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Le hangar, l'incendie, la détresse
108 sinistrés à Blida
Publié dans El Watan le 17 - 08 - 2005

36 heures après le drame causé par l'incendie des hangars leur ayant servi de lieu d'hébergement, ni association de bienfaisance ni représentants du Croissant-Rouge algérien ne se sont manifestés.
Sans tentes, sans assistance médicale et psychologique, sans approvisionnement, 23 familles comprenant 108 personnes, dont 70 enfants, beaucoup de mères, dont le mari est absent, vivent un drame identique aux lendemains de fort tremblement de terre ou d'inondations catastrophiques et surtout une misère psychologique indescriptible. Une favela à Blida, juste à quelques centaines de mètres des centres de décision du chef-lieu de wilaya, plus de 36 heures après le drame ayant entraîné l'incendie des hangars leur ayant servi de lieu d'hébergement, point d'association de bienfaisance, de parti politique ou - le comble - des représentants du Croissant-Rouge algérien n'étaient sur les lieux pour apporter assistance et réconfort à ces familles du quart-monde. Une jeune promise au mariage a perdu tout son trousseau, un jeune - 14 ans - musicien de l'association El Widadia de musique andalouse pleurait son petit piano et son costume perdus dans la fournaise, un jeune couple ayant emballé quelques jours auparavant son équipement électroménager, réfrigérateur, cuisinière, climatiseur, téléviseur, vidéo, n'en revenait pas : « Je viens de bénéficier d'un logement et j'opérais des retouches avant de l'occuper quand ce drame m'est tombé sur la tête ! » Un père se lamentait sur les petites économies disparues en fumée : « Six millions étaient cachés au milieu des vêtements dans l'armoire, et maintenant plus rien. » Des initiatives personnelles de quelques femmes comblaient quelque peu l'absence des décideurs en approvisionnant les sinistrés, surtout les enfants et les mères, avec des médicaments de première urgence, des couches bébés, de l'eau minérale et quelques gâteaux permettant aux jeunes d'oublier un tant soit peu la dramatique situation. Une mère déclarait : « On croyait que c'était les bombardement de l'Irak avec toutes ces bouteilles de gaz butane qui éclataient ! » Il y a eu comptabilisation de 63 bouteilles, dont la tête s'était désolidarisée du corps sous l'effet des flammes. A ces femmes et à ces hommes, qui allaient passer leur seconde nuit à la belle étoile, personne ne voulait prendre l'initiative de leur ouvrir un établissement scolaire, et les élus de l'APC et de l'APW étaient dans l'expectative : pas de plan orsec et les familles étaient livrées à elles-mêmes, malgré quelques aides du voisinage. Une douche et des vêtements de rechange étaient une priorité pour quelques femmes, alors que d'autres exigeaient la présence de médecins et de psychologues. Un sit-in a été organisé lundi matin devant le siège de l'Assemblée populaire de wilaya, bloquant durant quelques moments la circulation dense à ce point de la ville ; cela a été suffisant pour dépêcher une commission qui a promis de prendre en charge au moins les repas.Ces derniers n'arriveront que vers 20h30, énervant encore plus les chefs de famille, avec le contenu des sandwichs : des frites dans des morceaux de pain ! Durant le sit-in, une mère, en pleine crise de nerfs, avait failli jeter ses deux enfants sous les roues des voitures qui passaient. « Vous cherchez à dormir, alors dormez pour l'éternité », leur disait-elle au comble de l'énervement. D'autres femmes la prirent et la secouèrent jusqu'à ce qu'elle revienne quelque peu à elle et demande la présence de ses enfants.
« Y a-t-il encore plus bas ?! »
Les familles n'arrivaient pas à comprendre que l'essentiel est d'avoir eu la vie sauve. Le petit Islam, 11 ans, a été le premier à détecter le début du feu provenant d'un court-circuit dû à la surchauffe. Selon un technicien sur place, le courant électrique distribué au voisinage était supérieur aux capacités du transformateur installé par Sonelgaz, et c'était tout naturellement que les fils soient la proie des flammes. Comme les séparations entre les différentes familles à l'intérieur des deux hangars sont établies avec du bois, la propagation du feu eut lieu à une vitesse vertigineuse, et plus rien ne sera sauvé, d'autant plus que les bouteilles de gaz butane commençaient leur valse d'éclatement.« Je n'ai plus de papiers, et on me demande des justificatifs pour m'établir un nouveau livret de famille ! », éclatait un des pères témoignant ainsi de l'absence d'assistance. Quelques voisins apportaient du café pendant que les enfants tentaient de récupérer des cendres accumulées des pièces d'argent jonchant des espaces noirs de fumée. Des éléments de la Garde communale assuraient la sécurité des lieux contre d'éventuels agresseurs et les jeunes filles du site affichaient déjà leur appréhension devant la perspective de passer la nuit à la belle étoile. Des éléments de la Garde communale assuraient la sécurité des lieux contre d'éventuels agresseurs, et les jeunes filles affichaient déjà leur appréhension devant la perspective de passer la nuit à la belle étoile. Même les éléments de la Garde communale furent oubliés par leurs responsables et ils ne purent assouvir quelque peut leur faim que grâce à la mansuétude des sinistrés eux-mêmes. Un père déclarera outré : « Voilà 10 ans que j'habite d'une manière provisoire ce hangar, et les différentes distributions de logement nous passent sous le nez ! Qui va aujourd'hui nous rembourser ce que nous avons perdu ? » Il est vrai que des agents des assurances étaient venus pour prendre uniquement des photos des murs et des charpentes brûlées ; pour eux, l'assurance ne portait que sur les lieux et non sur les personnes et les biens. Ainsi, ces citoyens de seconde zone auront encore à se débrouiller pour remplir de nouveau leurs armoires, se procurer les ustensiles de cuisine et les vêtements de rechange, faire face à la rentrée scolaire de leurs enfants pour qui il faudra trouver le minimum, afin qu'ils ne soient point déséquilibrés devant leurs camarades. Le plus étonnant - ou qui passe maintenant pour une norme admise - est que plusieurs naissances ont eu lieu à l'intérieur de ces deux hangars, proie des flammes aujourd'hui, et ce sont près de dix enfants sur les 70 recensés par nos soins qui y ont vu le jour. Des éléments de la Gendarmerie nationale établissaient des procès-verbaux hier matin afin de dresser un inventaire le plus exact possible de tout ce qui a été brûlé au moment même où les enfants exigeaient leur petit-déjeuner. A 12 h 30, les familles n'avaient encore rien vu venir pour ce troisième jour de sinistre, et le Croissant-Rouge algérien brillait par son absence. Une femme nous priait de visiter ce qui fut sa place à l'intérieur : « J'habitais ici avec mon mari et mon fils depuis trois années, et notre nom avait figuré dans la liste des bénéficiaires avant d'être ôté lors du recours. Quel reproche nous fait-on ? Y a-t-il encore plus bas que ces cloisons qui nous séparaient de nos voisins à qui rien n'échappait de ce que nous disions entre nous à voix basse ? »Se prenant en charge, les sinistrés élaboraient des listes nominatives de toutes les personnes présentes afin de frapper aux portes des commerçants pour une aumône pouvant pallier l'absence de l'Etat. Au même moment arrivaient des sandwichs identiques à ceux de la veille au soir : le menu ne change pas pour un citoyen du quart-monde, c'est-à-dire quelques frites noyées dans un morceau de pain.


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