Près d'un millier de passagers à destination d'Alger étaient toujours bloqués à quai hier à Marseille à cause d'une grève. Devant la colère des passagers, qui ont passé la nuit dans leur voiture, le préfet a envoyé des renforts de police. La grève initiée par le puissant syndicat CGT se durcit au port de Marseille. La plupart des bateaux sont détournés vers Toulon ou tout simplement annulés. Le Méditerranée, qui aurait dû appareiller pour Alger mardi, avec 1200 passagers et 700 voitures, ne partira plus, a indiqué le préfet de région Christian Frémont. Au port, la colère gronde. Les passagers à destination d'Alger ont passé la nuit sur le port, dans leur voiture. Des ravitaillements ont été assurés en urgence par la Croix-Rouge, mais leur efficacité était contestée par les clients qui se plaignaient aussi de mauvaises conditions sanitaires. Cet afflux de passagers pour l'Algérie, inhabituel en cette saison, s'explique par la décision du gouvernement algérien d'interdire à partir du 26 septembre l'importation de certaines catégories de voitures. Les autorités ont pris très au sérieux le mécontentement des passagers et ont pris peur de risque de débordements. Cet afflux a provoqué une « tension très vive sur le port », selon le préfet de région. Des forces de l'ordre ont été déployées pour protéger les agents de la SNCM de « passagers mécontents », a-t-il expliqué. Le préfet a demandé hier aux passagers devant embarquer pour l'Algérie de se diriger vers Toulon et d'autres ports. Pour l'instant, aucune solution « satisfaisante » n'a été trouvée pour les passagers véhiculés. La SNCM a commencé, hier après-midi, à acheminer par bus environ 200 passagers-piétons à Toulon où les attendaient deux bateaux algériens. La préfecture a sollicité le consul d'Algérie pour qu'Alger fasse venir d'autres bateaux en urgence pour rapatrier les personnes bloquées à Marseille. Plusieurs dizaines de passagers en voiture ont refusé de rallier les autres ports tant qu'ils n'obtiennent pas des garanties fiables d'embarquer. Venus, pour la plupart, acheter des voitures d'occasion, les passagers ont épuisé leurs économies. Certains n'ont même plus assez d'argent pour faire le plein nécessaire pour parcourir la distance Marseille-Toulon. D'autant plus que leur assurance est obsolète. En prévision de leur départ, la majorité d'entre eux avait contracté une assurance courte, valable jusqu'à mardi soir. Et aller à Toulon sans assurance peut s'avérer très dangereux et évidemment illégal. Ils retiennent toujours en otage le PDG. Les passagers algériens devraient passer leur seconde nuit à Marseille, ils seront assistés par les bénévoles de la Croix-Rouge.