Le quadrillage de la capitale à chaque manifestation publique par un impressionnant dispositif sécuritaire n'est pas prêt d'être allégé, encore moins levé. Hier encore, lors de la marche hebdomadaire des étudiants, la capitale a été bouclée par des centaines de policiers et autant de fourgons cellulaires. Même si la marche s'est déroulée dans le calme et la sérénité, comme il est de coutume depuis 5 mois, la présence des services de sécurité lors des marches est perçue comme une manière de « contrôler » les manifestants, voire les intimider, le cas échéant. Leur présence ne servirait surtout pas la sécurité des marcheurs, puisque ce sont ces derniers qui réaffirment que leurs actions sont plutôt pacifiques et n'ont jamais répondu à une quelconque tentative de déstabilisation ou de provocation. Même lors des actions réprimées, les manifestants ont systématiquement maintenu le caractère pacifique de la protestation, face aux bombes lacrymogènes, aux canons à eau à la matraque des services de police. Prétexter aujourd'hui la forte présence des services de sécurité par quelque souci d'assurer la quiétude des manifestants ne tient pas la route. Sinon, comment expliquer les barrages filtrants aux entrées de la capitale et la fermeture des lieux symboliques du soulèvement comme la place de la Grande poste ou encore l'occupation de la Place Audin où sont systématiquement stationnés des dizaines de fourgons de police rétrécissant considérablement l'espace laissé aux manifestants. Au-delà de cet aspect, c'est le volet politique de la présence ne force des services de sécurité dans les marches qui pose un véritable couac. D'aucuns parmi les membres du panel, des personnalités les plus en vue du soulèvement, ont réclamé l'allégement de ce dispositif. Sans suite. Ce qui achève de démontrer, si besoin est, que le pouvoir n'est pas dans une logique de reconstruction de la confiance comme gage de sa bonne volonté. Il est pourtant clair qu'il n'est pas bon, pour la crédibilité de l'Etat, de s'engager à amorcer une solution à la crise sans que rien ne soit entrepris sur le terrain pour favoriser un climat détendu, propice à la discussion et au dialogue. En maintenant un dispositif sécuritaire qui limite considérablement la liberté de mouvement des Algériens, le pouvoir ne donne aucun signe de sa disponibilité à dialoguer pour une sortie de crise. Le maintien de ce dispositif draconien autour de la capitale et au centre-ville est encore moins compréhensible aujourd'hui, le chef de l'Etat par intérim ayant assuré « le panel du dialogue » de sa disponibilité à œuvrer pour son allégement. Et le refus opposé hier par le chef de l'état-major de l'Armée à toute révision du dispositif, ainsi qu'à tous les autres préalables posés, ne fait qu'ajouter au scepticisme de ce qui, déjà nombreux, rejettent le dialogue dans la formule voulue par le pouvoir. Mohamed Mouloudj