Jamais la ville de Constantine n'avait connu un phénomène d'une telle ampleur, même pendant les pires années du terrorisme. Depuis deux semaines, c'est la panique générale pour l'acquisition d'un sac de semoule dans les points de vente publics et privés. A la moindre information sur l'éventuelle arrivée d'un camion d'approvisionnement, c'est la ruée qui ne trouve aucune explication. Mardi dernier vers midi, c'est la cité de Djebel Ouahch, dans la banlieue nord de la ville, qui a connu un attroupement inhabituel suite à une rumeur ayant circulé comme une traînée de poudre sur la distribution de semoule au niveau du marché couvert, laissé à l'abandon depuis trois années. «J'ai appris qu'on va distribuer de la semoule, je suis venu à la hâte, malheureusement je n'ai pas pu m'inscrire sur la liste car je suis arrivé en retard et je n'ai trouvé aucune liste», s'est plaint un père de famille. Des informations vagues sur l'arrivée d'une commission du secteur urbain de Ziadia pour établir une liste de bénéficiaires ont fait sortir des dizaines d'habitants de leurs domiciles dans l'espoir d'acquérir le précieux sac de semoule, en vain. «J'ai appris la nouvelle, je suis sortie et j'ai trouvé des dizaines de véhicules stationnés devant le marché, mais je n'ai trouvé personne pour me confirmer ce qui qui se passe ; des voisins m'ont dit que je suis arrivée trop tard, je suis revenue bredouille», témoigne une dame. Après des heures d'attente sous la pluie, «les malheureux postulants» se sont aperçus qu'il s'agissait d'un bluff. Ils se sont finalement dispersés. «J'ai appris que la liste a été établie pour fixer la commande et que la distribution aura lieu dans la journée de mercredi ; personne n'est sûr de quoi que ce soit», nous a révélé un habitant. Le phénomène des attroupements qui présentent des risques pour les citoyens sont devenus courants un peu partout dans la ville. Mais c'est dans la commune de Didouche Mourad, à 15 km de Constantine que ce fléau est très remarqué, surtout que la zone industrielle de cette ville abrite d'importantes minoteries mises en état d'alerte et où les convois qui en sortent sont escortés par les véhicules de la gendarmerie, pour éviter tout débordement.
