La daïra d'Oulhaça vit à 99% de l'agriculture. Patchwork de minuscules exploitations agricoles privées n'excédant pas 3 à 5ha pour les plus grandes, chacune fait vivre plusieurs familles. Des milliers de quintaux d'oignon blanc sont arrivés à maturité en primeur depuis mars mais ne trouvent pas preneurs bien que ce produit soit très prisé par le marché national. La raison ? La persistante et incompréhensible fermeture de son marché de gros. «A notre alerte, dix jours avant le ramadhan, les autorités locales, à tous les niveaux de la responsabilité, nous ont répondu de patienter, une commission de wilaya devant trancher sur la question. Or, cela fait maintenant près d'un mois que nous attendons. Jusqu'à quand alors que ce marché du gros est saisonnier et qu'il n'est qu'un espace à l'air libre servant à la commercialisation de nos primeurs ? D'habitude, notre oignon blanc est vendu en totalité entre le mois de mars et mai, avant que l'oignon rouge de Mascara n'inonde le marché. Si la décision tarde encore, l'offre va dépasser la demande alors qu'il n'existe aucune capacité de stockage, ce qui accentuera la mévente et fera chuter les prix à un niveau ruineux pour tous. Actuellement, des intermédiaires viennent prendre de négligeables quantités, mais connaissant notre situation, ils nous imposent leurs prix bien en-deçà du coût réel, cela bien que notre oignon est reconnu de qualité en gastronomie et qu'il est en voie de labellisation», se désole Gherras Benabdallah, président de l'association locale de la valorisation des maraichages et président du conseil interprofessionnel de l'oignon et l'ail. A la question de savoir pourquoi l'espace accordé par le marché de gros d'Oran n'a pas été occupé pour y écouler la production, Gherras explique que cette issue est conditionnée par la labellisation qui n'a pas encore abouti auprès du ministère de l'Agriculture en raison de la Covid-19 qui a tout chamboulé. Mais encore, «nous sommes plus de 11 000 fellahs, dont seulement 400 disposent d'une carte de fellah, ces derniers l'ayant obtenu à un moment où la procédure d'obtention de ce document avait été facilitée. Du coup, ce sont 98% des agriculteurs qui ne peuvent être des interlocuteurs de la DSA ni de la chambre d'agriculture et qui donc ne bénéficient d'aucune des mesures de soutien au profit de l'agriculture, que ce sont en matière de crédits pour les produits phytosanitaires, d'engrais, de fonçage de puits où d'acquisition de matériel, donc impossibilité de se constituer en coopératives de service. En outre, l'absence de carte prive les agriculteurs de l'octroi de l'autorisation de circuler sans laquelle ils peuvent eux mêmes transporter hors wilaya leur récolte afin de l'écouler. Pis, même les producteurs disposant d'une carte sont privés d'autorisation de circuler !» En définitive, les prometteurs résultats du programme euro-algérien PAP/Enpard, sont réduits à néant. Un extrait d'un rapport d'évaluation mentionne que l'oignon blanc à Oulhaça occupe 750 à 850ha et que la production annuelle est estimée à 20 000 tonnes équivalent à 200 millions de DA. Pour rappel, ce programme (El Watan du 4/7/2019 , lien vers la page du site : https://www.elwatan.com/pages-hebdo/magazine/developpement-local-le-monde-rural-realisera-t-il-sa-mue-04-07-2019) ciblait la valorisation des ressources territoriales à travers la formation, des études et l'accompagnement des agriculteurs depuis mars 2017. Plus largement, il a promu une approche de la territorialité en termes de décentralisation, déconcentration, transversalité, concertation et démocratie participative. C'est tout le contraire qui se produit à quelques semaines de la clôture de ce programme. A quand une application sans absurde rigidité des mesures de protection contre la pandémie ?