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Politique de l'emploi
L'inexorable montée du travail palliatif
Publié dans El Watan le 30 - 05 - 2005

L'Algérie a renversé la tendance sur le marché de l'emploi. Il y a moins de chômage. Mais au prix d'une dérive très forte vers un marché du travail à deux vitesses ou la part du « bricolage » grandit tous les jours.
Un scénario que les autorités ont accepté dès le début.L'Algérie consacre moins de 0,7% de son PIB au soutien de l'emploi, la moyenne dans les pays de l'OCDE va de 3,5% à 7%. L'emploi a été une priorité « molle » des gouvernements des dix dernières années. Aujourd'hui que la décrue du chômage a débuté avec le passage de son taux à moins de 18% en 2004 , la tentation est née d'en faire un « thème de bilan favorable » pour le gouvernement . Ce serait une erreur, car tous les indicateurs sont là pour prévenir que l'emploi restera de très longues années encore « une très forte contrainte structurelle ». C'est l'avis de Nafissa Bali ancienne chercheuse au Cread , expatriée en Europe « la détente attendue sur le marché du travail pour cause de baisse naturelle des demandeurs d'emploi n'interviendra pas avant 2012-2014. La cohorte de la transition démographique du milieu des années 80 avec sa baisse de la natalité a donné ses premiers signes de détente sur la scolarité dans le primaire il y'a quatre ou cinq ans. Pour l'emploi il faudra ajouter de douze à quinze ans ». Tableau auquel il faudra ajouter la forte montée de la demande d'emploi féminine, un phénomène insuffisamment pris en compte par les autorités selon l'étude (dans ce dossier) de Echotechnics sur l'évolution du marché du travail. Est ce bien un problème ? Une forte croissance économique devrait entre temps poursuivre le déclin amorcé du chômage. Et c'est ici qu'interviennent les vrais complications « toutes les politiques de l'emploi depuis quinze ans ont consisté à réduire la part de l'emploi structuré au profit de l'emploi d'opportunité. La croissance qui revient va t'elle changer cette donnée ? J'en doute fort lorsque je vois que la pratique du contrat à durée déterminée (CDD) est entrain de gagner tous les rouages de l'économie publique ». Le décor est bien planté. Le chômage s'est mis à reculer au profit de l'emploi, mais dans « l'emploi », c'est « le bricolage » qui a pris des parts de territoires colossales au détriment du travail salarié . Salah a été victime en 1998 d'une des charrettes de licenciés des entreprises publiques locales de la wilaya de Tipaza. Il a « bricolé » avec son indemnité et ses économies » pour acheter en 2002 un tracteur d'occasion à Douaouda. « J'ai bien travaillé pendant deux ans grâce surtout aux livraison d'eau pour les habitants des chalets de Sidi Bounif et aux nouveaux lotissements d'El Karia. Mais ils leur ont branché l'année dernière l'eau du beylik et je reste des fois trois à quatre jours sans faire une course ». C'est ce qui s'appelle changer un chômage déguisé pour un autre chômage déguisé. Salah, près de la cinquantaine, parle de la fiche de paie avec nostalgie « au moins je savais combien je pouvais dépenser jusqu'à la fin du mois ».
