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Le secret d'une lune de miel
Reportage. 3e édition du festival Dimajazz de Constantine
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2005

Il est 21h30 et la soirée de clôture n'a pas encore commencé. Les invités officiels sont déjà là, mais la salle est toujours éclairée. Pourquoi donc tout ce retard qui prolonge la nuit pour des Constantinois légendairement cloîtrés ? La salle déborde, voilà une réponse, et près de 200 personnes n'ont pas trouvé de place.
C'est du jamais vu à Constantine. Un tabou est tombé ? En vérité, l'engouement pour le Festival international de jazz a effacé toutes les prévisions. En l'espace d'une semaine, Constantine a brillé de mille feux. Quelque chose de profond est en train de changer dans cette ville qui a renoncé aux mondanités bien avant l'éclatement de la violence. Durant les cinq soirées de cette troisième édition du Dimajazz, le palais de la culture Malek Haddad n'a pas désempli une seule fois, malgré les noms parfois inconnus sur l'affiche. Des inconditionnels formés en gros par de jeunes étudiants n'ont pas raté une seconde de l'événement, et les filles comptaient au même nombre que les garçons. Un autre tabou prend une claque ? Certainement. Mais où était caché tout ce potentiel ? Les sociologues pourraient se pencher sur le phénomène (c'en est un), mais le simple observateur est capable de rassembler des éléments de réponse. En voici quelques-uns.
L'exception Limma
C'est une poignée de jeunes musiciens à la base qui un jour ont décidé de s'organiser pour faire aboutir leurs rêves. Ça ressemble plutôt à un conte de fée, mais leur histoire est aussi réelle que le concert donné par Aka Moon en guise de clôture du Dimajazz III. L'association Limma est née durant l'été 1999 sur un trottoir à Sidi Mabrouk avec des objectifs qui ressemblaient davantage à un pari extravaguant, d'autant qu'à ce moment-là, la seule activité culturelle se résumait au rébarbatif leitmotiv des festivités nationales et religieuses. Ce n'est pourtant pas l'envie qui manquait chez les Constantinois, notamment la communauté estudiantine qui voyait émerger de petites formations de rock et de rap. C'est justement cette pulsation qui allait motiver l'association et justifier ses initiatives. Quelques mois après, un premier festival pour les groupes locaux est organisé avec succès et incite à placer la barre plus haut l'année suivante. Place alors un autre festival qui sera clôturé cette fois par Gnawa Diffusion, premier groupe d'envergure qui foule le sol de Constantine depuis de très longues années. Il est vrai que Constantine n'a pas le privilège algérois de posséder des établissements d'animation comme l'ONCI, et dans un passé récent, elle n'était même pas inscrite sur la feuille de route des tournées organisées par le CCF. C'est dans un tel contexte que va briller l'association et élargir son cercle d'amis. En mars 2003, un tournant est amorcé sur le plan artistique au moment où l'organisation opte pour le jazz. Un choix motivé par les goûts des éléments de l'association, mais aussi par les ponts déjà établis avec des jazzmen notoires à l'image de Fabrizio Cassol.
