions cellulaires de la police ont été stationnés des deux côtés de la chaussée pour ne laisser qu'un seul passage, au milieu, aux marcheurs. Le même dispositif est aussi visible sur le boulevard Amirouche, la rue Pasteur et la place Audin. Il semblerait que le but est de réduire au maximum les espaces devant les marcheurs et les contraindre à se disperser. Parallèlement à cette stratégie, les policiers, en civil et en uniforme, multiplient les arrestations. Ils ciblent les premiers groupes de marcheurs qui arrivent à Alger-Centre dès les premières heures de la matinée. Selon plusieurs témoins, des dizaines de personnes ont été interpellées, notamment au niveau de la rue Didouche Mourad et à proximité du siège régional du RCD, où plusieurs manifestants, dont des militants du parti, ont été embarqués sans aucun motif. Les personnes arrêtées ont été conduites vers différents commissariats de la capitale. Comme c'est le cas depuis plusieurs mois, les barrages filtrants de la gendarmerie et des la police ont été également renforcés hier pour empêcher l'arrivée de marcheurs venant des wilayas limitrophes. C'est ce qu'a confirmé le député du FFS, Djamel Baloul, qui a peiné pour rejoindre la capitale. «Incroyable dans l'Algérie d'aujourd'hui. Pour venir à Alger et participer à une marche pacifique, il faut emprunter tous les détours pour éviter les barrages filtrants, s'informer auprès des amis, utiliser des cartes routières, Google map et autres», dénonce, pour sa part, Saïd Salhi, vice-président de la LADDH. «Nous sommes devenus des harraga dans notre propre pays», déplore-t-il.