J'ai vendu des lingots d'or au marché noir», a reconnu l'homme politique et ex-Premier ministre. Ce pavé «doré» est lancé dans la mare de la corruption par Ahmed Ouyahia. Il tente, devant les juges, d'expliquer l'origine de ses dépôts bancaires. Instantanément, le chiffre avoué est dupliqué par autant de corrompus qui ont gravité autour du pouvoir. Alors il est aisé de comprendre pourquoi le pays n'a pas pris son envol, à l'image des autres qui sont parvenus à émerger. Le système de corruption érigé en mode de gouvernance a fini par discréditer la destination Algérie aux yeux des véritables investisseurs étrangers. Le chemin est réservé aux seuls affairistes de tout acabit. L'investissement productif est rarement conduit à bon port. Pire, il est sciemment embourbé dans les arcanes de la bureaucratie. Et pour masquer ces échecs programmés, rien ne peut remettre en cause l'argument de la souveraineté nationale. La fibre sensible des Algériens est alors titillée pour tuer le doute dans l'œuf. Les lois de finances se succèdent et se ressemblent pour ne rien apporter de nouveau à l'essor de l'économie du pays. Le Trésor public finance tout. L'inertie est entretenue âprement, sauf dans le domaine de la corruption. Chaque projet lancé, particulièrement en partenariat étranger, allonge la liste des scandales économiques. Sonatrach 1, Sonatrach 2, autoroute Est-Ouest, Grande Mosquée défrayent la chronique au moment où tant d'autres affaires restent sous le tapis. Le détournement des deniers publics s'empare aussi du secteur du commerce encore plus juteux. C'est une économie parallèle qui se développe alors au détriment du tissu industriel national et du Trésor public. C'est à ce marché noir que notre ex-Premier ministre fait appel pour écouler illégalement ses lingots d'or offerts par des émirs et des princes arabes. On comprend alors pourquoi le marché parallèle n'a jamais été inquiété par nos responsables. C'est la réponse cinglante à toutes celles et tous ceux qui se sont échinés naïvement durant des années à mener des études prouvant la nuisibilité d'une telle activité à l'intérêt national. Les défenseurs de la nature et des animaux protégés trouveront également l'explication des carnages, autorisés, des gazelles, des outardes et autres oiseaux perpétrés par des princes arabes dans le sud du pays. Il est certain que ces princes ont dû graisser la patte à plusieurs autres responsables influents du pays. C'est dire que l'ampleur de la corruption a gangrené toutes les sphères de l'Etat. Les prisons ne suffiront pas à contenir ce monde véreux. Un monde avec lequel le peuple veut en finir. Il l'a fait savoir en battant le pavé durant presqu'une année. Il attend, résigné, des suites que «l'Algérie nouvelle» lui réservera. Il guette des signaux qui tardent encore à lui parvenir. Il reste à souhaiter que le poids des cadeaux royaux ne pèse pas lourd sur l'orientation diplomatique, voire le destin du pays. Advertisements