Tôt le matin, alors que la capitale n'était pas encore sortie de sa nuit fraîche, des fonctionnaires sérieux se livraient à un étrange ballet pour cette journée qui n'est pas fériée, tout comme la Journée de l'arbre, des handicapés ou de la liberté de la presse. Balayeurs qui nettoient la ville comme pour une fête, croisaient des centaines de policiers qui quadrillaient Alger comme pour une mauvaise journée. Entre gilets jaunes et hommes bleus, tout était prêt pour cette journée qui était annoncée sans affluence, pluie, milieu de semaine et libération de détenus d'opinion. Ce ne fut pas le cas, une foule s'est massée au centre-ville pour crier : «C'est à Alger que le régime tombera !» probablement parce que c'est là où il est né dans les années 1960. A la marche de 2021, tout le monde en a d'ailleurs pris pour son grade, le gouvernement, le Président et même la presse, traitée de «medloula». Pour l'armée, le Président n'a pas eu de flair en baptisant cette journée «Journée nationale de la cohésion entre le peuple et l'armée», celle-ci ayant été vivement critiquée par des slogans dont le fameux «Dawla madania machi 3askaria !» et des nouveaux comme «L'armée doit sortir de la Présidence» ou «Tebboune n'est pas légitime, il a été placé par l'armée !» jusqu'au «Généraux à la poubelle !» à mettre évidemment sur le compte de l'atteinte au moral de l'armée. Mais d'où vient ce monde à 14h en milieu de semaine ? D'un pays dans le pays, qui s'appelle le chômage et où il ne fait pas très bon vivre, ce qui devrait pousser les responsables à libérer l'économie pour créer de l'emploi au moins les 22 février. Car il y aurait eu encore plus de monde, si c'était tombé un vendredi. Justement, le prochain vendredi 22 février tombera en 2030 à cause des années bissextiles. Soit dans 9 ans, soit pour la 1re année du 1er mandat du successeur du président Tebboune, qui ne peut briguer que deux mandats. Le hirak n'est ni un mouvement politique ni un front de chômeurs en colère. Il est le maître du temps. Advertisements