« La capitale risque de se transformer en une multitude de ghettos dans les années à venir si aucune mesure n'est prise pour améliorer la situation de cette ville. » C'est en substance ce que nous a déclaré, dernièrement, M. Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (CNEA). L'urbanisation sauvage qu'a connue la wilaya d'Alger durant ces dernières années est pour le moins inquiétante et pourrait, selon notre interlocuteur, avoir des conséquences néfastes, notamment sur le plan sociologique. M. Boudaoud, qui informe que la plupart des bidonvilles de la capitale « se trouvent sur les terrains les plus chers de la wilaya », précise que « les autorités ne disposent d'aucune banque de données relatives à ces bidonvilles ». Ce déficit en informations représente une sérieuse entrave pour les pouvoirs publics qui se retrouvent incapables de prendre les bonnes décisions faute d'informations fiables. En parlant d'information justement, le président du CNEA propose aux communes de la capitale de mettre au point une sorte de fiche technique comprenant diverses informations telles que « le patrimoine immobilier de la commune, son activité principale et ses différents besoins ». Toutes ces informations permettent aux architectes de mettre au point des plans de construction en adéquation avec « le caractère de chaque commune ». M. Boudaoud propose, en outre, d'impliquer davantage les opérateurs privés dans le domaine de l'habitat en général. « Le privé doit être encore plus présent dans les projets de construction. Il doit également participer à la gestion de l'immobilier, à l'image de l'OPGI par exemple », assure M. Boudaoud. Celui-ci estime que la réalisation de nouvelles cités doit être précédée par une étude réalisée par un comité formé d'architectes, de sociologues, d'historiens et d'experts en économie. « La création d'un tel comité évitera la multiplication des constructions anarchiques et permettra de réaliser des cités en harmonie et en adéquation avec les spécificités locales de chaque commune de la capitale », indique-t-il. Le président du CNEA affirme aussi que l'évolution de la ville, telle qu'elle est aujourd'hui, risque d'encourager l'apparition ou la généralisation de nombreux fléaux sociaux.