Vers un marché dual du travail
La montée de l'emploi « d'opportunité » ou précaire dans la société algérienne est il juste un dégât collatéral du plan d'ajustement structurel de 1995-1998 et de son Tsunami sur l'emploi public ? En fait elle a été « organisé » par les pouvoirs publics lorsqu'ils ont décidé - le dos au mur en 97-98 - de soutenir la création des emplois alternatifs ou « atypiques » pour casser « la rigidité du marché du travail ». Le professeur Abdelmadjid Bouzidi a été, à cette période, le principal artisan du « plan national de lutte contre le chômage » et de la conférence sur l'emploi qui l'a produit. Il affirme dans son livre « les années 90 de l'économie algérienne » : « tout se passe comme si ce Plan de lutte contre le chômage était « une solution d'attente » bien que de plus en plus aujourd'hui, a travers le monde, on va vers un marché du travail dualiste avec d'un côté , des emplois permanents très qualifiés et bien rémunérés et de l'autre, des emplois précaires à durée déterminée et mal rémunérés. Et la deuxième catégorie croit plus vite que la première ». Beaucoup plus vite en Algérie. Et pour cause, jusqu'à fin 2002 les principaux gisements de l'emploi structuré - les bons emplois- continuaient à en perdre (-1%). Rien avoir bien sûr avec les 300 000 travailleurs « compressés » entre 1995 et 1998 dont 20 % d'agents de maîtrise et 9% de cadres, mais le fait est que l'investissement productif du privé n'arrive pas à enrayer l'effet de ciseau : baisse du salariat et hausse du travail « palliatif ». Là aussi c'est un scénario pressenti dans « la politique de l'emploi » des autorités comme s'en fait l'écho alors Abdelmadjid Bouzidi (opus cité) « En tout état de cause, les conséquences positives de la croissance économique sur l'emploi, n'apparaissent qu'à moyen et long terme . Ainsi la croissance économique est bien nécessaire à l'emploi mais elle n'est pas suffisante ». C'est la productivité du travail élevée du secteur privée qui est la cause de cette croissance faible en emplois. Aucun des grands employeurs privés émergés ces dernières années, Cevital, Djezzy, le groupe de boisson Castel ou celui des frères Othmani n'approche de 50% les effectifs des grands complexes de « l'âge d'or » de l'industrie algérienne. « C'est même pour cela qu'elle s'est cassée la figure » dirait un manager privé qui carbure au ratio emploi -chiffre d'affaires. La preuve peut être par le groupe Khalifa, le privé qui a crée le plus d'emplois au point de ressembler à une société nationale de la fin des années 70 ... et qui a fini comme elles.
Un avant et un après 2001
Il ne faut cependant retenir l'essentiel. La création d'emplois s'est accélérée en Algérie depuis cinq ans par le fait du secteur privé qui emploierait 5,8 millions de travailleurs contre seulement 2,2 millions au secteur public dont 1,6 million dans l'administration. Mieux encore, en dépit des apparences le privé formel a augmenté plus vite que le privé informel en termes de création d'emplois. Ce qui n'exclut en rien le fait que l'emploi informel a connu une croissance importante estimée par Echoctecnics à 800 000 emplois en huit ans. La dynamique de la création d'emplois a donc basculé de manière décisive du côté du secteur privé. Son rythme continue cependant de dépendre fortement des politiques publiques. « Sans la relance de la dépense publique au profit de la croissance, je ne sais pas quels auraient été les chiffres de l'emploi car dans la décrue du chômage on voit bien qu'il y a un avant et un après 2001, l'année du PSRE (plan de soutien à la relance économique) » affirme un syndicaliste conseiller de la direction de l'UGTA. La croissance portée par l'investissement privée seule ne suffit pas. Ainsi le PNDA a provoqué un important accroissement de l'emploi occasionnel dans l'agriculture - considéré depuis longtemps comme un gisement d'emplois à développer et pour laquelle les chiffres sur la population occupée divergent. Cependant, les véritables impacts de l'emploi sur la consommation et les indices du développement sociale n'interviennent que dans la durée de l'emploi stable. Une denrée rare. Après avoir multiplié les mécanismes d'aide à l'emploi « atypique » à la fin des années 90 pour palier à la fin du paradigme salarial public, les autorités n'ont plus aujourd'hui de politique de l'emploi adaptée à la nouvelle donne de la conjoncture financière. Après s'être fiée au « tout marché » pour créer de la croissance le gouvernement semble se fier au « tout croissance » pour créer de l'emploi. Ce n'est pas le « tout marché » qui a ramené la croissance, ce ne sera pas le « tout croissance » qui ramènera le plein emploi.


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