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L'expérience de Annaba a permis de recenser une cinquantaine d'espèces de poissons et d'invertébrés Farid Derbal. Enseignant-chercheur, Chef de Département des Sciences de la Mer à université Badji Mokhtar
– Pourquoi il est aujourd'hui important de créer des récifs artificiels en Algérie ? L'Algérie est l'un des pays de la rive méditerranéenne qui accuse un retard considérable en matière d'immersion de récifs artificiels. D'ailleurs, l'expression récif artificiel désigne toute structure solide non polluante immergée délibérément par l'homme en milieu marin (rarement en eau douce), dans le but de créer, de protéger ou de restaurer un écosystème. Les principaux matériaux utilisés dans la conception des modules à immerger sont le métal et le béton. Ces derniers, au même titre que les Aires marines protégées (AMP), sont considérés comme des outils performants de gestion intégrée du littoral et de ses ressources biologiques. De nombreux habitats et sites naturels côtiers sont soumis aux diverses actions anthropiques (pêche abusive, urbanisation anarchique, pollution domestique et industrielle) et se dégradent continuellement malgré l'existence d'un cadre réglementaire sur la protection des écosystèmes et la biodiversité. Les récifs artificiels ont plusieurs missions : halieutique (reproduction d'habitats généraliste ou spécialisées susceptible de produire de la richesse ichtyologique d'intérêt économique), protection (restauration d'habitats dégradés, barrières anti-chalutages, lutte contre l'érosion côtier engendrée par l'action hydrodynamique dévastatrice), esthétique et touristique (pêche de plaisance ou plongée sportive), pédagogique (sentiers sous-marins, randonnées palmées) ou scientifique (études de suivi de la colonisation des organismes, des impacts des modules sur l'environnements, etc.). – Comment expliquer l'absence de récifs artificiels en Algérie ? Il est important de préciser que le cadre légal en Algérie est très récent (décret exécutif 17-363/JO n°74 du 25/12/2017), ce qui explique en partie l'absence de récifs artificiels sur les côtes algériennes. Les premières immersions sont récentes et des initiatives émanant d'associations de plongée (Boumerdès en 2014, Oran en 2015, Annaba en 2016). Ces récifs sont généralement des modèles expérimentaux. Notez que toute structure solide non polluante immergée en mer peut être considérée comme un récif artificiel. D'ailleurs, les conditions d'immersion des modules sont bien précisées dans le décret exécutif précité. – L'expérience d'immersion de récifs artificiels dans le golfe de Annaba est un succès pour un récif considéré comme expérimental. Quels sont les résultats auxquels vous êtes parvenu ? A Annaba, le premier module a été immergé à titre expérimental le 6 mai 2016 sur un fond sablonneux de – 18 m. Le site d'immersion (cap de Garde) a été choisi selon des critères scientifiques (impacts anthropiques limités, faible hydrodynamisme, accessible, etc.). Les premiers occupants ont fait leur apparition 3 mois après l'immersion du premier module. Au total, 5 modules ont été immergés, dont 1 endommagé par l'action hydrodynamique. Les suivis par les plongeurs scientifiques ont permis de recenser après 2 années une cinquantaine d'espèces de poissons et d'invertébrés dont certaines invasives ou rares en Méditerranée. Actuellement, nous projetons en collaboration avec l'association Hippone-Sub Annaba l'immersion dans un proche avenir de plusieurs wagons à des fins de protection de la ressource d'intérêt économique. – En quoi ces récifs sont bénéfiques pour l'environnement ? Lorsque les récifs artificiels respectent la réglementation en vigueur et les conditions d'immersion, ils ne peuvent être que bénéfiques pour l'environnement à plusieurs titres. D'abord, la création de la biodiversité. Ensuite, ils jouent un rôle dans la restauration d'habitats dégradés et l'augmentation de la production halieutique côtière. Ils ont aussi pour mission la protection des espèces remarquables ou nobles des filets traînants comme corail rouge. Et enfin, les récifs artificiels créent des habitats généralistes ou spécialisés pour les espèces. – N'y a-t-il aucun danger potentiel pour l'environnement ? Les récifs artificiels ne peuvent constituer un risque pour l'environnement que lorsque la réglementation relative à l'immersion des (RA) n'est pas respectée. A titre d'exemple : immersion de modules conçus avec des matériaux contenant des substances nocives pour l'environnement. Advertisements