Naissance d'un label
La silhouette de Miles Davis se détache sur des affiches oranges qui donnent des couleurs aux murs de la ville et annoncent un curieux interlude dans la monotonie ambiante. Voilà le Majazz premier et dans son sillage une panoplie d'artistes de renommée comme le Tunisien Fawzi Chekili, les Parisiens de Thot ou encore le trio Karim Ziad. Ce dernier fait un tabac avec un jazz fusionné aux rythmes du terroir, alors que le groupe local Sinouj tente lui aussi une expérience du même genre et intéresse le public du théâtre. Le festival ne manque pas d'offrir aux jeunes des master class gratuits avec les professionnels de Thot et dévoile ainsi une facette aussi intéressante qui projette l'initiative de Limma dans une grande action de construction. Tout compte fait, le jazz n'est pas étranger dans cette ville. Le succès de Majazz est un cinglant affront à la médiocrité dominante, et au fatalisme ambiant qui comprimait la ville dans un moule aussi étroit que truffé de fausses vocations. Les organisateurs donnent rendez-vous pour l'année suivante et ouvrent désormais une fenêtre sur le reste du monde qui n'est que la bienvenue pour ceux (les plus nombreux) qui ne croient pas aux clichés collés inlassablement à Constantine. La tâche n'a rien d'une partie de plaisir. Au contraire, les ennuis grandissent à la même mesure que les ambitions. La deuxième édition est déjà en préparation et s'étalera cette année sur cinq jours. Rien de plus pour réjouir un public en formation et qui ne cesse de s'élargir au fur et à mesure que sa confiance augmente vis-à-vis de l'organisation. Karim Ziad, dont la cote atteint la Starmania, est de nouveau annoncé mais de grosses surprises vont également émailler cette édition qui prendra l'appellation Dimajazz. Le mois de mai revient et l'association honore sa promesse. Le rendez-vous est digne des manifestations européennes ou américaines, grâce à des invités tels le quintet Mourad Benhammou, Ifrikia de Karim Ziad, les tonitruants français de Print ou encore les Belges de Greetings from Mercury qui jouent la clôture en Sold out. Le trio belge d'Aka Moon, leader de la scène avant-gardiste du jazz, fait une prestation choc et place la barre à un niveau inégalable tout en renforçant le cachet underground du festival. Une véritable communion enveloppe le Dimajazz et des liens très forts se tissent entre les musiciens et le public d'une part et les musiciens et les jeunes organisateurs d'autre part, au point de former un important capital sympathie qui sera la seule garantie pour tous. Un bref et inespéré passage au journal télévisé du 20 h permet au festival de se faire entendre en l'absence d'une véritable couverture médiatique. L'étoile montante parmi les guitaristes de jazz, le Brésilien Nelson Veras, devait animer la quatrième soirée du Dimajazz, mais c'était sans compter sur l'inconséquence de notre compagnie aérienne nationale. L'invité est arrivé, en effet, avec quatre heures de retard sur son concert et joué devant une salle presque vide. Soirée gâchée et grosse déception chez le public comme chez les organisateurs impuissants devant de telles contraintes. Les chapitres incontrôlables se conjuguent malheureusement au pluriel pour les organisateurs.
Les maillons faibles
Le financement du Dimajazz demeure le talon d'Achille de l'organisation qui doit compter sur le sponsoring. Mais le capital constantinois ne suit pas, en dépit des efforts déployés pour convaincre, et ne mesure pas le poids de l'événement. Par ailleurs, le soutien des autorités locales a été faible, voire inexistant, en dehors des efforts de la commune. Cette tendance a évolué heureusement cette année pour enregistrer un intérêt plus important et une participation remarquable. L'hébergement des musiciens constitue aussi un véritable casse-tête faute d'infrastructure hôtelière performante ou du moins suffisante. Quant au volet technique, l'apport du privé pour le son et la lumière a été très bénéfique, alors que la rénovation cette année de la salle du palais de la culture Malek Haddad peut être considérée comme une réussite. Certains maillons ne sont pas encore assez solides pour renforcer la chaîne, mais force est de reconnaître l'évolution positive de l'environnement du festival dans son édition de mai 2005. Les partenaires étrangers se sont multipliés eux aussi ce qui a permis la représentation de quatre continents, notamment l'Amérique du Nord à travers le guitariste David Gilmore. Aka Moon est revenu en super star, mais aussi N'guyen Le B-connected, et Guem pour donner son insigne d'honneur au Dimajazz et ajouter de la fraîcheur à cet oasis qui attire des amateurs venus aussi des wilayas limitrophes. Tous les gens qu'on a interrogés sont unanimes pour louer l'événement et souligner qu'ils attendent avec impatience le mois de mai. Le festival appartient désormais à ces Constantinois. Au-delà du jazz, il leur permet de se projeter dans le beau et dans des sphères qui transcendent la vie quotidienne. Ils en veulent encore, l'aventure continue.


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